(ootn) c’était étrange de se retrouver en costume à nouveau. il en avait mis un dans son sac avant de quitter ses parents, la veste toujours autant inconfortable. il s’était dit, au cas où. au pire, pourrait le revendre. l’idée qu’il ne puisse pas faire de grand mouvement sans qu’une couture ne saute. il peut juste faire semblant d’apprécier ce genre de scènes, sourire doucement en susurrant des mots doux dans son micro.
ils ne font pas attention de toute façon. il n’aurait pas dû accepter, vraiment, impression de vendre son âme à la mauvaise personne. ces gens qu’il n’apprécie pas, qui se soûlent après une coupe de champagne. est-ce qu’il devrait s’estimer heureux d’être ici ?
et il y a un moment, où il oublie tout ça. saem sage, qui a enlevé la plupart de ses piercings à regret, qui n’a pas mis trop de poudre sur ses yeux, qui est en costume alors qu’il s’était juré qu’il arrêterait. saem qui ferme les yeux pour se concentrer sur les notes de piano derrière lui. les paroles, du jazz, de l’amour et des destins brisés, qui viennent si facilement. il n’a jamais eu du mal à se rappeler des paroles. à laisser le rythme guider ses mains contre le microphone, caressant le métal froid et quand il réouvre les yeux, parcourant l’assemblée, son regard s’accroche.
avec le temps, saem arrive à reconnaître les regards intéressés. et à paraître désintéressé, faire comme s’il n’avait rien vu. sourire en coin malgré tout, parce qu’il sait. s’il s’écoutait, il sauterait de la scène et irait directement le voir, en plein milieu de la chanson. mais il est payé, extrêmement bien payé, aimerait bien recevoir sa paye en fin de set. alors il note dans un coin de son esprit que le jeune prince le regarde, qu’il n’est vraiment pas si mal à regarder, qu’il s’amuserait bien un peu.
chasser le chaos et il revient vous hanter.
des gens qui font attention, qui ne sont pas perdus dans leurs conversations insipides - il en récupère quelques applaudissements alors que les notes s’arrêtent et qu’il prévient qu’il compte faire une pause au musicien, pour qu’il continue seul. il se débrouille très bien seul. la soirée presque finie.
puis ce n’est pas une excuse, il a réellement soif alors qu’il s’approche du bar où un certain brun se trouve. il ne boit pas pendant ses heures, agréable au barman, « can I have a vodka on the rocks but without the vodka and with some coke ? » ce qui tire un rire derrière le comptoir, chanceux de ne pas l’avoir perdu dans sa commande et de ne pas se faire recaler, et se retournant à sa droite, nonchalance feinte alors qu’il le dévisage de haut en bas sans se cacher, « and what can I offer you ? »
prêt à s’offrir lui-même s’il le souhaite.

(ootd) les modèles défilent et se font acclamer par les amateurs au premier rang qui observent les coutures d’un oeil avisé…groupes plus ou moins connus s’enchaînant sur scène parce qu’il en faut toujours plus. on ne peut pas se contenter d’un simple disque qui tourne en rond, non, il faut du réel, du concret. et d’autres moins intéressés sont plantés au milieu de la salle, discutent entre eux en sirotant leur flûte de champagne.
princes et princesses perchés dans les hauteurs du palais des fêtes, là où personne ne peut les déranger…regarde le peuple en dessous d’un air ennuyé. yeji a la tête dans sa main affalée sur la rambarde. nara, elle, semble apprécier le spectacle qu’elle n’observe qu’à travers son téléphone, parce qu’il faudra faire des likes ce soir.
et yesun, dos droit, menton relevé, ne regarde pas les demoiselles en robe défiler.
il ne devrait pas, mais personne ne peut le remarquer de là où il est. les orbes plantés sur le chanteur inconnu vers le fond du podium, parce qu’il ne faut pas faire de l’ombre aux jolies filles mais pourtant elles n’existent plus pour lui.
il se déteste à chaque fois qu’il s’attarde trop sur ceux dont il ne devrait pas s’attarder. et lorsque leurs regards se rencontrent, il se soumet et baisse la tête paniqué. pris sur le fait. le coeur s’emballe…non, un regard ne veut rien dire. personne ne se doute de rien.
et le spectacle touche à sa fin, les mannequins sont de moins en moins nombreuses à défiler. bientôt, les gens pourront danser, parler, arrêter de faire semblant d’être intéressé. yesun profite du moment de creux pour s’échapper. chuchote à son garde du corps qu’il descend chercher à boire sans lui laisser le temps de rétorquer.
jeu dangereux. il le pourchassera sûrement dans quelques secondes, parce que si le prince désire un verre, alors il n’a qu’à claquer des doigts pour le faire apparaître. il n’est pas en sécurité dans la foule, même si cette dernière n’est remplie que des plus hautes sociétés.
de rapides signes de la tête pour saluer ceux qui s’inclinent à 90 degrés en le voyant passer. regards avides des vipères. elles sont prêtes à le dévorer, les poupées aux robes de créateur et aux ongles manucurés. se murmurent à l’oreille en rougissant, en pouffant, et lui ne leur adresse pas un seul regard. les yeux trop occupés à le scruter de plus près alors qu’il n’est qu’à quelques mètres de lui, sur la scène.
il reste près du bar et ignore les messes basses. la tête par moments relevée vers les royaux qui ont arrêté de s’intéresser au défilé. et minsu lui lance un regard noir. il sait qu’il ne le lâchera pas de la soirée, et que si yesun ne remonte pas dans quelques minutes, il viendra lui-même le chercher. un soupir. puis une voix semble plus forte que les autres.
alors il tourne la tête et le voit là. les membres crispés parce qu’il n’a pas de plan B…et pourtant    un rire silencieux s’échappe de ses lèvres en entendant sa commande. tête baissée. il ne doit pas oublier qu’il est observé.
il lui faut quelques secondes pour encaisser, réaliser que l’inconnu lui parle à lui et pas à un simple roturier. « i beg your pardon? » le gamin rêve que l’on s’adresse à lui comme à un humain mais se retrouve déboussolé lorsqu’on le fait. décontenance fardée sur ses traits, les yeux écarquillés et les lèvres entrouvertes. peut-être est-il étranger, mais l’accent est trop parfait. alors peut-être ne l’a t-il simplement pas reconnu sous les chandeliers tamisés. « i…um… » il n’est pas censé boire d’alcool lors d’événements officiels, et si minsu l’attrape les joues empourprées il le renverra dans sa cage aussitôt. la gorge se racle « just…just some water… »

