il se sent venir, venir et partir, ne pas être totalement ici, mais dans les étoiles qui viennent quand il ferme les yeux. puis il le sent partir, se détacher. et on en revient aux mêmes vieilles rengaines, mais pour l’instant il ne fait pas attention, parce que ça va. c’est censé allé. l’esprit : blanc. des ritournelles en interlude, des conclusions de jingle. entracte, fin, rideau, salutations et merci d’être venu.
ou pas de remerciement, pas de salut de l’artiste.

il le sent, le coeur qui tombe dans sa poitrine, qui agit déréglé, n’ayant plus de manuel d’instruction pour le guider. est-ce qu’il était si horrible pour une première fois ? est-ce qu’il a détesté ? est-ce qu’il le dégoûte autant ? est-ce qu’il aurait dû dire non ? est-ce qu’il a tout gâché entre eux ? est-ce qu’il a toujours tout fait mal ? est-ce que tout est gâché ?

déboussolé, qui ne parvient à peine à se rappeler comment murmurer son nom, se demander si c’est réel. non, il ne comptait pas glisser ce genre de sujet dans de futures conversations, mais il se sent si faible. rejeté. la tête qui cogite de nouveau, immédiatement, qui se hait. il hésite à poser une main pour vérifier si ren est toujours ren, ou alors juste le fruit de son imagination, une pomme qu’on devrait laisser sur l’arbre, il se retient. il voudrait juste se rendormir, se réveiller un autre jour et agir comme si la vie continuait normalement. il ne connait pas les aventures d’un soir en désillusion, de ne pas dormir chez l’autre, il ne sait pas comment agir maintenant, pensait honnêtement, bêtement peut-être, qu’il pouvait rester. personne ne l’a prévenu, on ne l’a pas tenu au courant. secret gardé entre grandes personnes. et son petit coeur qui s’enfonce un peu plus quand il lui propose, non, lui ordonne de se rhabiller pour partir. « est-ce que- » mais il ne sait pas s’il aimerait lui demander ce qu’il a fait de mal ou s’il aimerait juste lui demander de pouvoir rester ici un peu. vouloir juste être pris dans ses bras, qu’on caresse ses cheveux.

il pourrait faire semblant de ne pas avoir entendu, fermer les yeux, reprendre ses esprits. saem reste quelques instants sans bouger, voulant arrêter le temps. quand il était plus jeune, l’enfant était persuadé de pouvoir réussir à avoir ce genre de super pouvoirs s’il y croyait assez. une question de volonté, de manifestation dans le réel, de se refuser catégoriquement de croire en l’impossible. les super pouvoirs n’existent pas. avant de se décider à faire fonctionner son corps de nouveau, voler un tee-shirt qui ne lui appartient pas avant de partir enfiler son jean, baskets abîmées par le temps. yeux fatigués, l’observe dans l’entrebâillement de la porte, dans l'espace laissé vide entre deux choses qui habituellement se ferment. doucement, « reste ici, c’est bon, te dérange pas » besoin de marcher et défaire le fil de ses pensées jusqu’à arriver au bout de la pelote. besoin d’un semblant de contrôle, même si ce n’est pas lui qui a fait ce choix. besoin de croire que ça va aller.