look where you're going ft. mia

LOOK WHERE YOU'RE GOING

Tel un spectre, tu parcours les rues de la capitale en silence. Tes pas ne provoquent aucun son sur le trottoir, fantôme vêtu de noir, tu es un parmi des centaines de piétons. Tu as laissé ta voiture au palais et tu marches depuis plus d’une heure, vers une direction inconnue, perdue dans les dédales de tes pensées. La journée a été longue, la semaine rude. Ironiquement, c’est ton travail qui a été la partie la plus simple, c’est ce qui t’a permis de ne pas t’enfuir en courant. Tu as l’impression de te noyer. Entre Wen, Yerin et Eden, tu ne sais pas où donner de la tête. Tu as l’habitude des situations à risque, de la pression des regards, mais tu sais que ta capacité émotionnelle est restreinte pour une raison. La raison pour laquelle tu te forces à marcher pour t’éclaircir les idées.

Les rumeurs qui courent entre ce qui se passe entre toi et Yerin sont comme des mouches, du bruit pour rien qui s’envoleront au loin dès que quelqu’un prendra le temps d’aérer la pièce. Ce sont leurs conséquences dévastatrices que tu n’as pas prévues. Eden remonté ce matin, prêt à t’exploser les côtes et le visage au moindre mot, jalousie coulant dans ses veines, poison amer s’étalant sur le lien de votre amitié. Il y a eu des cris, un semblant d’explications, mais pas d’excuses, juste un rictus silencieux qui s’est érodé en quelques minutes après que tu lui aies tourné le dos. Et puis comme ce genre de merde s’empile proprement, Wen en a ajouté une couche avec ses suspicions et accusations sans fondements et toi, tu as fait quelque chose qui ne te ressemble pas. Tu as haussé le ton, tu as été cruel pour le punir. Tu as réagi comme un connard, agressif et défensif au lieu d’être calme et rationnel. Tu as tout fait pour le pousser loin de toi, le sarcasme coulant de ta bouche si aisément, laissant le jeune homme blesser par tes mots.

En prenant du recul, tu sais que ta réaction face à Wen était ta manière de te protéger. Tu as besoin de l’éloigner de toi parce qu’il est déjà beaucoup trop proche de ton cœur à ton goût. Et il s’est rapproché sans que tu ne le voies venir. Ne s’annonçant que quand il été bien trop ancré dans tes habitudes pour que tu puisses l’arracher sans séquelles. Tu voulais qu’il soit celui qui brise ce lien entre vous alors tu as réagi instinctivement, le poussant vers un point de rupture. Tu veux qu’il oublie ce qu’il ressent pour toi et qu’il reste dans ta vie comme un ami, quelqu’un qui n’attend de toi que ce que tu peux lui donner. Et ton cœur, ton amour, c’est quelque chose que tu gardes si précieusement, parce que tu ne sais que trop bien à quel point perdre la personne que tu aimes fait mal. Tu l’as vécu. Deux fois. Et tu sais qu’une troisième fois te tuera sans doute.

Alors tu marches, tu profites de la nuit, des passants, du bruit ambiant des bars encore ouverts, des conversations qui flottent à tes oreilles. Tu gardes les yeux ouverts, attentif, vigilant, plus calme, en contrôle. Tu sais ce que tu as à faire et il est temps de te comporter en l’adulte responsable que tu es en temps normal. Tu fais donc demi-tour, et marches vers le palais. Tu t’arrêtes au feu piéton, attendant le vert. Une personne bouscule ton bras tendu pour attraper le téléphone de ta poche te faisant lever les yeux. C’est une sensation horriblement familière qui prend possession de ton corps et tu vois, presque au ralenti, la voiture qui s’approche et s’apprête à percuter la jeune femme qui a les yeux vissés sur son écran de portable. Et dans un élan d’adrénaline, tu tires brusquement la malheureuse en arrière. Son dos heurte ton torse. Tu accuses le choc en expirant bruyamment avant de la retourner vers toi, fixant ses yeux intensément, tu ne peux pas empêcher la remarque cinglante qui passe tes lèvres. "What’s so important that you couldn’t look around before crossing the road for a second? You would have been severely injured or dead if I hadn’t held you back!"
@TEJI MIA