il y a un court instant où il se demande s’il ne devrait pas être déçu, s’il ne va pas lui dire d’aller se faire voir et de quel droit il lui parle, comme on ne parle pas, ne doit pas parler, comme un mur est censé exister. des lignes qu’on ne franchit pas.
mais il est addict des lignes qu’on trace dans le sable, qui s’effacent par la marée. sourire aisé, à deux doigts de lui dire - yes you can beg me pardon if you want, mais il préfère se répéter. la musique forte a peut-être emporté ses paroles, la musique ou le désarroi, les surprises non feintes « i said, do you want something to drink ? » se rapprochant légèrement pour que cette fois, il l’entende vraiment. qu’il ne puisse pas faire semblant de ne pas vouloir : qu’il le recale réellement s’il le faut. ne réfléchissant pas, se jetant dans le vide, pas du genre à s’attarder aux doutes, à avoir peur du non. il pourra toujours raconter plus tard à ses amis qu’il s’est fait recalé par le prince, mais ça l’étonnerait. il connaît les regards.
alors il est ravi d’entendre qu’il accepte, même à contre-coeur, forcé de faire partie de son jeu. « just water ? no, you can’t have that, that’s boring » dit-il en ayant lui-même pris une boisson sans alcool. du coca. ironie. il prend son propre verre, un peu trop froid à cause des glaçons. un vrai verre : pas une de ces cups en plastique rouge. « you’re at the palace, you could ask him some random and obscure fruit juice and i’m sure they’ll have it »  mais ça, il doit bien le savoir, vu que c’est sa demeure. chez lui. pouvant avoir tout ce qu’il veut sur un plateau d’argent. « i’m saem by the way » et il ne s’est pas décidé si ça l’énervait ou si ça l’amusait, de voir les arrogants du coin de l’oeil juger sa manière de vivre inconditionnellement, les oreilles baladeuses trop nombreuses.
 

(ootd) on regarde en coin et baisse le ton pour ne pas qu’il entende, mais il sait. il connait les commérages, il en est victime depuis sa naissance. ‘ mais pourquoi le prince parle t-il à ce vulgaire employé ? ‘ ‘ vous pensez qu’ils se connaissent ? ‘  ‘ il n’a pas l’air en sécurité…peut-être faudrait-il aller l’aider ? ‘ celles qui ont revêtu leurs plus beaux ensembles dans l’espoir d’être remarquée juste une fois. dans l’espoir ambitieux de peut-être elles aussi vivre une vie de princesse. yeji a toujours été jalousée. mais elles ne savent pas, elles ne savent pas que eux rêveraient d’être à leur place : de simples visages dans une foule qu’on oubliera le lendemain.
et peut-être yesun aime t-il cet anonymat soudain. le garçon lui parle comme on parle à un ami. seul minsu ose parfois s’adresser à lui de cette façon - lorsqu’il n’est pas en service. et sûrement est-ce la raison pour laquelle il est tant attaché au garde du corps.
sûrement est-ce la raison pour laquelle il ne regarde pas le garçon de haut, pour laquelle il ne tourne pas les talons pour remonter dans son cocon.
il apprécie ce renouveau. appréhende le moment où le masque tombera à ses pieds.
son regard s’incruste sur le verre de soda entre les mains de l’inconnu et il arque un sourcil amusé. commissures étirées alors qu’il retient un sourire en l’écoutant déblatérer ses théories bancales. et pourtant il en rajoute. « you think ? maybe you should try it. »
il en oublie minsu et son éternel regard qu’il sent fusiller son dos, il en oublie les autres qui continuent encore de les observer rongés par une curiosité mal placée.
et lorsque l’homme se présente, il se retrouve coincé. il aimerait rester encore un peu dans le confort de l’anonymat, là où il n’est pas yesun khan mais seulement un type du bar aux sourires maladroits.
les yeux levés encore une fois vers le garde du corps dont le regard se fait toujours plus noir. il tente de l’intimider mais yesun le connaît à présent trop bien pour se faire avoir. « nice to meet you, saem. » main tendue, il se délecte de la banalité de l’échange. il n’y a pas de révérences, juste deux gamins faisant connaissance. pourtant il ne se présente pas. il n’a pas envie de mentir. pas envie de dire la vérité non plus. prie seulement pour que saem laisse passer. « you were pretty good on stage earlier...i mean, your voice is very nice. »

