Elle lui manque, cruelle fantôme qui n’ose plus sortir de sa maison de poupée. Petite marionnette sous le joug parental n’a sans doute plus la force de désobéir. Mais elle lui manque. Chan petit égoïste réclame la plus douce humaine qu’il ait pu rencontrer. Nabi, papillon en cage doit être libérer qu’il pense. Même si elle ne parle pas, même si elle ne daigne pas le regarder, si lui peut la voir ne serait-ce que quelques secondes, pour se rappeler qu’elle, elle est en vie, qu’elle se porte bien… qu’elle va bien…

Inquiétude masquée par une nonchalante indifférence, le gueux s’approche à pas sûrs du quartier résidentiel où se trouve la maison de la bassiste. Il en rêve chaque jour, d’entendre résonner à l’unisson la basse de Nabi et sa batterie à lui, duo parfait, piliers musicaux. Il a sans doute un peu bu pour se donner du courage et fumé pour… parce que c’est toujours comme ça en fait. Elle le dévisagera sûrement – comme elle l’a toujours fait – et ça fait déjà sourire Chan parce qu’il trouve ça mignon.

Le voilà devant la maison ciblée. Fort heureusement pour lui, ni rottweiler ni caniche aux aboies pour venir lui manger le mollet. Inspiration, expiration, c’est le moment de se la jouer Uncharted. Avec le peu de muscles qui lui reste, le Hong s’accroche à la gouttière, puis à des pierres qui ressortent par-ci, par-là pour réussir à grimper à l’étage où se trouve la fenêtre de la chambre de la belle absente. Il manque de tomber à plusieurs reprises, doigts griffés parfois, rougis, parfois avec un filet de sang, le gamin ne le sang pas, trop anesthésié par tout ce qu’il a ingurgité.

Et enfin destination fenêtre atteinte. C’est pas qu’il la voit en train d’étudier. Il toque à la vitre, lui laisse le temps de réagir – c’est pas tous les jours qu’on a un prince pas charmant à la fenêtre en pleine soirée… - puis il commence à bougonner parce que l’endurance pour tenir accroché au rebord, c’est pas trop ça justement. Et quand elle ouvre, Chan en profite pour entrer sans se faire attendre. Peut-être trop enthousiaste pour Nabi, le jeune homme la prend dans ses bras – trop heureux de la revoir, peut-être trop high aussi. Puis, il observe la chambre en se tournant sur lui-même. « Wow, une vraie chambre d'étudiante sérieuse hein ? » qu’il sort en essayant de chuchoter, avant de s’asseoir sur le lit de Nabi sans trop de gêne. « J’viens te demander si tu veux qu’on s’fasse une petite virée nocturne toi et moi, t’en penses quoi ? »