Inscription : 14/06/2020

LOOK WHERE YOU'RE GOING
ft. @heo kibeom

Comment s'étaient-ils rencontrés?
Par hasard, comme tout le monde.

c’était une journée d’une banalité affligeante pour frôler la mort et défier le destin.

levée aux aurores pour assister à ses classes matinales - celles que la plupart des étudiants normalement constitués cherchent à tout prix à éviter pour s’attarder quelques instants sacrés dans les délices de couvertures chaudes et moelleuses. mais pas mia. les journées sont bien trop courtes pour s’octroyer le luxe d’une grasse matinée. après les obligations universitaires viennent les heures dédiées au ballet. la satisfaction éprouvée en repoussant son corps dans ses derniers retranchements, le plaisir à observer une silhouette gracile, qu’elle peine parfois à reconnaître comme la sienne, effectuer des pirouettes sans la moindre erreur. délicate et résiliante, son image modelée parfaitement selon les exigences de la danse classique. il n’y a que la joie dans l’effort, le bonheur de venger le rêve proscrit d’une enfant qui occupait trop d’espace. et puis vient le rendez-vous devenu hebdomadaire avec yiren, princesse de chine avec ses grands yeux noirs et son visage de porcelaine. elle aurait pu être de ceux qui la sous estiment mia, si elle n’avait pas découvert ce que leur future reine cache sous ses airs lisses. une volonté de fer sous la façade douce. conversations gardées jalousement en secret dans l’intimité des quartiers royaux. amitié qui bourgeonne comme les cerisiers au printemps, les entrevues se font plus longues. et il était déjà plus tard qu’elle ne l’aurait souhaité quand elle a regagné la bibliothèque de l’université, boucle bouclée.

l’astre lunaire brille haut dans le ciel lorsqu’elle retrouve les rues de la capitale. quittant le centre ville pour les hauteurs de samwang-gu qu’elle connaît par coeur. les bâtiments majestueux qui s’y élèvent ne savent plus arracher d’étincelles dans ses yeux trop accoutumés à leur beauté. mais persiste le plaisir simple de marcher seule lorsque la nuit rend l’air à nouveau respirable. abeille esseulée au milieu d’une ruche bourdonnante. les rires s’échappent des terrasses des bars très fréquentés à cette heure-ci, rompent le grondement des véhicules qui se succèdent sur les voies de circulation. le chemin de keijo qu’elle saurait retrouver les yeux fermés, et irrémédiablement quand elle sent son téléphone vibrer dans sa poche, sa main s’en saisit presque automatiquement et le regard est rivé sur l’écran lumineux. apparaît le fil d’une conversation, des amis de son cursus souhaitent se rendre à un concert le lendemain. elle tape distraitement sa réponse, quand une main agrippe son bras, la tirant brusquement en arrière au moment où une voiture défile sous ses yeux.

l’instant ne dure qu’une seconde aux allures d’éternité. son dos heurte le torse de la personne qui l’a sauvée, le palpitant s’emballe dans la cage thoracique, les battements résonnent à ses oreilles. les véhicules se succèdent sous ses yeux, comme au ralenti, leurs bruits noyés par les battements de son coeur et une voix lointaine qui semble s’adresser à elle. l’homme l’a retournée pour lui faire face, et ses prunelles se posent enfin sur son visage. « it’s you! » s’exclame-t-elle, coupant court à ses réprimandes alors que ses sens reviennent à elle. une mâchoire durement dessinée, ce regard noir et cet air orageux. « it IS you!! you’re the one that helped me get rid of that stalker guy the other night! » saisie d’enthousiasme en reconnaissant le ton colérique de sa voix. « it must be fate don’t you think? » et son sourire brille plus fort que le soleil au zénith. elle avait pensé à lui depuis cet autre soir, cherchant parfois sa silhouette dans les foules sans même connaître son nom. « i’m sorry i scared you, thank you for having my back. » ajoute-t-elle avec plus d’humilité. « can i please buy you a drink? i’m mia. » main tendue vers lui pour une présentation plus appropriée - elle peine à l’empêcher de trembler ((fébrile)). et elle ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit réellement d’une intervention du destin.