Il devait être aux alentours de seize heures trente lorsqu’Eun Seom quitta enfin les écuries royales, pour un tout autre lieu. Bien qu’il n’en éprouvait guère l’envie, son père adoptif l’avait fortement poussé à quitter l’établissement pour se rendre en ville et ainsi s’imprégner de sa nouvelle vie. Légèrement intimidé, l’ancien prostitué vagabonde alors tranquillement, jetant des regards curieux dans la moindre direction. En effet, depuis qu’il avait été libéré de son enfer par la police, il n’avait guère eu l’occasion de quitter le domaine royal. En effet, depuis qu’il avait été libéré de son enfer par la police, il n’avait guère eu l’occasion de quitter le domaine royal. Le regard plein de d’étoiles et un grand sourire aux lèvres, il s’avance dans la grande rue, s’éloignant petit à petit de la principale pour prendre des chemins moins fréquentés. Mais alors qu’il avait jeté son dévolu sur un petit café à l’aspect tranquille et convivial, une masse non identifiée vint le percuter violemment. Sous le coup, l’adolescent se retrouva projeté à quelques pas seulement de l’inconnu, son regard s’ancra alors sur le visage du garçon et il écarquilla les yeux en le reconnaissant. Eun Seom entrouvrit les lèvres, mais aucune parole ne purent glisser d’entre ses lèvres, l’angoisse le prenant aux tripes à nouveau. Il baissa alors les yeux, sentant les larmes monter sous l’effet de la colère. Eux. Encore une fois, les Khan avaient le don de gâcher sa vie. Il serra alors les poings, essayant de prendre la parole en vain, et alors qu’un couinement piteux s’échappa de ses lèvres, le prince disparu aussi rapidement qu’il était venu. Encore sous le choc, il ne put détacher son regard de la direction où le jeune prince avait disparu, se questionnant un instant sur l’origine de son regard presque suppliant. La réponse à sa question ne tarda point à arriver, lorsque trois gardes déboulèrent dans la rue. Ceux-ci, s’arrêtèrent à sa hauteur le questionnant sur la direction qu’avait pris le prince, et alors qu’il aurait pu vendre la mèche, il désigna du doigt la direction opposée. Il attendit patiemment que les hommes disparaissent de sa vue, pour s’avancer vers la ruelle qu’avait empruntée le prince Haneul. « Vous… Pouvez… » commence-t-il d’une petite voix, celle-ci se brisant à chaque syllabe « sortir. » achève-t-il avant de lui tourner le dos et s’éloigner à nouveau vers le café qui avait attiré son attention quelques minutes plus tôt.

les migraines de sa situation actuelle carbonisaient son humeur. sa détente ne se suffisait pas et se transformait en un ennui visible dans le reflet de son visage au vase dispendieux et pourtant inutile qui jonchait le sol du palais. sa perception selectionnait la porte comme muse en faisant abstraction des filets qui la retiendraient à la manière d'une réclusionnaire sous liberté conditionnelle. malgré cela, il lui prit de sortir, de les interpeller même, de sorte à leur imprégner une confiance qu'il perdrait dans l'azur du ciel qui l'incarne, sa mascarade s'esquisserait en un sourire et ses mises en œuvre marcheraient dans le sens où on ne le retrouverait plus. du moins, c'était ce qu'il avait imaginé. son coup de foudre pour la solitude l'avait confondu en un récidiviste, couvert par les rues de sa capitale et abandonné aux espérances étourdies qu'engendrait une prière impulsive. de même semblait-il que cette prière lui avait refoulé son caractère si bien qu'au moment de percuter le jeune homme, il n'eut pas le temps de remarquer et encore moins de s'en vouloir pour ne serait-ce que présenter ses excuses.

