tout s’était déroulé très rapidement, mais tout se déroule toujours très rapidement dans sa vie, comme s’il ne pouvait pas passer une journée sans prendre de décision sur un coup de tête. les changements de plans à la dernière minute qui font partie du grand plan global de son destin. il n’avait pas prévu d’appeler yesun, ni de sortir à nouveau, et pourtant c’était tellement naturel d’enfiler une veste, d’emprunter les clés à son voisin qui ne dormait qu’à moitié en un coup de vent, descendre les escaliers et sauter les dernières marches, glisser et se rattraper au dernier moment en rigolant.
dehors, la nuit, l’air, personne pour remarquer les étoiles au dessus de sa tête. et lorsqu’il arrive au garage, il se demande vraiment si le scooter de yunwoo va fonctionner, s’il pourrait supporter deux personnes et s’ils ne vont pas avoir d’accident. ça a du charme, la couleur tellement délavée, les quelques rayures et un vieux sticker d’anime qui tient encore par des forces supérieures. saem doit bien tourner trois ou quatre fois la clé dans le moteur jusqu’à ce qu’il vrombisse et que les lumières clignotent avant de se stabiliser. casque resserré, l’autre glissé dans le coffre, et les échos du véhicule se répercutent contre les murs du parking. il pourrait griller les feux rouges, la capitale est si calme de ce côté la nuit. le monde existant à des endroits mais pas à d’autre. la seule infraction au code est le moment où il vérifie rapidement son portable pour vérifier la direction du palais, de remarquer qu’il y a bien encore un quart d’heure et une pente bien trop importante jusqu’à la demeure royale. il a le temps de cogiter et de se demander si yesun ne va pas lui dire que finalement il ne vient pas, et s’il fait ça, il pourrait aller braver les gardes aux portes et le chercher lui même. finir pour de vrai en prison. mais finalement, ils les voit, ces grandes portes traditionnelles, pourrait apercevoir l’ombre du palais même la nuit.
et tout est très calme quand le véhicule s’arrête, qu’il se gare sur le côté, il n’y a que quelques oiseaux, des hiboux, le vent, et il lui envoie un message pour lui prévenir qu’il l’attend. il n’y a plus qu’à attendre, à ne pas croiser les doigts.

‘ oh my god, he actually came ! oh my god hyung what do i do ? ‘ il s’est habillé et coiffé, a enfilé ses chaussures et pourtant le fait de recevoir un message de saem rend la chose plus (trop) concrète. kibeom a accepté en levant les yeux au ciel de le laisser s’échapper pour quelques heures, lui a demandé s’il comptait un jour - une nuit - le laisser dormir en paix. et il se méfie de la nouvelle fréquentation, yesun en est conscient (et lui aussi). mais il sait aussi que le prince en a besoin ; s’en aller. voir de nouvelles personnes (des personnes normales). un nouvel air. et il sera toujours là, toujours prêt si quelque chose venait à mal tourner.
le tissu de son sweat trituré sous ses doigts anxieux se retrouve froissé tandis qu’il hésite à envoyer un message - annuler, trouver une excuse, n’importe quoi pour ne pas y aller.
peut-être qu’au final, il regrettera comme toutes les autres fois.
et pourtant il sent que les choses seront différentes, cette fois. instinct soudain. kibeom lui dit de filer, d’arrêter de se poser autant de questions et que de toute façon, il ne sera jamais loin. et yesun le remercie une dernière fois avant de sortir affronter la nuit. remonte son masque noir jusqu’au nez où reposent ses lunettes de vue, parce qu’il n’a pas voulu remettre ses lentilles pour quelques heures.
le palais endormi, il est difficile de naviguer dans l’obscurité mais les gardes de nuit lui servent de repère. il arrive bien rapidement face à l’immense portail doré qu’un homme ouvre, puis referme derrière lui lorsque le prince est hors de sa prison. ordre de son garde du corps de ne poser aucune question.  saem est là, posté contre le scooter et yesun fait quelques pas pour arriver à sa hauteur. « hi. » il ne voulait pas le murmurer, et pourtant sa voix est presque cassée lorsque l’unique syllabe s’échappe. il voudrait se tuer. « um…this is weird. » awkward est le mot plus approprié. « and probably the worst idea in the world. » marmonné dans sa barbe. rien n’est planifié, et il n’a pas l’habitude, yesun, que sa vie ne soit pas dictée, droite, parfaitement dessinée. il prend enfin le temps de bien observer « but...yeah. hi.»

