teji, l'empreinte du soleil levant dans le patronyme d'une dynastie déracinée. et mia, le prénom qui glisse sur la langue, murmure sensuel pour une poupée aux airs toujours apprêtés.

le feu qui brûle dans les veines, née sous le signe du lion. dernière de son nom, princesse choyée et cajolée, les rugissements retentissent pourtant haut et fort sous le ciel estival. brin de femme sauvage, force indéniable de la nature - on apprend vite à ne pas se fier à l'air angélique de son visage de poupée.

comme tant d'autres à hanseong, elle partage le métissage de deux puissances autrefois ennemies. mariage arrangé, gage de la paix retrouvée. mia a hérité des traits du paternel, mais c'est bien entre les deux cultures qu'elle a grandi, tentant de forger sa propre identité. polyglotte, en plus du coréen et du japonais elle a aussi appris à s'exprimer en anglais et mandarin.

peut-être une des rares familles de l'ancienne noblesse à ne nourrir aucune rancoeur. hache de guerre enterrée, les teji oeuvrent pour la paix et vouent une loyauté sans faille au monarque coréen. du moins, telle est la ligne de conduite du chef du clan que ne semble pas partager la branche secondaire de l'arbre ancestral. tensions qui se jouent dans le huis clot d'une famille voulant rester discrète.

le sang bleu des grands de ce monde, lien avec la famille royale du japon orgueilleusement cultivé. des titres envolés en fumée et ne subsistent que les quatre lettres gravées dans le marbre : teji. car malgré tout on ne saurait les oublier et il reste toujours de la révérence dans le timbre de voix de ceux qui s'adressent à eux.

un passé qui a du mal à mourir, et des caresses sur son corps qu'elle n'arrive pas à s'imaginer. mia a toujours fait preuve de discrétion sur sa vie amoureuse et ce n'est qu'inévitablement que sont nées les rumeurs les plus folles. mia est lesbienne. mia cache un mari. mia est vierge et n'a jamais embrassé personne. mystère qu'elle cultive pour ne pas affronter sa peur de l'intimité.

jamais loins du roi, les teji ont toujours un pied dans la politique. future diplomate, étudiante dévouée à son cursus de droit, mia n'accepte jamais rien de moins que la précellence - et à raison : difficile de laisser sa marque après le passage de ses trois aînés dans les mêmes couloirs de l'université.
comme tous les adolescents, mia a aussi ouvert son compte instagram, sans s'attendre à devenir victime de son succès. centaines de milliers de followers passent son profil au scrutin. poupée parfaite aux ongles toujours vernis, les likes s'accumulent sur ses ootd, passion pour la mode partagée bientôt avec le monde entier. trend setter, you saw it on her first.

il ne convient plus de présenter les rois de keijo. carte de crédit au plafond vertigineux, mais si on aime mia c'est parce qu'elle donne presque autant qu'elle ne dépense. généreuse de son temps et de sa notoriété pour ceux qui se trouvent dans le besoin.

daddy's girl assumée, le patriarche n'a jamais rien su refuser à sa benjamine peut-être trop choyée. relation d'abord difficile avec une mère qui n'a pas su la modeler à son image. parce que mia n'est pas née poupée parfaite, derrière chacun de ses sourires se cache une guerre qu'elle n'est pas encore certaine d'avoir gagné. la persona qu'elle s'est construite comme un fragile chateau de cartes.

leo sun, virgo moon, gemini rising, lawful good, though she be but little she is fierce, girl power, i believe in red lipstick, perfectionist, well behaved, control freak, polite, doll face, best dressed, daddy’s girl, you are what you do not what you say, childhood traumas, i can and i will, dream big work hard stay focused, optimism, takes guts to be kind, rise and slay, coloured hair, loyalty, mindset is everything, fire inside

mommy issues elle dit qu’elle ne s’en rappelle pas - le bonheur d’une étreinte maternelle. c’est moins qu’un souvenir, tout juste une vague impression, une empreinte de chaleur qui s’estompe, de tendresse brutalement retirée lorsqu’elle n’est pas entrée dans le moule. mia, elle n’a pas toujours été cette poupée parfaite qu’elle vend si bien sur les réseaux sociaux. avant le miracle de la puberté, mia, elle était grosse. et si le patriarche n’en a jamais tenu rigueur à sa dernière princesse, affirmant qu’il lui fallait des formes pour contenir tout l’amour qu’elle avait à donner, elle ne lisait que trop bien la déception dans les yeux maternels. cette femme supposée l’aimer sans condition posait sur elle son regard noir derrière lequel se cachait une question passée sous silence. pourquoi viens-tu ruiner nos parfaits tableaux de famille? et plus que les moqueries des enfants mesquins, c’est la honte que ressentait sa propre mère qui l’a accompagnée le reste de sa vie.

ballet comme toutes les jeunes filles de la noblesse, mia était censée s’essayer à des loisirs qui l’élèveraient au rang de demoiselle distinguée, cultivée. calligraphie, violon, piano, broderie, couture, art de servir le thé, les loisirs se sont succédés prenant l’air d’instants de torture sans jamais qu’elle y trouve son compte. mia, ce qu’elle voulait réellement, c’était danser. des yeux de merlan frit devant les petites filles dans leurs tutus roses, admirant leurs mouvements graciles qu’elle aurait rêvé d’imiter. mais la sentence maternelle était finale : ce n’est pas pour toi.

control c’est à l’adolescence qu’elle a fondu. quand il n’était plus convenable de quémander des friandises auprès d’un père qui ne savait rien lui refuser, et quand son corps a décidé de changer. débarrassée de ses kilos d’enfant, elle sentait le regard des autres changer lorsqu’ils se posaient sur elle. et elle se sentait nue mia, alors elle s’est construit son armure. poupée aux joues blushées et aux ongles vernis, robes de designers hors de prix et talons hauts pour toiser l’univers entier. poupée mia, parfaite mia. cours personnels de danse classique pris peut-être plus par désir de défier une mère qui lui accordait enfin le privilège de son temps que pour réaliser un rêve de petite fille. sucre banni de son existence, calories comptées jusqu’à l’obsession. peur dévorante de perdre ce personnage qu’elle s’est construit.

what is love séquelles d’un rapport conflictuel avec son corps, mia est ce qu’on pourrait appeler une handicapée des sentiments. incapable de prendre des avances pour autre chose qu’une blague qu’on lui ferait afin de rappeler le vilain petit canard. peur de l’intimité qui l’a poussée à inventer tous les défauts du monde aux rares personnes avec lesquelles elle a essayé de construire quelque chose. pour ne pas admettre que le problème vient d’elle. discrétion sur sa vie amoureuse qui a donné naissance aux plus folles spéculations quand le nombre de followers de son instagram a commencé à augmenter. alors elle joue le jeu mia, elle reste silencieuse, riant des rumeurs qu’elle entend à son égard et écartant d’un sourire toutes les questions jugées trop indiscrètes.

charity c’est peut-être parce que sa vie n’a pas toujours eu l’allure d’un conte de fées que mia aime donner de son temps, et de sa personne. généreuse de sa notoriété et des zéros qui s’entassent sur son compte en banque. il y a une honnêteté certaine derrière les galas qu’elle parraine. parce que mia, on l’a vue distribuer repas chauds et couvertures dans les quartiers pauvres de la ville, on l’a vue auprès d’enfants malades, on l’a vue dans les prides. et mia on l’aime pour ça. enfant de la honte devenue princesse du peuple. si ses aînés se font plus discrets, elle devient la face de la famille. le parfait embodiment d’une ancienne noble consciente de ses privilèges, loyale au roi et à ses réformes.