la nuit pour les âmes esseulées. l’air est doux. un peu iodé. le bruit des vagues mélangé à la foule. il y a toujours du monde dans ce quartier, c’est toujours animé. yunwoo aime cet endroit qui ne dort jamais. bordé par les lumières des buildings qui ne s’éteignent pas, il attend sous un lampadaire. capuche sur une casquette, la cigarette entre les babines sèches. l’homme louche. l’homme que l'on ne veut pas embêter. un peu courbé, un peu menaçant. pourtant il écoute sa musique tranquillement, en penchant la tête de gauche à droite, comme un enfant. le pied tape en rythme, un petit sifflement entre les dents. son téléphone vibre, message reçu. il éteint sa clope, l’écrasant sous son talon et jette le mégot dans la poubelle sur son passage (a responsible man)

il sourit.

rendez-vous accepté, il se dépêche de se rendre vers l’aquarium pour ne pas être en retard. impatient comme un gamin à noël. presque trentenaire qui trottine dans la nuit, à en perdre son pantalon (il remonte son futal toutes les dizaines d'enjambées) il a une âme docile qui l’attend à minuit. le conte de fée à l’envers. retourné dans un sens immoral. la princesse ne va pas finir heureuse à la fin, elle sera libre.

la bête qui veut libérer la belle de sa prison en coton. qui veut l’amener dans son monde de la nuit. et lui montrer qu’il n’y a pas que des mauvaises choses en étant du mauvais côté.

que c'est bien aussi, de s'écarter d'un chemin tracé, de prendre les virages avec l'inconnu au tournant.

la silhouette familière se distingue sous le néon jaune de la porte des employés de l’aquarium, encore allumé. le parking est vide. le lieu touristique est fermé depuis quelques heures, maintenant. elle est de dos, innocente. les lèvres probablement grelottantes d’impatience (de peur) il ne fait pas froid cette nuit. la chaleur d’une adrénaline qui commence à remplir les veines. il ouvre sa veste et range ses écouteurs.

le taulard se faufile, doucement. (comme un piège de la cour de recré)

il saute d’un coup à ses côtés, d’ombre à vivant. « bouh! » il recule comme un enfant, pourtant bien plus grand que la demoiselle « je t’ai fais peur, hein ? » sourire narquois, odeur de nicotine. « prête à devenir une délinquante, en cette belle soirée ? » il se rapproche d’elle, l’air joueur. puis dévie de la trajectoire pour aller vers la porte fermée.

il se retourne pour observer les réactions de la docile. va-t-elle se rendre à la police tout de suite ? fuir ? yunwoo lui lance un défi.

un regard sérieux souligné par un sourire malicieux.

pourquoi, ô pourquoi avais-tu répondu que tu le rejoindrais ? il était minuit, à cette heure-là, tu dormais habituellement. mais non, il avait fallu que tu ouvres les yeux lorsque tu entendis ton téléphone vibrer et ce fut à moitié endormie que tu acceptais son rendez-vous. quelle idée ! bien sûr que tu avais hâte de le voir, yunwoo. tu aimais passer du temps en sa compagnie, mais par moment, il avait le don de te sortir de ta zone de confort. et tu avais l'étrange sentiment que ce serait le cas ce soir.

tu avançais dans les rues, la tête baissée et une main serrant ton sac à bandoulière. ton coeur était mitigé entre le fait de retourner de blottir sous tes draps et l'idée de passer un moment en compagnie de ton ami. d'autant plus que tu ignorais pourquoi il désirait te voir à l'aquarium. il t'avait simplement envoyé un sms te demandant si tu voulais le voir là-bas. tu espérais qu'il s'agissait simplement de votre lieu de rendez-vous et qu'il allait t'entraîner ailleurs, parce que l'aquarium était fermé depuis longtemps à cette heure-ci. il n'y avait rien à faire là, n'est-ce pas ?

première arrivée, tu attendais patiemment que yunwoo se montre enfin. et alors que tes yeux fixais la porte des employés, tu te disais qu'il avait certainement prévu de te faire visiter l'aquarium en pleine nuit. le fou. pourtant, tu souriais, impatiente. allais-tu vraiment commettre une infraction, la lune étant votre seul témoin ? tu pouvais déjà sentir les battements de ton coeur s'affoler au fur et à mesure que les minutes passaient. et puis, soudainement, une silhouette bondit à tes côtés, te faisant hurler comme une gamine. les mains contre tes lèvres fines, les yeux écarquillés, tu te rends compte qu'il s'agit de ton ami, fier comme un paon face à la frousse qu'il venait de te faire. « idiot ! bien sûr que tu m'as fait peur ! » tu aurais bien voulu le frapper pour la peine, mais tu étais plutôt occupée à calmer le palpitant dans ta poitrine.

