✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩ — eden, mon eden.
la voix qui scintille dans l'obscurité du jardin, et les doigts frêles viennent s’accrocher au bras de son garde royal. Ce soir, Hyeran avait les pensées moroses, l’éclat plus effacé dans les iris. Deux ans que son père avait disparu dans les limbes, parfois, il a l’impression qu’il reverra sa silhouette assise à la grande table pour le petit-déjeuner. Il lui arrive même d’entendre ses pas dans les couloirs vertigineux du palais.
Jusqu’à sa voix. A son parfum encore ancré dans les quelques costumes qu’il a gardé de lui dans un recoin de son dressing.
Papa avait disparu un soir semblable à celui-ci et il a toujours le cœur qui se déchire à y penser.
Il veut boire.
C’est tout ce que son corps quémande. Il veut boire, plus que d’habitude et ses phalanges tremblantes autour du poignet de son cadet en sont le signe. Je suis tellement fatigué de penser. Continue-t-il dans un soupir las, enveloppé dans un hoodie trop grand pour lui et une veste en jeans. Il est loin de l’élégance habituelle, mais il valait mieux être ainsi s’il désirait passer inaperçu dans les rues de la capitale. Appartenir à la troisième branche ne le rendait pas plus méconnu aux yeux du public.
Dis, tu m’emmenes boire ? moue suppliante sur le faciès délicat, ses doigts qui s’enfoncent un peu plus dans sa chair.

solitude ; feat. @khan hyeran.
✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩ • Visage émerveillé, appellation soudaine résonnant tel un poème soufflé dans l’authenticité de la nuit. Mouvement de lèvres qui en dit long sur ces sentiments qui traversent en l’instant ; l’esprit damné, évaporé dans un ailleurs inaccessible, mais visible d’un simple regard, tant le silence suffit à le dire. Et les phalanges qui viennent doucement entourer son bras ne viennent que confirmer les songes délicats, les songes silencieux qui se cachent en cette sombre soirée. Elle est une date inoubliable ; fascinante en tout point, déconcertante et brisante. Dans le regard, le reflet nostalgique des souvenirs d’autrefois, des envies présentes. Il n’y a pas besoin d’énoncer de grand discours pour qu’Eden devine les tracas qui causent la perdre soudaine de son prince – là où le sourire n’existe plus sur les lèvres. Comme si plus jamais il n'apparaîtrait.

« Je me demandais quand vous alliez me le demander, ça a fini par arriver finalement. » La commissure s’étire doucement, à son inverse. La question n’en est pas une, le garde du corps obéît simplement aux ordres qu’on prononce différemment, mais il n’a pas le courage nécessaire pour contrer les envies de l’homme. Sa main est suffisamment tremblante pour être convaincante, et il partage sa mélancolie. « Les vêtements que vous m’avez demandé de porter vous ont trahi, mon prince. » Alors la paume de sa main recouvre naturellement celle qui a une emprise sur son bras, sans l’ombre d’une ambiguïté ni d’un geste déplacé, simplement avec toute la politesse du monde, il apaise les maux, au mieux. « Le portail du jardin est encore ouvert à cette heure-là. » Et c’est complice que les jambes guident le corps dans l’ailleurs de l’étouffement.

Que les peines s’apaisent !

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩ — Mon prince.
Les syllabes si douces entre les lèvres de son cadet, elles font fleurir une esquisse toute aussi délicate sur ses pulpeuses. Quelques années à peine depuis qu’Eden avait remplacé son ancien garde du corps et pourtant, cela avait suffi pour qu’il apprenne à le connaitre, presque comme aucun autre. Il n’avait eu besoin d’offrir nulle explications. Eden savait déjà. Il n’avait surement fallu au jeune homme qu’un bref regard pour comprendre le tourment qui le prenait au cœur en cet instant. Il lui fallait quitter cette grande demeure où le souvenir de son paternel continuait de la hanter. Ce soir au moins. Puis qu’il ne pouvait partir pour l’éternité. Ils te vont bien pourtant, j’aime te voir ainsi. souffle-t-il en baissant les yeux sur la tenue des plus casual dont il avait affublé son garde du corps, poupée humaine qui obéissait à chacun de ses désirs. Eden lui était bien trop loyal et il ne savait comment manifester sa gratitude envers lui.
Leurs mains se retrouvent et Hyeran ne tente pas de s’en déloger, il est l’unique employé du palais envers qui il se permet d’accepter cette proximité. Il hoche doucement de la tête aux paroles du plus jeune, à travers elles la promesse du secret de cette sortie. Ils quittent le palais par le portail et la voiture les y attend déjà. C’est sagement que Hyeran s’installe à la banquette arrière, les mains posées fermement sur ses genoux pour empêcher le moindre tremblement. Tu connais un endroit discret ? Il ne fallait pas qu'on le reconnaisse. Et puis, Eden sera là pour lui.

