Une soirée déprimante, après une journée déprimante. Yerin n’était pas d’humeur à rester au Palais. Découragée par certains événements, la jolie brune avait atterrie au Red Lips, un bar assez fréquenté. Elle ne comptait pas se saouler jusqu’à l’état d’épave, mais assez pour oublier ce sentiment de malaise qui l’avait dominée toute la journée jusque maintenant. Elle s’était frayé un chemin jusqu’au bar où elle s’était assise, ignorant tout couple autour d’elle, en fait ignorant tout le monde. Malgré sa déprime, Yerin était une personne élégante et savait donc comment s’apprêter lorsqu’elle sortait. Mais ce soir l’humeur n’y était pas.

Posant sa pochette à côté d’elle, l’ancienne noble attend patiemment que l’on prenne sa commande. Pas besoin de menu, elle sait déjà ce qu’elle va commander. Ses yeux se posent sur le barman quand sa voix l’interpelle. Il était plutôt mignon, et elle savait qu’il n’était pas coréen, mais qu’est-ce qu’elle s’en foutait, du moment qu’il faisait bien son travail. Elle lui offre un bref sourire avant de répondre « Un old fashioned. Corsé s’il vous plaît » et elle lui glisse un billet pour régler sa commande immédiatement.

L’ambiance du Red Lips ne convenait peut-être pas à son image, mais Yerin avait envie de voir ailleurs, de changer d’ambiance pour peut-être oublier sa propre mélancolie si classique. Après que le barman ait pris sa commande, elle lâche un soupire en posant son menton dans la paume de sa main, regardant légèrement autour comme pour jauger les autres clients dans cette immense salle. Il était déjà tard, et ils avaient l’air de s’amuser. Des fois, la demoiselle se disait qu’elle aimerait bien être une personne normale, sans titre, sans attaches à cette maudite monarchie. Techniquement, c’était le cas, mais l’histoire ne s’oubliait pas aussi facilement, avec les peines qui s’étaient gravées avec elle.

Perdue dans ses pensées, l’ancienne noble ne remarque même pas que cela faisait peut-être cinq minutes qu’elle était là, à contempler le vide malgré la musique forte qui entourait les lieux. Et quand sa commande arrive, elle remercie le barman d’un « Merci » avant de prendre une longue gorgée du liquide amer, la faisant légèrement grimacer. Puis elle pose son verre assez bruyamment sur le comptoir. Les reflets ambrés de son cocktail tourne dans son verre, puis elle regarde le barman. Il avait l’air d’aimer son boulot, d’être bien intégré ici. Yerin ne faisait pas partie de ses coréens racistes qui critiquaient chaque étranger qu’ils croisaient dans leur petite vie étroite. En vérité, elle se fichait bien de leur ethnie ou couleur de peau. Ils étaient tous humains comme elle. Elle avait bien remarqué les dernières fois où elle était venue qu’il avait des traits peu ordinaires pour un coréen puisqu’il n’en était pas un. Cette fois elle en profite qu’il soit plus près d’elle pour qu’elle lise le badge à sa poitrine.

« Zephyr. C’est un joli prénom » commente-t-elle en reportant son verre à ses lèvres parfaitement colorées de rouge.