les jeux d’argent, ça a jamais été son délire à jihyeon ((mais on ne le prendra jamais à cracher sur quelques billets faciles)). une addiction qu’il a du mal à concevoir, peut-être la manifestation de son instinct de survie - après avoir connu des années plus que précaires. mais il a ce sourire carnassier sur le bout des lèvres, se lèche les babines en observant les pigeons perdre des liasses entières ((et en redemander)). c’est si facile qu’il n’y prend presque plus plaisir, nul doute cependant que ce complément de revenu servira à lui offrir quelques délicatesses qu’il saura mieux apprécier. la triche. une des premières formes d’escroquerie qu’il a appris à maîtriser après s’être trouvé à la rue. une mémoire lui faisant rarement défaut et une agilité innée l’aidant à manier les cartes - he was a natural. et le goût de l’amertume ne le brûle que d’autant plus au souvenir de toutes les années qu’il a gâchées en tentant de gagner sa vie honnêtement. des années passées à se voiler la face, à tenter de nier la pourriture qui lui ronge le coeur avant de découvrir qu’elle ne coule dans ses veines. mais il tente de ne pas y penser ce soir, il se concentre sur son jeu, ne se laisse pas distraire et empoche son butin avec une modestie feinte.

et après quelques parties, il se lasse ((craint aussi d’attirer les suspicions sur lui)). jihyeon préfère se retirer après quelques derniers faux sourires ((tellement désolé de les plumer)) et prendre la direction du bar. un remontant serait le bienvenu, il a même l’envie de s’en griller une dehors mais à peine la pensée effleure-t-elle son esprit qu’il sent un liquide se renverser contre son dos. vêtements trempés et l’odeur brute de l’ethanol qui lui prend les narines - de quoi l’énerver après une soirée qui se passait jusque là sans encombre. « yah! tu peux pas faire attention? » il se retient de justesse de ponctuer sa réclamation d’une insulte ((préférant d’abord faire volte face et jauger le perturbateur)). non pas qu’il trouve souvent une personne capable de l’intimider compte tenu sa maîtrise des arts martiaux, mais il n’est pas du genre à faire de vagues, le succès de ses arnaques résidant souvent dans sa capacité à se faire ((oublier)). mais ce soir, il se trouve sur les nerfs et ne peut s’empêcher de répliquer face à l’insolence de l’homme qui lui fait face. « c’est pourtant ton verre qui me semble vide. est-ce que tu sais qui je suis? » pas du genre à jeter le nom de khan johwan à tort et à travers ((il a appris à ses dépends qu’être un bâtard n’apporte rien de vraiment bon)). mais faut dire que lui l’a cherché.