peut-être qu’il devrait se mettre à l’eau. se noyer dans de l’eau, pas salé, pas pétillant, juste de l’eau et ne plus respirer. au moins, il ne le prend pas mal, pas comme s’il venait de lui dire qu’il était ennuyant parce que ce n’est pas le cas, son choix est ennuyant. mais il a aussi fait le choix de lui parler : donc ce n’est pas si ennuyant. ça a du sens quelque part.
il remarque, les regards en coins jetés plus haut, se dit que c’est rare de voir un prince seul sans personne en costume et écouteurs derrière lui.
il change son verre de main, essuie rapidement l’humidité qu’il pourrait il y avoir pour prendre sa main, comme si c’était normal qu’il ne se présente pas en échange. balance déséquilibrée. il n’a pas besoin qu’il lui dise son nom de toute façon, ça ne l’intéresse pas, il se demande juste de quoi le futur sera fait. « my pleasure » réel. présent. devrait se sentir mal de lui mentir, de faire comme si ? il pourra toujours lui dire plus tard. surtout qu’il ne tente même pas de s’en moquer gentiment parce qu’il continue, parce que saem est si facilement complimenté et qu’il ne refuse jamais des compliments. « yeah, i get that often » l’inverse de humble (stupide) ; ce qui lui tire un rire parce qu’il aime dévier de ce qu’on attend, qu’il voit bien que son inconnu qui n’en est pas tellement un imaginait autre chose. une reconnaissance suprême de recevoir un honneur de la royauté, quelque chose du genre. pas son genre. « i’m just kidding. or not ? but i’m glad you liked it. you seemed to enjoy it » pour dire, je t’ai vu, et tu ne peux pas te cacher. au moins il ne lui demande pas si c’est sa voix qu’il apprécie ou sa personne. il n’est pas si méchant.
tentant sa bonne étoile encore, lançant les dés. oubliant de souffler dessus pour porter chance. con altura ou rien du tout « but like.. if you’d want to hear more of my voice, i know a place where they have some really good water if you want. not here. » finissant son verre pour le poser sur le comptoir, hésitant à lui demander s’il n’a pas d’autre endroits ou d’autre personne à rejoindre, puisqu’il regarde en haut alors que saem est juste en face. mieux.
 

(ootd) dissimuler ses émotions a toujours été facile pour lui. sourire quand on s’ennuie. rire alors qu’on voudrait hurler. rester de marbre devant les insultes lancées dans la rue par les anti-royalistes qui passent par là. et pourtant il ne s’entendait pas à tant d’impertinence de la part de la nouvelle connaissance. il reste là, presque ébahi par tant de confiance - rêverait qu’il en partage un peu avec lui. impossible à cerner. saem a l’air différent. insouciant, libre.
et il rêverait de goûter à cette vie, juste pour une nuit. mais les regards sont tous braqués sur lui, à l’affût d’un faux pas inespéré. comme s’ils savaient, comme s’ils étaient témoins de la guerre dans ses entrailles…cela vaut-il réellement le coup de transgresser des règles pour un inconnu ? il aimerait lui dire oui, allons-y. mon monde est ennuyant, fais moi découvrir le tien. mais le boulet au pied est trop lourd, il l’empêche d’avancer.
« i would like to, but… » un nouveau regard discret dans les hauteurs. minsu perd patience. yeji pianote sur son téléphone et c’est comme si la réalisation le frappait en pleine face. « please wait a minute. » il sort le sien, n’a pas besoin de chercher le nom de sa soeur parce qu’il est premier de la liste. ses doigts parcourent le clavier trop rapidement, il tape maladroitement un message  ‘ sos distract minsu ‘ et c’est tout ce dont il a besoin pour la voir entrer en jeu. comédie propre à elle, elle feint un mal de ventre et le garde du corps détourne enfin le regard pour la première fois depuis de trop longues minutes. yesun reporte son attention sur le chanteur, comme si tout allait bien. comme si le myocarde ne menaçait pas d'exploser, hypertension. il voudrait le presser de partir parce qu'il n'a pas beaucoup de temps, mais un sourire se forme en coin parce qu'il faut continuer de prétendre. « sorry about that. shall we go ? »

il s’attendait au mais. la confiance en paillette, poudre jetée au visage, parce qu’évidemment il y a un mais.
ok, il mentait. c’est pas si drôle de se faire recaler, goût amer dans la bouche quand son sourire tombe désavoué, désabusé. tous pareils. en même temps, est-ce qu’il n’en demande pas trop ? et depuis quand il abandonne aussi rapidement et laisse les espoirs derrière lui ? se raccrochant à l’idée qu’il n’a pas pu se tromper. comptant bien lui dire que c’est bon, il comprend, ce n’est pas si grave, il ne sait pas ce qu’il perd.
mais. à son tour d’être perplexe quand il lui demande de patienter. et saem ne comprend pas, n’apprécie pas ne pas comprendre en le voyant pianoter sur son téléphone. il y a encore de l’adrénaline dans ses veines, des restes de la scène, qui l’empêche de penser correctement. ou alors, c’est qu’il n’est pas insensible complètement aux noeuds papillons, qu’il trouve ridicule pourtant. ridicule et charmant. insupportable de ne pas lui donner de réponse claire, quand la patience n’a jamais été son fort. il croise les bras, regard inquisiteur. puis, ne pas feindre la surprise quand il accepte finalement, bien sûr il accepte. si poli, s’excusant. non, ce n’est pas logique. ne pas se poser de question, partir. « of course, sure » parce qu’il faut avancer un pied devant l’autre, et s’il met trop de temps à lui demander s’il est sûr de vouloir partir avec un inconnu vers l’inconnu, il pourrait changer d’avis. saem avance, jette un dernier regard pour se convaincre qu’il le suit bien, hésite à attraper son bras mais se retient. ne voudrait pas perdre la souris dans ses filets. les gens qui se déplacent quand ses yeux se font moins doux à leur encontre, « move » entonnés pour ceux qui auraient envie de l’empêcher de kidnapper le prince. c’est un kidnapping.
et une fois que la foule est derrière, qu’il passe une grande porte dans ce lieux emplis de grande porte, il se retourne, « you’re not going out like that though » ajoutant naturellement, « don’t get me wrong, you do look handsome in this, but that’s not very casual » si peu de temps qu’il le connaît et cela fait déjà la deuxième interdiction qui franchit ses lèvres. il voudrait lui interdire de ne pas vivre. il a bien gardé un change dans ses affaires au vestiaire, sacrifice pour la bonne cause, il pourrait laisser son sac et prendre juste sa veste, revenir le lendemain en prétextant avoir oublié par erreur. excuse qui pourrait peut-être lui permettre de l’apercevoir à nouveau. plan sur la comète. « give me your coat, and i’ll be back with something better »
 

