Il a le regard agile Nova. Quartier comme un monde nouveau. La ville qui lui semble encore étrangère alors qu’il y habite depuis quelques mois déjà. Et pourtant le regard qui saute de détail en détail, le pas aérien. Toujours. Commentaire amusé de ses compagnons de troupe, assurant que s’il porte des rangers et autres chaussures lourdes c’est pour ne pas s’envoler. Il aimerait bien pourtant Nova. Le regard toujours vers le ciel, surtout la nuit. Passion de son père qu’il a gardé au fond de son cœur, le nom qui trouve tout son sens quand on y pense. Nova. Étoile. Nova. Astre éclatant. Nova qui brille dans son monde. Étoile du ballet. Espoir. Nova, qui brille la plus grande consécration déjà obtenue. Le titre qu’il porte avec fierté mais toujours cette envie de briller plus fort. Comme Papa qui veille là haut. De briller assez. Maman souviens-toi. Nova qui ne baisse jamais les bras. Les pieds qui se meuvent tout le temps. Rythme sans fin. Nova qui ne s’arrête pas. Comme si les constellations de son ciel lui soufflaient à l’infini des encouragements, des plaidoiries. Nova qui se doit de briller. Mais l’apparence qui joue. Influe. Petite étoile qui voit l’éclat des autres. Jamais le sien. Miroir faussé. Il ne voit pas son reflet comme il faut, mais peut-être que d’autres oui. D’autres comme Ilsan. Le nom qui coule comme une sucrerie entre ses lèvres, et pourtant lui qui n’ose que peu le prononcer. Poussières astrées entre ses lèvres et le sourire facile. L’admiration aussi. Curiosité qui se mêle au tableau, et le cœur qui s’affole toujours un peu. Ilsan qui semble voir en lui des choses que son miroir lui cache. Ilsan qu’il va voir aujourd’hui. Le pas léger, malgré ses rangers, le pas agile, et le quartier des affaires qu’il découvre, presque étonné de savoir que l’artiste à son studio ici. Maison de Haute Couture. Rabbid God. Le nom qui glisse sur ses lèvres comme celui du propriétaire. Mais il est moins doux. Plus âpre sur la langue comme le goût de l’inconnu. Le goût du mystère. Richesse et opulence autour de lui, il s’arrête presque idiotement devant le bâtiment dont il a l’adresse. Fier dame d’argent et de froideur, la modernité l’étonne toujours dans un pays comme la Corée du Sud. Plus habitué à la douceur de Paris, la folie de Londres. Et pourtant sur l’interphone, les trois caractères sinogrammes de la marque qui semblent briller d’un rouge passion. « Ah … It’s me … Cosmos … Ah, Im Nova. » La voix plus douce qu’on ne le croirait, la tendresse de l’accent anglais qui arrondi ses syllabes, et voilà pourtant qu’il bégaye le danseur. Les planches ont sa confiance en otage, et lorsqu’il descend de scène, le cygne redevient canard. Presque boiteux d’avoir le pas trop léger et d’avoir dansé des heures durant. Les minutes dans l’ascenseur durent et s’allongent plus qu’il ne le faut, cœur emballé et le regard sur la ville qu’on voit dans les parois de verre l’occupe assez pour que l’affolement se calme. Il n’a rien d’un mannequin, rien de ces modèles dans les magazines, pourtant l’attention le rend faible, plus qu’il ne veut l’assumer. Et lorsqu’il pousse la porte du studio, il ne peut qu’être intrigué, souffle court. Et ce rouge et or qui semble se mêler partout comme une histoire à raconter. « Ilsan… Hyung ? »

opulence magique qui dépasse encore. couronne à la taille imposante, plus grande que sa caboche pour réussir à tenir. du pouvoir, beaucoup d’argent. ça change. parfois ça fait même bizarre. que tout ça ne soit pas que le souvenir réconfortant de ses secrets partagés avec quatre murs, et les nuits étoilées.  parce qu’avant c’était comme ça- juste lui, et son trop plein de créativité débordant jusque sur les doigts. jamais on aurait imaginé une telle ampleur naitre de ses idées, ses fantaisies. projet qui dans sa tête se résumerait à ça, rester un projet, flop au yeux des autres. et pourtant ça a plu. ça a fait du bruit. projecteurs qui se sont soudainement tournés vers lui, le ramassé des khan au nom imposteur. autant que ça surprend, ça a tout changé. parfois pour le mieux, parfois pour prendre des aspects regrettables. ça fait partie de la vie. ilsan ne s’y est pas attardé, trop de positif pour y porter vraiment de l’importance. non, rabbid god a vraiment changé beaucoup de choses. sa vision de lui-même, plus fier, plus grand, plus professionnel et mature. sa vision des autres, parfois des amis, parfois des collègues, parfois même juste de l’art, des courbes qui pourraient correspondre absolument à son univers. des muses là pour refléter l’essence de son monde, lui faire prendre vie. tant de créatures dans la nature, avec cette beauté que ilsan s’éprend de plus en plus à étudier. admirer. tant de personnes surprises parfois, d’être approché par lui. pas de manager, de service de recrutement, non. juste lui. ilsan et la promesse d’un emploi à la clé en échange de leur magie. parce que l’œil, ça ne se partage pas. c’est propre qu’à soi. qu’au sentiment qui nait de lui-même au creux de l’estomac. beaucoup sont passés par là. même des proches. des très proches. y en a qu’on imagine sur le devant, parce qu’ils sont fait pour ça, pour briller. y en a qu’on imagine plus pour soi. la beauté qu’ils aspirent plus silencieusement. lui, c’est sous les douces lumières qu’il rayonne le plus, malgré son talent inné de briller qu’importe l’endroit. il a l’habitude, des regards, des critiques. il a l’habitude, d’enfiler son masque, faire semblant. et c’est peut-être ça, qui fait que ilsan voudrait l’en déshabiller. retirer ce voile de restriction pour le faire pleinement vibrer. vivre. parce que finalement, c’est là qu’il est le plus beau. c’est pas grâce à ses tissus distingués, son élan raffiné. non, tout part de lui. une beauté intérieure qu’on a du mal à reconnaitre, peut-être trop authentique, si réelle qu’on préfère l’ignorer. laisser le vilain petit canard derrière. parce qu’après tout, nova ce n’est pas cosmos. et cosmos, c’est celui qui brille, c’est celui qui est aimé.  