prête à devenir une délinquante ? tu avais vu juste. alors qu'il s'approchait de la porte, tu jouais nerveusement avec le bas de ton chandail, mordillant légèrement ta lèvre inférieure. comme chaque fois que tu étais nerveuse. tu ne pus t'empêcher d'ailleurs de jeter un coup d'oeil aux alentours. il n'y avait pas âme qui vive dans les parages, mais tu t'inquiétais quand même. et si on vous surprenait ? et si ton père apprenait la nouvelle ? oh la la, tu n'osais pas imaginé le sermon que tu recevrais ! prenant ton courage à deux mains, tu réussis enfin à répondre à cet air de défi qu'affichait yunwoo. « bon, d'accord, mais pas trop longtemps hein ? je ne veux pas qu'on nous surprenne... » dis-tu en baissant légèrement la tête. oui, tu avais peur. parce que tu n'avais jamais fait ce genre de choses. parce que tu étais cette jeune fille sage et obéissante qui ne commettait jamais d'erreurs, ni d'actes illégaux.

bombe à la place du battant qui détonne à la surprise. les enfantillages qui bercent les illusions d’un esprit libre. esprit libre mais blessé. il a besoin de rire, il a besoin d’être le bouffon des autres. alors il rit. il bouffonne. elle sursaute, il est fier. la belle est nerveuse. la bête est impatiente. il y a le bruit lointain des vagues. puis un silence alors que yunwoo la regarde, droit dans les yeux. colombe de son crapaud.

le plan est simple, qu’elle s’amuse. qu’elle s’émerveille. le temps d’une marche dans la nuit avec les poissons.

échine contre la porte, le sourire aux lèvres alors qu’elle accepte de suivre l’inconnu, la petite frayeur dans son cœur. il acquiesce, en s’éloignant du métal, sortant le téléphone de sa poche arrière. il pianote quelques secondes, l’écran éclairant un visage fatigué, légèrement cerné, mais toujours enjoué. du coin de l'oeil, il observe miyeon. si elle pouvait creuser un trou pour s’y cacher, elle le ferait certainement. au moment où il arrête de tapoter sur les touches, un cliquetis retentit dans la serrure qui les empêche d’avancer. « tadam, je suis magicien. » dit-il en montrant son portable allumé, l’éblouissant certainement un peu, alors que la porte s’ouvre, comme par magie.

mais c’est un escroc, il ne faut pas l’oublier. l’ancien taulard s’avance et salue d’un check amical l’employé de l’aquarium. t’as deux heures, yunwoo, et tu déconnes pas, je joue mon job là. l’inconnu semble soucieux mais se fait tapoter l’épaule par le délinquant qui en profite pour le faire sortir de l’ombre en acquiesçant dans le vent (t’inquiètes, je gère, c’est ça, casse-toi, j'ai une douce à endurcir.) et échanger leur place. l’homme s’en va en inclinant légèrement la tête lorsqu'il passe à côté de miyeon.

et le voilà, le sourire aux lèvres dans sa capuche, une main qui tient la porte ouverte, l’autre qui invite la dame à le suivre. « c’est pas vraiment une infraction si on nous ouvre la porte, non ? » (si) ce n'est pas vraiment un argument valable devant les juges, ça. et il s'y connait en justice, pourtant. bienvenue dans le chaos.

mais un chaos doux. pas vraiment dangereux. légèrement idiot.

une fois à l’intérieur, il fait noir. les lumières principales sont éteintes, alors yunwoo sort son téléphone et allume son flash, comme une lampe de poche. il y a miyeon sur sa gauche, des portes sur sa droite. et le bruit des aquariums qui frémissent. qui les attendent. au bout du couloir, des couleurs dans tous les sens. des néons. du bleu, du rose. les poissons ont leurs lumières. « avoues, tu t’attendais à ce que je crochète la serrure ou que je donne un coup de pied dedans, non ? » dit-il d’une voix plus basse que d’habitude.

comme un rustre, comme un violent, comme une racaille.