(ootd) l’adrénaline pulse en ses veines, elles cognent contre ses tempes, le gamin est pleinement conscient de son erreur et des futures répercutions mais l’inconnu l’appelle et il n’arrive pas à l’ignorer. ce sera juste une seule fois, juste ce soir. et puis il retournera dans son palais après s’être fait sermonner, taper sur les doigts par la chef de cour qui dira sûrement « gardons cela entre-nous, votre père n’a pas besoin de savoir » avant de lever les yeux au ciel et marmonner qu’elle est trop vieille pour ce genre de frayeurs, qu'ils essaient tous de la tuer.
un dernier regard vers sa soeur et il disparaît dans la foule, la tête baissée pour ne pas voir les regards paniqués des invités. ils vont parler du prince suivant le mystérieux chanteur lors du défilé de charité, et sûrement ces commérages arriveront-ils aux oreilles de maman.
il ne veut pas y penser.
sourit pour lui même en passant la horde de hyènes.
tout est beaucoup plus silencieux dans le couloir réservé au personnel. il n’y est jamais allé, yesun ne connait que les quartiers réservés, les hauteurs sécurisés, les salles spécialement aménagées. et alors il reste planté là en attendant la suite. maintenant quoi ?
aux paroles de l’inconnu il baisse les yeux vers sa tenue…yeux de biche rencontrant les siens en questionnant du regard. « but i don’t have anything else to wear. » peut-être que c’est une mauvaise idée. peut-être qu’il n’est pas trop tard pour faire demi-tour et retourner dans sa vie bien rangée. et même lorsque saem disparaît dans les vestiaires, il reste planté là, le pied secoué, regard à l’affut de minsu qui pourrait apparaître et l’enlever avant même qu’il ait goûté à la liberté. lorsque saem revient c’est un soupir de soulagement qu’il retient dans le gosier. une veste en cuir dans les bras, il devine rapidement qu’elle lui ait destinée. et lorsqu’elle finit sur ses épaules la chose devient plus concrète. il s’apprête à s’échapper, pleinement conscient de ce kidnapping consenti. il ne pense plus vraiment aux conséquences ni à toutes les personnes qui pourraient le reconnaître. aveugle de tous les dangers qui l’attendent. il n’a pas le temps de s’inquiéter, tiré par le bras vers l’extérieur. la nuit est noire mais ne fait que commencer. « where are you taking me anyway? »

peut-être qu’il fait exprès de laisser plein d’opportunités pour qu’il puisse partir. qu’il lui dise que finalement, c’était drôle un instant de faire semblant, mais il a d’autres choses plus importantes à faire que d’amuser un rebelle épouvantail, pacotille. saem, il a les sourires charmeurs, pan dans la forêt jouant de la musique, ne se demandant pas s’il sera là à son retour. lorsque l’employé aux vestiaires a l’air de questionner le fait qu’il ait une veste bien trop cher sous les bras. il récupère sa veste en cuir, se demandant s’il ne devrait pas la porter et au pire lui donner cette veste de costume inconfortable, néanmoins l’envie de le voir avec est plus tentante. mille fois plus.
pas de soupir de soulagement de le voir toujours présent, mais il ne cache pas qu’il a raison, c’est effectivement mieux de le voir ainsi. « i knew it was better » dans quoi il l’embarque ? il ne sait pas lui-même, mais la soirée s’améliore chaque seconde. il prendrait une photo, s’il y pensait. si on lui accordait. qu’ils sont déjà dehors.
et saem, il ne dévoile jamais ses secrets. « told you, we’re going somewhere with super great water since that’s what you like » mystérieux pour rien, voulant quand même le voir boire autre chose que de l’eau sinon à quoi ça sert, sachant qu’il pourrait faire demi-tour « right now, we’re going to take something magical called a bus » et a-t-il déjà pris le bus dans sa vie, l’air frais frappant en pleine poitrine. il l’arrête un instant, « wait, » glissant sa main dans la poche de sa veste portée par le prince, sa propre veste encore sur lui, pour en sortir un masque, étant beaucoup trop proche juste pour lui mettre le masque sur ses oreilles. yeux doux. « there’s a lot of pollution outside tonight » qu’il dit pour se justifier.
 