cosmos est beau oui. encore une fois, chaque parcelle de son être l’est. mais nova. c’est lui qui l’intéresse. c’est à lui, qu’il dédie cette pièce. cette pièce qui saura peut-être réveiller en lui un élan d’amour, de reconnaissance, qu’il mérite d’aborder sur son joli minois. derniers perfectionnements avant son arrivée. s’assurer que tout est beau, époustouflant. présent abandonné sur la banquette en velours de la pièce commune, à ses côtés. le verre de vin à ses lippes, et les murmures d’une voix familière. « im right here dear » une seconde coupe se voit adopter sa couleur, patientant sur le plateau. invitation à son invité à prendre place à ses côtés, la main tapotant l’espace à sa gauche. « hope you like wine » non pas que ce serait une perte en cas contraire.  

D’or et de pourpre. Couleurs associées à la royauté. Et les yeux qui glissent sur les tissus, sur les tenues. Raffinement sans précédent. Marque qui ne s’embarrasse pas de code et de protocole. Attirance attendue de l’étoile avec ce royaume. Relation que le destin a pris soin de nouer aux rubans rouges. Et Cosmos qui s’est perdu lors d’un défilé, lors d’une présentation devant la splendeur créée de la main d’un seul homme. Le regard qui a accroché devant ces tissus liquides, ces étoiles capturées, l’or des constellations posé sur des ciels rouges matinaux ou encres nocturnes. Il est tombé en amour devant l’art Nova. Il est tombé en dans une extasie fragile, les yeux qui ne savent plus où se poser. Et derrière la confiance de Cosmos, derrière le masque de l’astre dansant sur les plus grandes planches du monde, il s’est laissé entrainer dans ce monde fermé de la mode. Invité comme d’autres noms prestigieux, haute couture qui s’affiche. L’espoir aussi pour certains d’avoir ces grands noms qui posent, qui donnent un peu de cachet, toujours plus, aux maisons de haute couture. Marques connues s’affiche sous ses yeux, et pourtant c’est une plus récente qui lui laboure le cœur d’émois inconnus. Rabbid God. Trop plein d’émotions qui s’est mêlé, et le voilà qu’il se cache derrière l’image de Cosmos, Nova. Qu’il se cache derrière cette façade de danseur étoile. Sûr de lui. Apprécié. Et non pas juste ce garçon qui tous les matins se pèsent. Tous les matins se juge devant son miroir. Mais rencontre aisée avec le créateur. La simplicité de l’artiste qui attire et les conversations qui s’étirent. Les rencontres qui se continuent en dehors du cadre, et l’amitié qui commence à se nouer avec une certaine aisance. Mais Nova qui doute toujours. Gamin enchanté, mais pas si enchanteur que ça, la crainte qu’un jour il se lasse. Sans doute. Pas trop vite s’il vous plait. Nova qui doute même lorsqu’il appuie sur l’interphone, corps délicat qui veut se faire plus petit encore. Gamin qui ne sait comment se présenter alors qu’Ilsan, il connait, il sait. Il a déjà vu derrière le rang, le titre, la couronne étoilée. Il a déjà vu derrière Cosmos. L’ascenseur qui lui laisse le cœur en chamade, trop proche de ses lèvres pour ne pas l’entendre battre contre ses tympans. Regard qui se perd sur la ville, semblant de calme retrouvé, mais voilà qu’il a de nouveau le souffle coupé. Première fois dans le bureau de l’homme, dans le cœur de sa création et son regard qui ne sait où se poser. Gamin gauche. Plus canard que cygne, les planches ont gardé sa grâce. Et l’hésitation va jusqu’à marquer sa voix, lorsqu’il prononce ce nom qui a tout du fruit interdit. Et c’est un ton suave, doux qui lui répond, le guidant dans l’or et le pourpre de l’endroit. Jusqu’à ce qu’il trouve Ilsan, installé en toute majesté sur le canapé central. Vin en offrande et un sourire qu’il rend de son côté. « I … like it. » Nova qui finit par s’installer, le regard sur ses chaussures, l’effroi qui se dessine peu à peu, réalisation qu’il a encore ses manières d’occident. Maniéré comme en Europe. « Should I have taken these off? » La question est murmurée, des excuses qui se dessinent déjà sur ses lippes rosées tandis qu’il accepte le verre qu’Ilsan lui tend. Ilsan. Vraiment ce prénom à quelque chose. Goût sucré et interdit, mystère qui plane toujours quand il le prononce. « I’m sorry … I forgot sometimes I’m not in … Europe … In Paris … Or … you see? » La timidité mâche ses mots et au final, ce ne sont que des œillades en coin qu’il offre, admirant le calme et la nonchalance naturelle dont fait preuve le grand couturier.