solitude ; feat. @khan hyeran.
✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩ • Complicité certaine, née sans même qu’ils ne s’y attendent, ni l’un ni l’autre. Quelque chose d’inné dont ils n’avaient jamais essayé de se séparer. Au fond, c’était comme un fil rouge, leurs doigts accrochés dans l’esquisse d’une certitude. Comme une évidence. Sans l’ombre qui s’y mêle. Sans les couleurs sombres qui s’y glissent. Simplement la neutralité des mots, la beauté des poèmes entre les lèvres, les regards pleins de sens. Et Eden, il donnerait sa vie pour cet homme. Ce prince nostalgique et mélancolique, oui, sa vie. Tant il a envie de retrouver la commissure de ses lèvres relevée, les maux mourants au fond de l’être ; ô qu’il rêve d’entendre l’éclos d’un rire rare en ces temps endeuillés. Que Dieu l’apaise ! De ces doux poèmes, de ces belles paroles, de son silence reposant. Qu’il l’apaise ! Parce que nul être ne mérite ce châtiment cruel, qu’est celui de perdre ceux qu’on aime. (Parfois même, ceux qu’on déteste.) Et Hyeran, jamais … Alors un fin sourire se dessine sur les siennes, de ses lèvres, à l’approche des mots qu’on lui offre à nouveau. Il se noie dans chacun d’eux. « Vos goûts ne sont pas étrangers aux miens. Vous m’avez tout appris. » Presque. Mais Eden ne s’en plains pas, parce que la beauté qui se dégage d’eux n’a d’égal personne. Et l’esthétisme du champ de fleurs à côtés reflètent plus encore dans le brun de ses yeux, admiratif. Ils sont si beaux intérieurement, si beaux extérieurement. Et le mérite-t-il vraiment, lui ? D’être aux côtés, fidèle et servant, de ce prince charmant ? Probablement. Néanmoins trop modeste pour le penser, sans nul doute. Mais les sentiments étaient réels ; qu'il donnerait sa vie pour cet homme.

« Il y a un endroit dans le quartier de Yesul-Gu nommé le Red Lips, ce sera sûrement plus calme qu’à Yeodong-Gu. » Sûrement moins crasseux. Sûrement aussi, y aura-t-il moins de risques là-bas, moins de pauvres à se plaindre s’ils se font surprendre. Hyeran n’avait pas besoin d’entendre les envies et besoins du peuple, pas ce soir en tout cas. Et plus que tout, ce n’était pas de son ressort. Alors les pédales sont écrasées par le poids de ses pieds, conduisant l’homme à sa destinée. Cocktail et alcool, ce soir se consument sans crainte, il n’avait aucun jugement. « Je ne sors jamais. » glisse-t-il doucement, son regard vers le rétroviseur, miroir reflet du prince. « J’espère ne pas me tromper à ce propos. » Que malgré les apparences de gens du peuple, les images ne s’enticheront pas.

Et que le malaise jamais ne naîtra.

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Tantôt garde du corps, tantôt astre sur lequel il se repose, parfois aussi poupée face à ses envies créatives, Hyeran qui apprécie souvent que l’harmonie s’empreinte à leurs tenues accordées, et ce soir n’y fait pas exception. Hoodies et vestes qui habillent leurs épaules et leur donne une allure moins sobre et, il espère pour son cas, moins princière. Royauté discrète mais toujours évidente, malgré tout. Il en demande surement trop à Eden, plus que les autres, il étreignait ses forces sans doute, envers du décor par la préférence qu’il avait envers Eden plus que tous les autres. La confiance n’existe qu’à ses côtés, parce qu’il est celui qui l’a redressé quand tout s’est effondré. Ça me va. Tout me va, tant qu’on s’éloigne d’ici, ce soir. Balbutie-t-il à l’intérieur de la voiture, alors que sa tête bascule en arrière et trouve réconfort sur le dossier de la banquette arrière. On le voulait adulte, fort et perçant, pourtant il se sent l’égal d’un enfant quand le manque du paternel se manifeste aussi rudement. Il aimerait que son père lui revienne et guide ses pas comme avant.

Le vrombissement du moteur l’empêche de parler pour un instant et doucement le paysage à travers la vitre se transforme. Je t'impose bien des soucis, mon Eden. Le murmure est triste et contrarié, il sait qu’il monopolise son existence mais comment pouvait-il faire autrement ? Comment peux-tu être au courant des bars de la ville quand tu passes tes journées à mes côtés. Il soupire, pensif de la jeunesse qu’Eden expie à son service, il accueillait la seconde moitié de sa vingtaine, tout comme lui, toujours enfermé à le protéger. Tu me pardonneras de ne pas te laisse vivre, dis ? Son regard fixe le sien, dirigé vers le rétroviseur, tandis que son bras se tend et masse délicatement l’épaule du jeune homme.