(ootd) il doute, yesun. il doute lorsque ses yeux rencontrent ceux du joueur de flûte. en quelques minutes il a réussi à l’attirer dans son piège et peut-être n’est-il pas trop tard pour faire marche arrière. la poche de son pantalon vibre.
ça commence.
il vérifie juste pour être sûr, sort le téléphone pour découvrir trois appels manqués et un nouveau en cours. range l'appareil dans la poche de la veste qui n'est pas sienne.
l’adrénaline semble redescendre. montagnes russes infernales…il se demande comment yeji peut être si insouciante, si téméraire. il a voulu essayer, guidé par une force à laquelle il ne pouvait résister, et maintenant les doutes s’incrustent dans l’encéphale.
est-il tout à fait sot ? suivre les manigances d’un inconnu sans broncher. yesun est connu pour être passif, mais pas pour être bête, et il est conscient que seul le mal peut résulter de cette soirée.
il a voulu goûter à un nouveau monde juste le temps d’une danse, le temps d’une nuit. mais est-il réellement prêt à se mêler à la société ?
et saem est-il réellement qui il prétend ? ne pas connaître le prince si médiatisé…son visage calqué dans tous les magasins de souvenir, les journaux et réseaux sociaux.
stupide, yesun.
tu ne prendras pas le bus avec lui ce soir.
qui sait où il te mènera ? (à ta perte, sans aucun doute).
le masque sur le nez, il n’est plus personne. minsu pourrait sortir et passer devant lui sans lui adresser un regard. minsu qui vibre contre ses côtes, appels incessants. « i’m sorry, that was stupid. » oui, il a été bête. bête de croire à une liberté éphémère. bête d’être si aveugle, si confiant. « i don’t know what i was thinking. » et il enlève son masque pour redevenir prince. prend soin de l’enfermer soigneusement, méticuleusement dans la poche. « i don’t even know you. » tu pourrais me tuer ce soir. veste retirée, la brise nocturne s’immisce entre les tissus fins de sa chemise blanche. il lui tend le vêtement, n’ose pas le regarder dans les yeux. « here. it’s a bit cold tonight. »

il sait que ce n’est pas la personne la plus intéressante de la soirée. après tout, il est entouré du meilleur de jour comme de nuit. des gens qui ont fait des études, qui sont bien nés et ont tout fait pour s’élever dans ce monde faux. peut-être qu’il est faux comme les autres.
dépassé, l’observant faire, là et pas vraiment là. il n’a pas réussi à l’amener jusqu’ici pour qu’il regrette et ne saute pas le pas. ce n’est pas si dur de sauter, il suffit juste d’avoir un peu d’impulsion. il ne veut pas finir seul ce soir.
« but you could know me »
alors il ne prend pas sa veste, le prince peut la laisser tomber par terre s’il le souhaite. « i’m sorry if i’m too much, i don’t want you to do anything you don’t want.. » et saem, plus doué à réciter des paroles douces apprises par coeur que de les trouver immédiatement. tangible, éphéméride. « it’s just - you seemed bored and i know a great bar in yesul near the beach that’s not full of people whispering whenever you breath » honnêteté qu’il n’a jamais appris à faire autrement, voulant s’amuser mais les montagnes russes sont toujours plus drôles à deux. montagne russe, maison hantée. envie de tenir sa main en ayant peur. alors il se sent mal, alors il continue, parce qu’il fallait bien qu’il lui dise à un moment, et plus le temps passe plus cela risque d’être compliqué à annoncer. cherchant son regard, car il n’avoue jamais rien en regardant ailleurs : on affronte le danger vaillamment, en prenant une dernière inspiration « and there’s a lot of people whispering around the prince, so do you really prefer them over me ? » joking, but maybe not.
 

(ootd)
le regard fuyard et le coeur palpitant. il aimerait que saem prenne la veste et disparaisse dans la nuit, comme il est arrivé, sans aucun avertissement. alors il fera comme si rien ne s’était jamais passé, comme si jamais il n’était descendu chercher un verre qu’il n’a au final pas touché.
et oui, peut-être que saem est trop. de courtes minutes se sont écoulées et pourtant il sait. il sait le genre de personne qu’il est. les sourires emmêlés aux rires taquins et les regards impertinents en coin. iris pétillants d’une malice qu'on ne peut pas déchiffrer. comportement irréfléchi et impulsif. il a tout pour brûler le prince. de toute façon, il n’a pas besoin de le connaître. pas envie de le connaître.
les mensonges qu’on se répète pour éviter les déceptions.
non yesun ne doit faire confiance à personne c’est ce qu’on lui répète depuis sa naissance.
‘ les gens sont malintentionnés, fais attention. ‘ ‘ ne parle jamais aux inconnus, ils veulent tous quelque chose de toi ‘
et toi saem, qu’est-ce que tu désires réellement ?
qu’est-ce qu’un gars comme toi pourrait trouver à quelqu’un comme moi ?
et puis de toute façon c’est quoi un gars comme toi ?
jugements hâtifs et hautains.
peut-être que ses intentions ne sont pas mauvaises, peut-être qu’il veut seulement s’amuser, peut-être que c’est vrai, que yesun avait l’air de s’ennuyer et qu’il voulait juste-
et voilà le coeur qui se resserre.
il savait donc depuis le début (yesun bête et naïf)
peut-il donc lui pardonner d’avoir parlé ainsi à un p r i n c e en pleine conscience ? il ne comprend pas pourquoi il se sent si déçu si
trahi.
il ne le connait même pas. saem n’est peut-être (sûrement) pas son prénom. sur la défensive. il se redresse , dos droit comme pour affirmer sa domination, sa s u p é r i o r i t é. « so you know who i am. »
pointe de déception dans un murmure étranglé. à quoi s’attendait-il ? quelles étaient ses pensées? « and now i’m supposed to trust you ? who knows what your real intentions are. » beaucoup de scénarios se bousculent. peut-être que le kidnapping n’était pas si métaphorique qu’il en avait l’air. « do you realise how dangerous this is ? you could go to jail for that. » il ne peut pas être associé à des gens si insouciants. « how can you be so careless ? »