« il y a toujours le veilleur de nuit qui traîne, j'ai pas réussi à le soudoyer avec des burgers gratuits, lui. » clin d’œil à sa complice.

c’est que yunwoo, il n’est pas inquiet. absolument pas. c’est une promenade pour lui. il s’amuse avec la lumière de son téléphone, à éclairer les murs, le plafond. puis il l'éteint, ce n'est plus la peine.

ils y arrivent, leurs âmes dans la nuit, elles vont toucher les couleurs interdites.

bien qu'effrayée à l'idée de te faire surprendre en flagrant délit, tu étais curieuse de voir l'aquarium dans l'obscurité de la nuit. alors, tu avais accepté, dansant sur un pied puis sur l'autre sous la nervosité. oh oui, tu aurais bien aimé disparaître dans un trou, les pupilles regardant les alentours, toujours à la recherche d'une ombre prête à vous surprendre. mais lui, yunwoo, il est calme. il est fier. et surtout, mystérieux. pourquoi pianote-t-il sur son téléphone ? ne devrait-il pas essayer d'ouvrir la porte ? un cliquetis retentit presque aussitôt et la porte s'ouvrit sous tes yeux ébahis. et tu compris alors en voyant le gardien de nuit que tu saluas d'un geste de la tête lorsqu'il passa près de toi. ah ! mais il avait un complice !

ton regard se posa sur ton ami, hésitante à savoir si tu devais rire ou être exaspérée. cela ne t'empêcha pas d'entrer néanmoins dans le bâtiment, levant légèrement les yeux au ciel, un sourire aux coins des lèvres, lorsqu'il te dit que ce n'était pas vraiment une infraction si on vous ouvrait. pourquoi avais-tu un doute à ce sujet ? une fois à l'intérieur, tu ne pouvais presque rien voir. heureusement qu'il utilisa ton téléphone comme une lampe de poche pour vous éclairer, le temps que vos yeux s'adaptent à votre nouvel environnement.  « oui... j'avoue. c'est peut-être parce que j'ai regardé trop de films... »  répondis-tu à sa question, te mordillant la lèvre inférieure presque aussitôt. tu préférais être honnête, et puis tu préférais cette méthode plutôt que de crocheter la serrure ou défoncer la porte. c'était plus discret ainsi.

un léger rire cristallin s'échappa de tes lèvres lorsqu'il répliqua qu'il n'avait pas réussi à le soudoyer avec des burgers gratuits, lui. et il éteignit la lumière de son téléphone. les couleurs des poissons et des néons éclairaient désormais votre chemin. le spectacle qui se dessina sous tes yeux était si beau que tu en restais presque bouche bée. et tel un enfant, tu te précipitas vers le premier aquarium. « woah ! regarde yunwoo ! » les poissons nageaient sans faire attention à votre présence. sauf que tes yeux émerveillés ne les quittaient pas une seule seconde. la lumière se reflétait dans l'eau, créant une ambiance douce et mystérieuse. tu en oublias presque que ce que tu faisais était illégal. en ce moment, cela n'avait plus d'importance. dans cet univers, il n'y avait plus que yunwoo, toi et les créatures marines.

l’insouciance dans les jambes, ils avancent. éclat d’un rire de coton dans les couloirs. il baisse la tête, réjouit d’avoir extirpé ce son mélodieux d’entre les lèvres de sa complice. infraction prémédité depuis quelques jours. parce qu’elle avait mentionné que sa vie pouvait paraître fade pour quelqu’un comme lui. avec une douceur qu’on lui connaissait. elle semblait triste, tout en voulant rester heureuse. pour yunwoo, c’était injuste d’être aussi innocente aux écarts de conduite. il sait ce que c’est de rire à s’en péter les côtes après avoir fait des conneries. après avoir enfreint des petites règles et s’être enfuit comme si le diable lui court après. perdu dans ses pensées, miyeon le ramène vers sa lumière. il lève les yeux et il la voit.

elle brille au milieu des poissons.

il regarde. il admire. mais juste elle, le temps que son battant reprenne un rythme normal. parce qu’il a sauté. légèrement.

il range son portable dans la poche de sa veste et se glisse aux côtés de la douce émerveillée. doucement, il place sa main sur le front de la plus jeune, comme une barrière protectrice entre sa peau et le froid de la vitre et pousse délicatement vers l'arrière « vas pas te cogner. » lâche-t-il avec un ton amusé, même si elle est encore loin de la collision, pour être honnête. une simple occasion de l'embêter, un peu. courbé, il replace sa paluche dans sa poche et il suit le regard de coton pour enfin observer les petits poissons. les couleurs volent. il y a du bleu, du rose, de l’orange. les lumières sur son visage, dans les pupilles. il sourit. il ne pensait pas être réellement intéressé par les bestioles marines.

