les jours sont longs et se ressemblent, au palais. yesun profite de son temps libre pour apprendre, pratiquer, s’améliorer. des journées chargées qui semblent pourtant si vides ; réveil tôt, petit déjeuner, divers cours dans la matinée, différents selon les jours. mathématiques, espagnol, piano, escrime…tous les domaines sont touchés, et yesun s’épuise à tenter d’être le meilleur dans chacun d'eux. l’après-midi, il s’autorise des pauses, des siestes trop longues, des heures à se prélasser devant la piscine, regarder des films, avant de retourner apprendre.
cet après-midi, néanmoins, il a envie de voir bella. cela fait quelques jours qu’il n’a pas mis un pied dans les écuries, parce qu’il la sait entre de bonnes mains, et les températures étaient trop hautes dernièrement pour qu’il s’amuse à la fatiguer en la montant.
comme une partie de lui, la jument a grandie avec lui ; il l’a reçue le jour de ses un an, cadeau bien trop cher et précieux, trop fragile pour un enfant qui sait tout juste marcher. et pourtant il ne la jamais délaissée, ne s’est jamais lassé ; durant ses longs voyages à l’étranger, il prend de
ses nouvelles avant celles de sa famille. veille à ce qu’elle ne manque de rien, et son sang devient chaud lorsqu’on ose la négliger - le gamin qui reste en général toujours calme, toujours silencieux…elle est son talon d’achilles.
et il ne prévient pas de sa visite, préfère surprendre par son arrivée pour être sûr qu’elle soit réellement bien traitée dans les coulisses, pas seulement lorsqu’ils sont avertis par sa présence.
il salue le maître d’équitation en une révérence polie, parle de la pluie mais surtout du beau temps, du soleil qui tape - moins fort que d’habitude, mais qui fait toujours mal. il lui fait part de son inquiétude, lui dit qu’il ne devrait pas hésiter à prendre des pauses, s’il est fatigué. puis lui demande s’il peut aller voir bella. «
eun seom est en train de s’occuper d’elle, votre altesse. » comme une autorisation dont yesun n’a pas besoin. yesun qui remercie poliment avant de se diriger vers les étables spéciales. il la voit au loin, sa robe blanche et sa taille imposante, plus grande que eun seom qui la brosse sans se douter du prince qui apparaît derrière lui.
il connait son histoire, il connait son passé.
n’a jamais osé en parler, de peur de paraître trop curieux, de franchir des limites, de faire fuir. parfois il a l’impression que, comme les chevaux qui entourent l’écurie, il doit apprendre à apprivoiser le palefrenier. avec de la patience, de la douceur.
ce n’est pas de la pitié, simplement une envie de lui montrer qu’il n’est pas seul ; que son statut ne le rend pas moins humain. «
bonjour, eun seom. » la voix est calme pour ne pas le faire sursauter, ne pas le surprendre. «
belle journée n’est-ce pas ? bois beaucoup aujourd'hui, il fait assez chaud. » un sourire bienveillant destiné au garçon, puis à la jument vers laquelle il avance doucement, en caresse la tête du bout des doigts en lui offrant des paroles douces. puis il se retourne à nouveau vers le plus jeune. «
j’espère qu’elle est sage et ne te mène pas la vie dure. je sais qu’elle peut se comporter comme une véritable diva, parfois. »
@go eun seom