pas du genre à avoir de regret, plus du genre à assumer ses erreurs, qu’il ne fait pas, jamais d’erreur commises. juste des choix parfois moins bons. il voit la déception dans ses yeux, et ce n’est pas si drôle tout d’un coup. ne sait plus qui est le chat ou la souris. bien sûr qu’il sait, tout le monde sait. techniquement, il ne lui a pas menti, il ne lui a jamais dit qu’il ne savait pas qui il était. loi du silence. « literally my only intentions tonight are to have fun after work » qu’il y croit ou non, ça ne le concerne pas.
scintillement dans ses yeux quand il parle de prison, de vivre dangereusement. c’est adorable, cette manière d’accuser sans scrupule, sans vergogne. assumer le pire, et n’être pas très loin de la vérité. le problème est qu’il aime se brûler sur la cire des bougies, passer ses doigts à travers les flammes des briquets de ses amis. toujours ceux des autres, n’en a pas lui même. alors il n’étouffe pas un rire, l’habitude d’être négligent, ne le laissera pas être supérieur car c’est un être humain comme lui, m o r t e l « that’s the thing handsome, i’m always careless » et d’autres choses qu’il aimerait lui dire, de l’amener en prison s’il veut, de lui parler mal s’il veut, de continuer à être déçu s’il veut, car il voit bien qu’il veut se brûler au danger. une idée, alors qu’il tapote les poches de son pantalon, « you can check my id if you want, i’m not a dangerous criminal. not yet » ce qu’il ne devrait pas rajouter en fin de phrases, trop tard alors qu’il lui montre sa carte, « it’s a real one, i pinkie swear it » puis ils sont déjà dehors, autant ne pas rester ici, autant y aller, « do you want me to beg you to come, your highness ? » miel dans sa voix presque moqueur. il devrait courber le dos, être doux et aimable, pas dans ses habitudes. faisant déjà beaucoup d’effort, ce que le prince ne peut évidemment pas savoir. last call, are you coming with me ?
 

(ootd)
réalisation soudaine que le gamin doit être de ceux qui rêvent de voir la tête du roi sur un piquet. qui d’autre oserait s’adresser à un prince de cette façon?
il lui vomit son impertinence et semble se délecter de ses réactions, yesun habitué à ce que l’on s’adresse à lui comme à un demi-dieu est vite redescendu chez le commun des mortels.
pied d’égalité désiré mais peu apprécié. yesun se découvre irascible ce soir
paradoxal.
dérangeante sensation d’être moqué alors que saem brandit sa carte d’identité, la secoue devant son nez. les traits du prince restent fermés, il n’accorde même pas un regard au bout de plastique. tenterait-il de se montrer menaçant, menton relevé, mâchoire serrée ?
ou alors sa réaction témoignerait-elle d’un véritable agacement ?
pourtant yesun est faon et saem chasseur
le fusil pointé sur lui il ne demande qu’à ce qu’il tire, près à lâcher prise, accepter, parce que sûrement regrettera t-il de ne pas avoir essayé. la peur de rater quelque chose, passer à côté d’un je ne sais quoi (à côté de sa vie) « why ? » sourcils plissés dans un questionnement soudain. le chanteur se serait-il fait des idées, parce que yesun a eu le malheur de trop longtemps le regarder ?
(il a raison)
la veste n’est plus tendue vers son propriétaire mais repose entre ses bras. le corps accepte sans qu’il ne s’en rende compte mais l’esprit bataille toujours, pensées qui s’entrechoquent et explosent et ne laisse plus respirer. « why do you want me to come with you so badly ? » serait-ce pour te moquer encore un peu plus, pour m’attirer dans un monde où je suis méprisé ?
il n’arrive toujours pas à le cerner. l’intuition lui dit de prendre sa main et ne pas se retourner. la raison, elle, lui explose de rire au nez de penser que cette soirée pourrait bien se terminer.
et il y a saem qui le regarde
il y a les vibrations qu’il sent dans la poche
puis les quelques secondes de réflexion où les voix lui hurlent d’y aller et de rester ici en même temps
et si yesun s’autorisait des jurons, il se serait exclamé ‘ et puis merde ‘ en regardant son téléphone (8 appels manqués, 5 messages). la veste renfilée sur les épaules, le masque sur le nez
résignation silencieuse.