puis le regard dérape vers le bas, à ses côtés. vers son profil. vers elle. « c’est sympa, ouais. » (nemo en sueur.) la parole distraite. le regard est discret, elle ne le remarquera pas. un joli poisson rose passe sous son nez. la beauté dans l'eau. « lui, il s’appelle yunwoo. » dit-il en posant son doigt sur la vitre. (on laisse son adn sur la scène de crime) puis un autre poisson, noir, avec une tête moins agréable, un peu plus cabossée. il déplace la phalange en souriant. « et lui, c’est miyeon. » il baisse son bras et regarde son amie, l'air moqueur. parfaitement conscient qu'il attribue les mauvais rôles.

il recule un peu pour regarder le couloir dans son ensemble. les poissons, les couleurs, les méduses. le premier écart. la petite tâche sur un monde dans les rangs. l'inverse de lui. son opposé sur le spectrum du commeilfaut. « c'est pas si mal, non ? » il ne précise rien de plus. la vie après les fermetures officielles. après les lois, les règles. sa vie, à lui. un peu à côté de tout. dans l'ombre de son histoire, il y a toujours des couleurs, comme celles qui sont sous yeux, à ce moment.

des instants de bonheur.

petit rire aux babines puis il se plante face aux méduses et les observe. elles flottent librement. elles vont et viennent. et elles piquent. « j'aimerai bien être une méduse, ça serait plus simple. et toi, tu serais quoi ? » finit-il en penchant la tête, pour essayer de suivre le mouvement lent de l'animal gélatineux.

l'atmosphère à l'opposé de l'effraction. leur voix résonnent dans le vide.

la beauté de l'endroit te fit complètement oublier votre infraction - ou presque. tu ne peux le nier, même si la crainte de se faire surprendre noue ton estomac, tu ne regrettes pas d'être venue. parce que ce genre de spectacle est impossible à voir en plein jour. lorsque les lieux sont bondés de gens. vous êtes seuls au monde. loin des regards indiscrets. juste tous les deux. tu n'as pas besoin de te retenir avec yunwoo, parce que tu sais qu'il t'appréciera peu importe ce que tu fais.

et alors que tu l'interpelles, émerveillée par les habitants de l'aquarium, tu sentis une main se poser sur ton front. chaude. agréable. tes pupilles se posèrent quelques instants sur ton ami alors qu'un sourire étira tes lèvres. bien sûr que tu allais faire attention pour ne pas te cogner, même si tu pouvais te montrer maladroite par moment. tu reportas ton attention sur les nageurs, ravis de voir toutes ses couleurs. « je ne pensais pas que ça pouvait être si beau la nuit. »  avouas-tu, perdue dans ta contemplation. et voilà que yunwoo pointe un poisson. rose. élégant. mignon. tout à fait la représentation de ton ami. puis il en pointa un autre, noir, la tête cabossée. lui, c'était miyeon. tu lui jetas un regard amusé. « pourquoi j'ai l'impression que tu as inversé les rôles ? » même si tu n'aurais pas choisi celui-là pour comparer ton ami. tu pensais plutôt à ce noir et blanc, aux nageoires jaunes, qui passait sous ton nez.

tu t'éloignas alors de ton poste d'observation, marchant tranquillement, les mains dans le dos. « ce n'est pas si mal, effectivement. tant et aussi longtemps qu'on ne se fait pas surprendre. » rabat-joie, certains diraient.  mais c'était normal pour une jeune fille sage telle que toi, qui a toujours vécu dans les règles. sauf que tu devais l'avouer, c'était excitant de se rebeller un tout petit peu. tu ne prévoyais pas changer du jour au lendemain, mais peut-être seras-tu plus encline à recommencer.

tes pas te mènent vers les méduses, aux côtés du jeune homme qui changeait ta vie à chaque nouvelle rencontre. tu réfléchis un moment, observant les créatures flottées sous l'eau. « hmm... probablement un dauphin. un jour, peut-être que je serai capable de m'amuser comme eux. » les dauphins étaient tes créatures intelligentes, adorables et joueurs. tu aimerais bien être comme eux. pouvoir nager dans les océans, sauter et faire des acrobaties sans avoir peur de se faire juger. être libre. un rêve inavoué que tu taisais au plus profond de ton coeur. et doucement, tu tendis la main et posas ton index contre la parois de verre, touchant une méduse. comme tu aimerais que ce moment perdure éternellement.

