Nahm Hyun — Nahm, nom sans prestige, sans attente, rien qui ne présageait un avenir plus excitant que le commun des mortels. Syllabe de la vertu et du mérite, Hyun, offerte à cet enfant dans l’espoir qu’il ne s’égare jamais.

10 décembre 1998 — fruit d’un mariage où le feu de la passion a tout ravagé, c’est une nuit d’hiver qu’il voit le jour. Enfant conçu avec l’idée qu’il sera la solution aux problèmes conjugaux de ses parents. Vingt-deux années déjà vécues, l’impression de courir après le temps car la carrière d’un athlète est courte.

Coréen — enfant du pays dont il est la fierté, bercé depuis son plus jeune âge par les traditions coréennes. C’est pourtant à l’international que son attention se porte, désirs de reconnaissance au-delà des confins du royaume. Malgré tout Hyun n’est jamais aussi heureux que quand il rentre en Corée après avoir voyagé pour ses compétitions.

Aucune — et c’est peut-être ce qu’il aime le plus : cette liberté qu’il a de pouvoir créer la sienne. Nahm qu’il veut graver dans la mémoire des gens, ambitions qui se révèlent mondiales. Loyauté à ses proches tant que ça ne représente pas un obstacle dans sa carrière.

citoyen citoyen érige au statut de célibrité et modèle — Popularité indéniable, son visage est connu et reconnu, réputation impeccable en surface. Il est autant apprécié par les médias qu’il ne l’est par les autres athlètes, plaisanterie récurrente que personne ne résiste à son charme.

célibataire ; bisexuel — souvenirs de ses mains sur son corps qui le hantent, myocarde détruit par cette elle voleuse. Trauma noyé dans l’alcool, perte de contrôle nécessaire lorsqu’il s’offre à d’autres.

Patineur artistique — Prodige sur glace, c’est en tout cas ce que les journaux s’accordent à dire. Hyun au summum de sa carrière, passion toujours intacte pour ce sport, cet art malgré les sacrifices exigés pour atteindre les sommets. Couronné pour la première fois à quatorze ans, vie qui change brusquement après cette première médaille, devenu désormais l’un des ambassadeurs de son sport que les magazines s’arrachent.

Nouvellement aisé — Sourire qui charme, carrière dorée, Hyun qui s’enrichit plus les années passent. Ses sponsors sont sa principale source de revenue, vient par la suite l’argent de ses victoires et des contrats de mannequinat décrochés. Il n’a jamais connu ni la faim ni les restrictions même avant que sa carrière ne prenne son envol.

Beau désordre — Six premières années de sa vie passées dans un environnement toxique, cris et disputes comme seule berceuse. Divorce tout aussi houleux et Hyun se retrouve écartelé entre sa mère et son père, jusqu’à ce que son géniteur se plie aux demandes de sa femme pour son bien. Par la suite le foyer s’agrandit lorsque sa mère se remarie avec son coach à ses dix-sept ans, puis avec la naissance de sa demi-sœur, devenue la prunelle de ses yeux.

Hyun au centre de l’attention ; toujours. Hyun qui charme les foules par ses sourires en coin, ses belles paroles, ses attentions avec une facilité qui déconcerte, dérange. Certains diront que c’est un masque, une façon comme une autre de paraître plus aimable devant les caméras. Et peut-être que c’est le cas, peut-être qu’en dessous de ces couches de confiance, de beauté, de victoire il y a le vice, la silhouette d’une âme corrompue qui se profile à l’horizon, une impulsivité qui le pousse à dévoiler ses crocs à quiconque le trahit. Mais personne ne saura jamais la vérité. Hyun, imperméable à la critique quand elle vient de quelqu’un qu’il ne respecte pas, il rigole doucement de chacun de ses détracteurs, s’amuse de voir leur haine se noyer parmi les louanges tandis qu’il enchaîne les victoires. Il a l’âme d’un loup, calme et observateur, et s’il se fout de quelques critiques le concernant, il n’hésitera jamais à plonger ses crocs dans la chaire de ceux osant le défier ouvertement, de ceux qui oseraient s’en prendre à ses proches.

Il a la rage de vivre, de s’aventurer hors des sentiers battus, de gagner, de s’imposer, et de ses ambitions il ne s’en cache pas. Il veut le monde entre ses mains, son nom écrit en cursive dans l’histoire de son sport. Hyun, monstre de persévérance, il ne connaît ainsi ni le mot abandon ni le mot peur, il se relève après chaque chute, chaque blessure qu’importe les sacrifices et la douleur car seul le ciel est la limite. Jusqu’à elle. Elle l’a mis à genoux, et même après son départ les traumas sont toujours là, souvenirs qui le hantent à chaque toucher, baiser. Lui qui n’a jamais eu de problème pour s’exprimer, partager ses expériences dans le but d’aider les autres, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Cocktail toxique de haine, de rage, d’envie de vengeance qui le consume, il aimerait crier, pleurer et ouvrir les vannes pour avouer ce qui lui est arrivé ce soir là mais la honte l’enchaîne. Incapable même de se résoudre à prononcer le mot car l’utiliser rendrait l’incident plus réel encore, serait accepter que quelqu’un qu’il aimait lui a fait ça. Il s’enferme dans le déni, tente de ne penser qu’à atteindre son but, essaye de ne pas tressaillir dès qu’une main se pose sur son corps.