c’est vrai, pourquoi ? pourquoi est-ce qu’il s’obstine autant à être insolent, ne s’abstient pas l’arrogance face à personne, même pas face aux lions en cages ? il a jeté son dévolu et c’est tombé sur lui. à moins que ce ne soit le contraire, que le prince ait provoqué sa (mal)chance. coup du sort d’avoir été fait si beau, d’attirer les papillons de nuit vers la lumière. il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
alors faisant semblant de réfléchir avant d’être sûr de sa réponse, sérieux dans sa voix, toujours sérieux « because you’re cute » et je l’ai dis, je le redirais, tu as l’air de t’ennuyer dans ton palais doré, à tourner en rond et tomber dans le vide.
au pire, mieux vaut être seul que mal accompagné, s’apprêtant à lui prendre sa veste alors que la revoilà sur ses épaules. il lui faut une secondes et puis quelques secondes supplémentaires, contenant tout mot de travers qui pourrait le faire partir, le coeur déboussolé mais satisfait. non, il n’est pas si méchant. est-ce qu’il devrait le remercier de le gracier de sa présence ? est-ce qu’il peut prendre son bras, maintenant qu’il n’est quasiment plus prince, est-ce qu’il s’enfuira s’il fait un faux mouvement ? le chanteur accepte le silence, tellement rare. lui qui a éternellement, constamment, quelque chose à dire. et quand il aperçoit l'arrêt au loin, ne s'étant pas rendu compte d'avoir déjà autant marché, alors qu’ils sont encore ensemble. « i’m glad you decided to come. i’m sure you’ll have fun » sincère, tandis qu’il aimerait qu’on le prenne au sérieux tout en continuant de ne pas l’être assez souvent. mais réellement sincère. « but maybe you should turn off your phone ? »
 

(ootd)
regard revolver en guise d’unique réponse - et pourtant c’est saem qui lui tire en plein coeur. ce genre de compliments semblent facilement s’évader des lèvres du chanteur, et yesun ne sait pas si tout ça fait parti de son jeu ou sa personnalité.
devrait-il lui dire que ça le gêne, qu’il se sent presque…
courtisé ?
non, saem ne joue probablement pas dans ce camp
et yesun non plus, de toute façon.
soupir de soulagement retenu lorsque le silence l’accueille. gamin perspicace, sûrement a-t-il deviné qu’un seul mot de sa part et yesun se retournerait sans un regard (l’aurait-il vraiment fait?)
et seulement lorsque les lumières du palais des fêtes s’affaissent au loin il réalise qu’il ne peut plus réellement faire marche arrière. silence pesant mais peu dérangeant alors qu’ils marchent sur les sentiers du palais, ceux qu’il n’a pas le droit de fouler sans être accompagné…douce symphonie des criquets et du téléphone qui vibre, vibre sans s’arrêter.
les paris avec lui-même sont de vingt nouveaux appels manqués.
et il se sait pertinemment traqué, n’arrive pas à comprendre comment, pourquoi il n’a pas encore croisé d’hommes en costume et aux pistolets cachés.
plus il avance et plus il regrette. saem de moins en moins bavard et lui n’a jamais été bon pour tenir - créer une conversation. il voudrait lui dire qu’il espère qu’il n’a pas trop froid, mais il est coupé dans son élan lorsqu’il ouvre la bouche pour inspirer.
il aimerait s’amuser, lui aussi. mais la soirée est déjà gâchée par les angoisses et le téléphone qui lui rappelle ses responsabilités. se sent soudainement bête. il ne s’appréciera même pas la nuit qui l'attend. ne touchera pas un verre d’alcool (jamais). continuera de cacher son visage car c’est la seule façon de se sentir en sécurité.
il racle sa gorge.
« probably not. » réponse hésitante et presque murmurée. aucune hostilité, juste les doutes qui l’emportent en même temps que la brise.
l’appareil sorti de la poche aux paroles du débauché. il a perdu son pari. vingt-six appels. dix messages. dont trois de sa soeur qui rit du malheur de minsu et lui demande où a-t-il bien pu passer.  « i must always keep it on. but perhaps i should put it in silent mode. » pour accompagner ses paroles ses doigts pianotent dans les réglages - avec difficulté, perturbés par l’écran d’appel incessant.
il réussit finalement, soupire de soulagement. et ils sont arrivés, l’abris désert et obscure, réalisation soudaine. « i just realised i don’t have enough money to pay for the bus. actually, i don’t have any money on me. » comment profiter d’une soirée sans argent ?
matérialisme princier. « i knew that was a bad idea. »

si ça avait été quelqu’un d’autre, il lui aurait pris son téléphone depuis longtemps, aurait éteint l’appareil et gardé précieusement dans une poche interne. ça lui arrivait de faire ça à sang, surtout après avoir bu et que les mauvaises idées de recontacter des ex germent dans les esprits désorbités. puis son propre portable, il y répond quand l’envie lui prend, le mode silencieux toujours actif, n’étant pas sûr qu’il ait même été un jour autre que sur vibreur. il y jette un coup d’oeil, amusé de remarqué la longue file d’appel. des gens qui s’inquiète pour lui; par sa faute. « perhaps you should » lui qui détestait la manière posh de parler des gens de son entourage, pourquoi trouve-t-il cela mignon maintenant ?
et saem le regarde, essayant de trouver du sens dans l’ironie d’un prince sans argent. il est vrai qu’il lui a pris sa veste, mais pas de portefeuille dans son intérieur. il n’aurait pas besoin de se balader dans sa propre maison avec son portefeuille. de toute façons, saem paye toujours plus qu’il ne le faut pour ses amis, finissant les fins de mois sans regrets. et l’idée qu’il lui devra une dette est encore plus intéressante, mais il ne tient pas de carnet de compte, pas le temps « don’t say that, that’s stupid » figé, deadpan, ne devrait probablement pas parler ainsi, trop tard « i can’t believe you don’t have a bus card, i’m truly shocked » heureusement qu’il recevra plus tard un chèque du même palais d’où provient le prince à ses côtés, « i’ll pay for you, since it’s my fault and all » le bus qui arrive rapidement, le chauffeur qui ne fait pas attention, concentré sur la route,  le ticket qu’il tend à l’enfant doré pour l’observer douter de la manière de valider, bus qui redémarre et qui fait tanguer légèrement, alors il le retient de tomber  « watchout »  murmuré, tandis qu’il réussit finalement à composter. retenant toujours son bras pour l’aider à s’installer sur un siège, quotidien des sièges inconfortable bien loins des coussins de plumes auxquels il doit être habitué, lumière incertaine. saem se mordant les lèvres, n’arrivant pas à résister la question qui suit, « have you ever taken the bus, like once in your life ? »