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✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩ • Demande posée sans la moindre explication donnée, mais l’évidence suprême qui en découle, simplement. Il y a de marqué dans ses milles bouquins lus et relus tant de fois, qu’un même message qui se copie et se colle à chaque fois ; celui du deuil partagé aux côtés des autres. Et dans celui que le prince se devait de faire, qu’importe le temps qui s’écoulera, Eden sera toujours une épaule où poser sa joue pour y verser des larmes invisibles ou humides. Une oreille pour écouter le silence ou sa plaidoirie. Une main tendue vers lui pour le relever sans risquer de tomber avec lui – pas aujourd’hui. Parce que plus que son garde du corps ou son favori, il est son ami. Qu’importe ce que la vie lui ordonnera indépendamment des souhaits offerts, il se sentait resté avec les bras ouverts, le sourire rare mais véritable sur les lippes conteuses de nombreuses poésies dont ils raffolent, ensemble, le parfum des fleurs jamais loin. Hyeran avait pris une si belle existence dans la sienne qu’il se perdrait dans un gouffre géant s’il n’était plus ; et de ces raisons, la délicatesse d’un réconfort soudain, que cette protection n’est ni capricieuse ni coûteuse, ni un travail ni une corvée, plutôt l’image parfaite d’une bénédiction. À remercier Dieu de l’y avoir conduit !

Garde du corps, astre reposant ou poupée ; une poésie fleurie dans un myocarde autrefois abîmé, à présent pansé. Une habitude devenue nécessité petit à petit, pourtant peu de temps en réalité s’était écoulé depuis la fois où les regards se sont croisés pour la première fois, les sourires timides sur les lèvres. Mais la confiance sans surprise, sincère ; mon Eden, mon Eden, mon Eden. L’écho entendu de nombreuses fois entre les lèvres du prince, pourtant semble-t-il que jamais l’habitude n’apparaîtra réellement. Il aime tant, ce surnom offert. Il le chérit comme aucun autre, parce qu’à y réfléchir, l’appartenance est unique. « Si on me proposait de revivre à nouveau, je ne changerais rien de mes choix. Je suis heureux d’être à vos côtés, mon Prince. » La question ne se posait certainement pas. La réponse coulait de source à ses yeux, néanmoins il préférait s’assurer que les inquiétudes de Hyeran ne grandissent pas de la sorte. Il ne voulait être nulle source de maux supplémentaires. « Devrais-je vous pardonner de me rendre utile et vivant ? » Il affiche un sourire sincère dans le reflet de glace, son corps frissonnant du massage qu’il ne mérite certainement pas jusqu’à ce qu’ils arrivent finalement. L’endroit est calme, et Eden fait le tour de la voiture après s’être garé, ouvrant la porte de l’homme dans la pénombre.

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Eden était surement plus qu’un garde du corps, parfois, Hyeran avait l’impression qu’il n’y avait pas que la sureté de son corps qu’il préserverait, mais souvent celles de son esprit et de son cœur également. Etrangement. Parler au garçon l’apaise, ses mots le bercent et il ne cesse d’être là pour lui ; indulgent, concilient, disponible. Eden avait fait de lui son univers et il était grisant de se sentir aussi important aux yeux d’un autre être, parce que cela dépassait le professionnel, le jeune homme n’avait pas à lui être aussi dévoué. Pourtant, il l’était. Et Hyeran ne sait comment partager sa reconnaissance envers sa présence, si ce n’était de mots, et de tentatives de rendre la vie d’Eden plus simple – il essaie du moins, puisqu’au final il se retrouve instinctivement à rechercher sa présence, le désir présent de se confier durant les nuits d’ivresses ou juste pour avoir l’assurance qu’il pouvait perdre l’esprit sans peur, quelqu’un était là pour le garder hors de l’eau et lui éviter les scandales.
Mon Eden, l’écho est rassurant, la possessivité de l’appellation rend sa culpabilité moins vive. S’il était sien, alors, il était naturel qu’il reste à ses côtés, n’est-ce pas ? S’il était sien, il ne voudrait être nulle part ailleurs, ni servir qui que ce soit d’autre que lui. Il détesterait qu’Eden protège un autre que lui, qu’il le laisse tous s’enflammer, qu’importe. Et les traits se dégarnissent légèrement de leur peine, le sourire reprend le règne des lèvres souveraines. « J’imagine que non. » Miroir du reflet qu’on lui renvoie, et ses doigts continuent à flatter l’épaule de l’homme jusqu’à ce qu’ils arrivent. Il attend sagement qu’Eden viennent lui ouvrir et l’aide à quitter le véhicule. Les lieux sont presque déserts et l’intérieur du bar se dévoile rapidement sous des lumières tamisées qui invitent à la discrétion et l’anonymat. Hyeran s’abandonne sur une banquette au coin le plus éloignée. « Commande-nous les alcools les plus forts qu’ils ont. » murmure-t-il simplement en repoussant le menu vers son garde à corps. Il en avait besoin s’il voulait se sentir plus léger, il avait beaucoup bu, trop longtemps, pour que de simples verres réussissent à le chambouler. Il avait toujours besoin de lui.