les étoiles ne sont pas dans le ciel mais dans les pupilles. les lumières frappent sa peau comme les vagues de la mer d’à côté. et par moment, son regard s’échappe sur la fine silhouette qui le suit, toujours sur ses gardes. la pauvre belle qui doit se demander quand ils allaient se faire prendre. il aimerait aussi la délivrer de son anxiété mais il comprend que tout le monde ne peut pas être aussi à l’aise que lui, face à un léger délit.

et puis encore une fois, la porte était, techniquement, ouverte.

d’ailleurs il ne surveille pas le temps qui s’écoule. une minute, dix minutes. pour lui, c’est égal. le temps s’est mis au ralentis dès qu’ils sont arrivés dans les couleurs néons. la faune et flore marines en témoin. il sourit à la remarque de la jeune fleur à coton. et les lèvres se fendent d’autant plus lorsqu’elle accepte son rôle comme vilain petit poisson, amusée.

il l’observe du coin de l’oeil quand elle le rejoint, devant les méduses. « t’inquiètes pas, si on se fait choper, ils t’enverront pas en taule. » dit-il en esquissant un sourire moqueur, sachant pertinemment qu’ils ne sont pas entrain de commettre un crime horrible. alors qu’elle semble toujours aussi soucieuse d’être arrêtée. c’est qu’il pue la joie de vivre et de liberté, yunwoo. c’est presque énervant. combien de fois il a fuit les autorités, dans sa jeunesse. son casier long comme son bras répond à sa place, malheureusement.

il ne s’étonne même pas lorsqu’elle répond à son étrange question. les sourcils s’arquent avec empathie pour la jeune femme. quelle poésie. l’ancien taulard sait mieux ce que c’est la liberté, plus que le nuage de douceur à ses côtés. elle finit par poser son doigt contre la vitre. il fait de même, sur l’animal gélatineux d’à côté. il rapproche sa face de l’aquarium à méduse. puis casse sa nuque pour regarder miyeon. « pourtant tu t’amuses, là, non ? pas besoin d'être un dauphin. » et son doigt se décolle du vitrage pour se coller sur le précieux nez. délicatement. taquin sans se rendre compte des apparences qu’il dégage.

il se redresse et ôte enfin sa capuche, et même sa casquette. comme une manie, il se gratte l’arrière de sa nuque. il entend des bruits de pas. comme le karma pour ce qu’il a dit plus tôt. (si on se fait choper, qu’il disait) « chut, chut, chut… » dit-il soudainement en se collant à l’aquarium, prenant miyeon par son poignet avec la main occupée par la casquette noire. « t’entends ? » murmure-t-il doucement. il la regarde, courbé, comme si se plier peut le faire rendre invisible. un index sur ses babines pour lui indiquer que le silence est vivement conseillé, il la tire par le bras, doucement, et avance sur la pointe des pieds.

ils ne sont pas encore poursuivis (mais ça, ils ne le savent pas) yunwoo décide d’ouvrir la porte à sa gauche. c’est un placard d’entretiens plutôt banale. sans tarder, il les entraîne dedans et referme doucement la porte.

il essaye de ne pas rire mais la situation ne l’aide pas. comme un gosse. parce qu’il fait noir, dans la pièce.

en avançant, il fout le pied dans un sceau, qu'il traîne sur quelques centimètres.

merde, merde, merde. il s’étouffe dans son rire.
il pensait pas qu'en entrant après les heures d'ouvertures, c'est des balais et des sceaux qui allaient les cramer.

après avoir enjambé ce qu’il ne voit pas, il lâche enfin le bras de la douce et colle son dos contre le mur. il sort son portable de sa poche, unique source de lumière possible, pour ne pas trop éveiller les soupçons. « j-j’espère qu’il a pas entendu quand j’ai dit que je voulais être une méduse ? parce que c’était cool devant toi mais pas devant un gars random. j'ai une réputation de voyou à tenir. » murmure-t-il très bas. puis il explose de rire, s’obligeant à se la fermer en collant les deux mains sur les lèvres. heureusement que le veilleur n’est pas passé dans le couloir qu’ils ont empruntés, sinon ils étaient grillés.

le battant tape dans son thorax. l’adrénaline qui l’empêche de raisonner. il a un fou rire.