 

(ootd)
l’idée de se savoir endetté ne lui convient pas, d’autant plus envers quelqu’un qu’il ne connaît pas.
combien coûte un ticket de bus, de toute façon ? il voudrait lui dire qu’il n’en pas besoin et qu’il se contentera de faire demi-tour et le laisser mais le bus arrive, et il a tout juste le temps de s’incliner respectueusement avant que l’engin ne s’arrête. « thank you. i’ll pay you back as soon as i can. »  
appareil presque vide si ce n’est que les jeunes filles du fond qui se mettent à murmurer en voyant les deux garçons entrer. yesun n’ose pas les regarder trop longtemps - et si elles le reconnaissaient ?
nouveau monde pénétré. le ticket en main, il le regarde un instant, puis saem. n’a pas envie de s'embarrasser alors il tente de le valider (dans le mauvais sens) (encore une fois) (à l’envers maintenant)
si long que le bus redémarre, et bien qu’il tente de se rattraper sur l’équilibre de ses pieds, saem lui évite le pire. signe poli de la tête pour le remercier - il bénit les cieux pour le masque couvrant son faciès empourpré.
le siège est inconfortable mais l’adrénaline l’empêche d’en être dérangé. réalisation soudaine de ce qu’il est en train de faire alors que le palais est déjà bien trop loin pour revenir sur ses décisions impulsives.
jamais sûr si saem se moque de lui ou si sa curiosité est seulement mal placée. subtilité indécelable pour le gamin qui ne connait rien d’autre que le premier degré. il ne réfléchit pas lorsque boudeur il s’exclame « yes?? » c’est f a u x. « i mean…no. not really. » pourquoi prendrait-il le bus alors qu’on peut le conduire partout où il le désire ?
et de toute façon, il ne sort pas tant que ça. événements, galas de charité, plus rarement des premières de films auxquels il est invité. yesun ne va pas se balader sur les avenues bondées ou s’installer dans les petits cafés à thème qui le font rêver. mondes opposés. il n’ose pas vraiment le regarder - n’apprécie pas spécialement sentir leurs bras se frôler, proximité gênante à laquelle il aimerait s'extirper. les yeux suivent les lampadaires qui défilent rapidement à travers la vitre sale. « i’ve never really had the opportunity to do so. »
il voudrait blaguer, lui demander si lui, de son côté, a déjà voyagé en jet privé.
mais il est trop respectueux, trop
coincé.
alors il se contente d’observer les alentours en bataillant avec ses pouces, jambe secouée, regard à l’affut du moindre danger.
silence pesant et les pensées se rajoutent au poids. il ne sait pas quoi dire. n’a rien d’intéressant à raconter. l'agneau face au loup. « i apologize, i’m not very good company. » c’est ce qui arrive lorsqu’on ne s’intéresse à quelqu’un que pour sa belle face.
beau mais vide.

lui n’a pas de masque pour cacher ses expressions, mais même quand il porte un masque : yeux qui le trahisse immédiatement, lueurs qui ne trompe pas, échos brillants d’un enfant candide. mélange d’étonnement, et de se sentir mal de remuer le couteau. parce que c’est tout l’inverse de ce dont il a l’habitude, de respecter les règles établies et ne jamais vouloir essayer plus, même pour simplement prendre le bus. pas que ce soit si intéressant de prendre le bus, il ne loupe pas les trajets trop long avec des écouteurs qui marchent à moitié, la tête qui se cogne contre la vitre et la ventilation qui empêche de dormir. les rêves éveillés, les trajets qu’on veut qui ne finisse jamais, dire au revoir une demi-centaine de fois à ses amis manquant de louper leur arrêt.
« then i’m glad your first time is with me » sous-entendu, espérant détendre le jeune lion si perdu dans le domaine qu’à appris à dompter saem, n’hésitant pas à appuyer son pied sur le siège en face de lui, n’étant pas gêné par la proximité ou les filles au fond discutant de tout et de rien.
et tiré des chandeliers, du doré, des gens en costume, il a l’air si simple, tellement paumé. la jambe qui commencerait à stresser saem, « don’t apologize, you should never apologize for being who you are » proverbe respecté à la lettre, mantra répété en boucle depuis tant de temps, chapelet chimérique le soir avant de s’endormir, envers et contre tout. « and also you’re not a bad company, like at all » même s’il ne dit rien, il pourrait juste l’observer. pourquoi saem accepterait la compagnie de mauvaise personne, il serait parti depuis longtemps. il doit apprécier de ne pas savoir sur quel pied danser.
puis le prince a toujours son noeud papillon, et saem essaie de le concevoir sans, avec, ne sait pas s’il préfère le charme si sage avec ou l’envie de défaire des boutons, jambe qui tape toujours, saem qui se voit instinctivement poser une main pour la forcer contre le sol, « damn, relax, nothing is gonna happen » enlevant sa main, remarquant que sa jambe ne bouge désormais plus. forçant les mauvaises ondes ailleurs. étant envahissant plus qu’il ne le faut. « so tell me, » croisant les bras « i know you probably like it but i’m not gonna call you handsome forever.. you never told me your name » call me by your name and you know the rest