1, 2, 3 …


Corps enjoué qui s’éclate — métamorphose colorée au rythme de la sublime symphonie. Les notes se dansent comme on s’élance ; adrénaline surprenante, on se jette. Se rejette. Les jambes se mouvent dans une chorégraphie déchaînée, mais la délicatesse de tout un monde dans le regard et la grâce qui ravage tant l’esprit, ô paradis ! Divinité.


On s’égare sans crier gare. C’est la naissance de la nouveauté qui se glisse dans les traditions du classique bafoué, les gestes plus déraisonnés, les règles sont changées pour paraître contemporaines. Quelle folie ! Quelle folie que d’inscrire sur le parquet l’étoile imaginaire virevoltante. Stupide — merveilleux. Il invente au gré du vent ; au fil de la musique. S’enchante des pensées éphémères qui ne désespèrent, et compte en variation les milles incantations orchestrées.

SILENCE. Elle recommence cette symphonie perpétuelle, mais le corps est soudainement à bout de souffle. Et s’écroule finalement au sol, le cygne des temps modernes. Inspiration – expiration. Les phalanges fragiles s’emparent de la bouteille bientôt vide. Il respire. Encore et encore. Il respire éternellement. Se sentant vivre en dansant. Vivre en s’arrêtant après l’accomplissement. Fièrement.

Son regard s’éternise plus tard sur cette silhouette silencieuse. Un sourire éclatant au bout des lèvres, et le corps se redresse légèrement. Les souvenirs mesquins de l’échange divin – peut-être s’est-il lui-même perdu entre les mensonges nés et la vérité écrite. Ni lui ni l’autre ne devine ce que les esprits dessinent. Exquis – précieux. Curieux des heures prochaines, il le devient inopiné.

« Tu es arrivé quand ? Je ne t’ai pas entendu. »

Serviette sur l’épaule, la main essuie avec un morceau de tissu les gouttes taquines. S’avance alors, le corps du précieux vers le diable, la tentation interdite qui s’autorise. Quintessence mortelle ; péché impitoyable.

« On commence ? »

Le regard tombe, charmant. Le sourire est espiègle, presque fier qu’il soit tombé dans l’antre des damnés – la sienne. Comme le temps qui s’arrête, et les contemplations qui se complètent. Il savoure, Yunseo, cette vision spectaculaire qu’on lui a longtemps refusée. Qu’importe si derrière la trace soporifique s’augure – l'esprit réinvente la poésie de cette nuit-là. Symphonie de sous les draps, une unique fois. Condamné à jamais.

un souvenir ;
une souvenance.


une question, une interrogation — quelques fragments syntaxiques qui ne veulent rien dire. profondément, inéluctablement. la mémoire, aussi extraordinaire soit-elle, oublie. elle oublie des choses, des moments. des sensations, des sentiments. elle garde ce qu'elle a apprécié, elle oublie ce qu'elle a détesté. parfois, l'inverse se produit — trop souvent, trop douloureusement. alors, les bons moments se fanent ; telle une rose au soleil, ses pétales prenant la couleur du charbon.

les étapes désagréables d'une existence deviennent omniprésentes dans votre boîte crânienne, venant hanter vos pensées. vos nuits, vos journées. doucement, vous sombrez. à cause d'un souvenir, à cause d'une frasque qui vous a marqué. juste un moment, l'instant d'une seconde. pourtant, c'est en boucle qu'il repasse — comme un disque rayé qui ne daigne lire qu'une seule piste, comme un livre dépourvu du reste de ses pages sauf de la première.

une répétition sempiternelle.
— lente et destructrice.


« — Y’a quelques minutes, j’ai pas osé t’interrompre. C'était super, j'espère juste que tu comptes pas me faire apprendre ça, parce qu'on sortira jamais d'ici ».

maladroit, quelque peu retourné — ses mirettes l’avaient admiré. comme autrefois, où il en avait encore le droit. avant que tout ne devienne froid. en réalité, il avait été étonné. qu’il finisse par le recontacter. comme si de rien n’était, comme s’il ne s’était rien passé.


il se jetait dans la gueule du loup ;
— décision délibérée, sans aucun regret.

« — Tout de suite ? Tu veux pas boire quelque chose avant qu’on commence ? T'es ... t'es en sueur ».

il était arrivé en taxi, sans un bruit. il s’était faufilé jusqu’à cette salle parquet ; sans se faire remarquer. il l’avait regardé, il l’avait détaillé. il s’était enchanté. il était doué, foutrement doué — et ses iris n’avaient pu se détacher de son faciès.

Danse l’élégance du printemps au rythme du VENT – s’épanouit dans le temps la nostalgie de l’instant. À jamais l’esprit prospère des souvenirs amers dans l’oubli éphémère.

PLUIE. Perle de la vie qui s’inscrit dans le regard brouillard. Constat froid – corps chaud. Mécontent est le garçon ; son inverse la raison. De ces images couleur mirage qui défilent, le visage s’illumine.  ÉMERVEILLÉ.