les maux de son adolescence continuaient la course qu'il avait entamé derrière lui et le silence dans lequel il s'était noyé pour assurer sa cachette criait les faiblesses d'un plan mal orchestré à cause du quel haneul voyait déjà venir l'emprisonnement chaotique de sa carrière de fugueur. la question de son agresseur, entre griffe, parvint à son oreille comme le supplice d'un cailloux qui croustillait entre ses dents en faveur d'une torture des plus sadique. en même temps, son espérance en ce témoin sans nom qu'il semblait reconnaître lui rappela miraculeusement la bêtise non excusée d'il y avait quelques secondes. dans ces circonstances, il avait été évident pour lui que les prochains mots de sa victime le dénonceraient sans aucune retenu, il ne lui en aurait pas tenu rigueur de toutes façons, c'aurait été assez compréhensible. quoique, à sa grande surprise et pour son plus grand plaisir, le jeune homme ne fit rien de ce qu'il avait imaginé et à sa requête, un sourire vint éblouir son faciès auparavant déprimé. « mer- » un mot de gratitude perdu dans les vapes de l'insouciance de son interlocuteur d'ailleurs partit dans un café que le prince ne connaissait que trop mal sans pour autant que ça ne l'empêche de suivre celui qui venait de lui sauver la mise. « hey ! » sa main s'était posée sur l'épaule de eunseom de sorte à empêcher sa départ presque trop précipité pour ne par dire "fuite". « je te connais, non ? tu ne travaillerais pas au palais par hasard ? » peut être aurait-il mieux apprécier de lui demander pourquoi il semblait vouloir prendre la poudre la poudre d'escampette comme si ses traits s'alignaient à ceux de la peste. dans un fond quoique incertain, il devinait qu'il n'était pas réellement apprécié du jeune homme bien qu'il ne saurait pas en dire davantage pour éclairer sur les raisons de ce mépris. après tout, ce n'était pas cela qui allait l'empêcher de racheter sa faute. « en tout cas merci à toi, j'ai cru que j'allais y passer. et vraiment désolé pour tout à l'heure, j'étais assez pressé comme tu as du le remarquer. »

Tout s’était passé tellement vite qu’Eun Seom avait à peine eu quelques secondes pour réfléchir correctement. Lorsque l’amas de gorille en costume noir s’était approché tout courant vers lui, sa première réaction fut alors de pointer la directement opposée. Il ne savait pas pourquoi son corps avait décidé d’une telle chose, et surtout pourquoi son esprit semblait s’harmoniser parfaitement à cette décision hâtive. Encore sous le choc et quelques peu perdu, il avait pris quelques secondes avant de revenir à lui. Son regard presque vide s’était alors posé vers la direction qu’avait pris le prince, et lentement le palefrenier s’était approché pour simplement prévenir le prince qu’il pouvait sortir dorénavant. Venait-il de prendre la pire décision de sa journée ? Possiblement. Mais il ne comptait pas attendre pour le savoir, puisque la seconde suivante Eun Seom avait pris la poudre d’escampette, espérant au plus profond de lui qu’il ne comptait pas le suivre pour le remercier. Malheureusement, la politesse du prince avait été plus puissante que toutes les prières du jeune homme, et sa main s’était refermée sur son épaule.

Surpris, Eun Seom fut pris d’un violent sursaut qui percuta son corps entier. Il lui avait alors failli une fraction de seconde seulement, pour se retourner vers son supérieur et rejeter violemment la main qu’il avait auparavant posé sur son épaule. Mais alors que son geste avait éloigné le prince de lui, son regard si particulier quant-à-lui s’était depuis bien longtemps mortifié sous l’effet de la peur. Ses yeux émeraudes s’écarquillèrent un peu plus lorsqu’il rencontra le regard de son interlocuteur, et par instinct le servant fit deux pas en arrière « Ne … Ne me touchez pas ! » s’écrie-t-il d’une voix tremblante « Je ne fais plus ça ! Alors ne … Ne me touchez pas ! » répète-t-il, ses mains commençant légèrement à trembler sous l’effet de la colère et de la peur. Ce simple geste si anodin avait alors réveillé des souvenirs et un instinct qu’il désirait plus que tout oublier.

Le cœur battant à tout rompre, Eun Seom resta quelques secondes silencieux, essayant de calmer en vain les battements de ce muscle vital … En vain. Puis soudainement, son regard qui paraissait auparavant effrayé et déterminé disparu à la vue du prince. Eun Seom baissa la tête, n’ayant plus la force ni le courage d’affronter le regard du jeune homme. Il avait laissé libre court à sa peur, et les mots étaient sortie d’eux-mêmes, bravant toute forme de politesse et de protocole. « Par…Pardonnez-moi votre altesse. » murmura-t-il avant d’ajouter honteusement « Je … Je suis palefrenier au palais, ne … s’il vous plaît ne punissez pas monsieur Go pour … pour mon insolence. » implore-t-il désespérément. Si il avait bien une chose qu’Eun Seom craignait plus que tout, c’était bel et bien de décevoir celui qui l’avait pris sous son aile, et pire encore de lui faire subir le résultat de son manque d’éducation et de connaissances du protocole « Je ferai tout ce que vous voudrez … Je vous le promets. »