« Y’a quelques minutes, j’ai pas osé t’interrompre. C'était super, j'espère juste que tu comptes pas me faire apprendre ça, parce qu'on sortira jamais d'ici.
— Sait-on jamais, peut-être que tu seras meilleure que tu ne le penses. Puis, ça me dérange pas … Si on reste ici pour toujours. Mais nope, une autre chorégraphie t’attends. »

Le regard franc – touche humoristique entre deux paroles délicates. À la pointe fidèle de ce qui le définit, autant qu’elle les résume ensemble. Paradoxe éternel des damnés condamnés à se perdre. Reconquête. En une montagne à atteindre, JIN en était un exemple parfait. Tant de fois le corps frôlé les mots et l’ignorance ont été rudes. De ces moments délicats qu’on ne partage pas toujours, ô combien il se souvient, de cette soirée-là où des notes amusantes ils sont passés aux actes envoûtants. Dans l’éternité.

« Si ce n’est plus tard, quand ? »

Et de ses frêles doigts il essuie une dernière fois les efforts fournis en l’instant, une dernière gorgée d’eau entre les lèvres. Commissure relevée à ses mots. Amusé.


Alors il se relève YUNSEO. Il se relève, s’approchant dangereusement – toute l’assurance du monde accrochée vivement dans l’esprit. Prêt à apprivoiser le monde comme un renard et un prince. Apprivoiser son monde. Et ces milles contemplations bientôt uniques. Comme un de ces défis interminable, mais pas infaisable parce que le niveau est suffisant pour être noté comme difficile. Et compliqué, JIN l’est. Sans la véracité d’un simple jeu, il en devient sérieux. D’un rayon lumineux, il brille. Et le visage s’illumine dans l’ombre nerveuse des âmes perturbées. Aux souvenirs d’autrefois. 

« On y va étape par étape. On commence quand tu te sens prêt, je te montre la première partie. Regarde tout. Sans exception. »

Il s’éloigne un clin d’œil indiscret, laissant le comédien dans l’allégation de milles sous-entendus partagés dès lors que le corps se retourne, allumant la musique imaginée.

Un saut dans le vide sans prétention, mais la grâce studieuse a chaque mouvement qui s’exécute silencieusement. Comme un autre YUNSEO qui se dévoile à chaque fois que les lèvres ne s’éclipsent pour formuler la rumeur de quelques mots inattendus. Silencieux, c’est un autre monde. D’une beauté merveilleuse. Partiellement couverture de nostalgie, mais tissée fièrement dans la joie. DISTRAIT.


Son regard se veut complice de l’autre. Se cherche complice de la crainte qui se discerne. À se dire en murmure INVISIBLE que tout ira pour le mieux. Que tout se passera sans problème. Qu’il y arrivera qu’importe les heures qui s’écrouleront. Parce que lui. Eux.

étrange ;
ésotérique.


ce lien qui lié leurs essences était digne d’une transe [qui s’élance]. gracile, fragile — rien n’était facile. ils se devaient d’être subtils, ne pouvant vivre une idylle. parce qu’ils s'annihilent — se défilent. pourtant, il ne demande qu’à se rencontrer — s’effleurer, se frôler. à s’entremêler dans une mêlée éthérée. cependant, c’est impossible. impensable — foutrement passable. les représailles seraient fatales (ô létales).



ils s’entachent. contre leur gré, contre leur destinée. ils pourraient se contenter de briller. d’exister chacun de leur côté. désastreusement, ils veulent se côtoyer. se toucher, se désirer.



de ses iris, il avait dévoré l’âme désirée. il est divin, séraphin. digne d’une figure que l’on retrouve dans les peintures de la renaissance. exquis, joli. raffiné, épuré — il avait tout pour plaire. et jin n’avait nul choix que de se taire.


il ne pouvait toucher l’être aimé, ni même le frôler de son doigté. parce qu’il savait pertinemment qui ne pourrait s’arrêter [qu’il serait aussitôt enivré]. pourtant, il le dévore — ce corps. il le consume de ses mirettes ébahies tant il se révèle abasourdi.

« — Si ce n’est plus tard, quand ?
— Tu as raison. Enfin, je crois ? »

À nouveau, sa psyché fut transportée. délice qui se transforme en supplice, de voir tant de beauté sans pouvoir réellement la complimenter.


il est le fruit interdit, bien qu’il fasse envie. dans un jardin d’éden où errait l’essence amochée, il ne pouvait se raccrocher à cette pensée. à cette volonté de rencontrer une autre âme damnée. jin se doit de résister ; ne pas succomber [ô grand jamais].



« — On y va étape par étape. On commence quand tu te sens prêt, je te montre la première partie. Regarde tout. Sans exception. 
— Je vais essayer d’user de ma mémoire photographique. »


à peine s’était-il élancé, qu’il le regardait. avec passion, avec dévotion. tout ce qu’il orchestrait était une perfection sans nom.

« T'es parfait » ; murmure-t-il avant de se racler la gorge. « C'était vraiment parfait, Yun. Vraiment magnifique. Mais je vais être incapable de faire ça, je te le dis tout de suite ; j’arrive déjà pas à coordonner mes jambes avec mes bras ».

il s’approche de lui [ô promiscuité].. désirable, admirable — et ses tiges s’empressent de replacer sa chevelure respective. derrière ses oreilles, comme s’il se préparait à vivre un réel enfer.