ce n’est pas quelqu’un qui doute, même quand ses yeux se ferment quelques instants sur le fil d’actualité qui défile, même quand il s’étire et que son corps est en train de lui dire qu’est-ce que tu fais, il finit par enlever le casque parce que les secondes s’étiolent. et il ne répond pas, et il se demande s’il ne devrait pas renvoyer un autre message. puis s’il ne devrait pas partir tout seul, lui dire d’arrêter d’avoir peur le lendemain, passer à autre chose. il se dit, encore juste un peu, et ensuite il part pour de vrai.
alors il se demande s’il n’a pas d’hallucination par manque de sommeil quand il l’entend murmurer et qu’il réalise qu’il est vraiment là, que la surprise et un sourire remplace rapidement les mauvaises idées. « hi » il le sait, pertinemment, qu’il brave la chance et les désastres des fois passées. volonté de faire mieux, mais ne change pas totalement « if going to the beach is the worst idea, i promise you i could find worst » sans penser à toutes les fois où il a manqué de se retrouver à l’hospital et celles où il a dû s’y rendre. pansement contre sa main qui témoigne des dernières bavures, rien ne se veut rassurant, yesun peut toujours faire demi-tour. « i’m glad you came » sincère. c’est si étrange, de ne l’avoir toujours qu’à un fil, si vacillant.
il prend le casque et le pose sur la tête plus habituée aux couronnes, s’occupe de resserrer les lanières pour lui, « is it too tight ? » ajustant, observe son travail bien fait avant de se rapprocher du scooter, n’hésitant pas à ne pas lui demander si c’est la première fois sur un scooter. a-t-il déjà fait du vélo, est-il déjà allé à la plage ? forcément que la famille royale ne connait que des vacances de luxe, entourés de photographes professionnels et d’entourage si agréablement envahissant. « okay so, » il pourrait lui dire qu’il est obligé de se tenir à lui « you can grip right here, under the seat, when i’m driving. if you don’t want to fall down that is. but you know, it’s kinda cold, so i won’t blame you if you decide to hold on to me » il enfile son propre casque et s’assoit, priant que le scooter démarre rapidement, avant de vérifier son passager, « you ready to go ? »

l’anxiété extrapole sûrement ses paroles pour lui, lui fait aussi dire les choses à moitié. se détendre à la plage n’est pas une mauvaise idée…se détendre à la plage avec saem, par contre, semble être un plus mauvais plan. pas totalement en confiance, peur de lâcher prise. et il voudrait lui dire que lui aussi, est content d’être venu, mais il n’est pas encore sûr de la véracité de ces propos.
évidemment lorsque la capuche est baissée et qu’un nouveau genre de couronne s’écrase sur sa tête, le prince a les yeux qui fuient. proximité le mettant mal à l’aise, la joue mordue, les phalanges resserrées. « no…it’s okay. » la vérité est que le casque est trop serré et que sa tête risque d’exploser, mais il n’ose pas le déranger d’avantage. ne veut plus retrouver la proximité.
un regard plus attentif sur l’engin et yesun se demande s’il ne devrait pas faire demi-tour. mourir sur un scooter aux stickers d’animés à moitié déchirés ne semble pas être digne d’un prince - ou n’importe qui. et sûrement son altesse a-t-il un désir de mort, parce qu’il écoute attentivement les instructions avant de prendre place sur le siège - hésitation brève, acquiescement. « oh, okay. i see. don’t worry, i’m not afraid of the cold. » pour lui faire comprendre que ses mains ne resteront qu’à l’arrière du siège. « are you sure you can drive this thing, though… » plus une question pour lui-même que pour saem, il sait pertinemment que ce dernier l’affirmera haut et fort, le torse bombé de fierté (avant de se vautrer contre un arbre). et lorsque ce dernier prend enfin place devant lui, il inspire une bouffée d’air pour se donner du courage. « i think so… » il n’est pas sûr d’être un jour prêt. les appréhensions, la peur de la vitesse, le manque de confiance envers le conducteur. mais il sait qu’il ne sera pas seul. « by the way…don’t freak out if a car follows us. that’s normal. » il préfère avertir tout de suite plutôt que de sentir saem paniquer en réalisant que les vitres teintées les suivent depuis trente minutes.
il sursaute presque quand le véhicule démarre - presque au point d’attraper la taille du conducteur, mais ses mains se resserrent contre le siège. les yeux fermés parce qu’il a peur, yesun, n’a pas l’habitude de tant de vitesse, tant de liberté…l’air froid nocturne le gifle lorsqu’ils accélèrent sur la route, et vient un moment où il ne se sent plus en sécurité dans sa position. enroule naturellement ses bras autour du chanteur, torse à dos, se déteste d’apprécier cette sensation. se déteste d’avantage de savoir que saem peut sûrement sentir son coeur battre contre lui. et parfois, lorsque tout va trop vite, il resserre son étreinte et se haït encore plus.
pourtant il reste ainsi toute la durée du voyage - impossible de savoir combien de temps ils ont mis, du palais jusqu’à la plage. ce n’est que l’air marin qui le ramène à la réalité, puis le moteur qui s’éteint et son pied qui se pose machinalement au sol pour ne pas tomber. le casque retiré, rangé dans le coffre, le masque chirurgical de nouveau planté sur le nez de peur que la plage soit peuplée…ça n’a pas l’air d’être le cas. quelques personnes discutent sur le sable, une semble nager dans l’eau. et yesun se sent enfin bien - mais toujours si mal à l’aise face à saem. « thank you…although i almost died twenty times. » sourire timide - qu’il ne voit sûrement pas à travers son masque pour accentuer le sarcasme…ses yeux se perdant discrètement vers la mer, juste à côté, il n’a qu’à descendre les escaliers pour y accéder. mais il n’a pas envie d’avoir l’air trop gourmand, trop impatient. alors, les mains dans les poches, il gigote, il attend que saem soit prêt pour reprendre parole. « shall we go..? » et l’impression de déjà vu lui fait froid dans le dos.

il savait qu’il allait lui dire qu’il n’a pas froid, mais il propose quand même. l’amour de se faire rejeter. sa veste en jean qui sait résistera aux vents contraires lorsque les pentes défileront, mais peut-être pas aux intempéries du coeur. il rit et évidemment, ne peut pas se retenir de répondre avec fierté, menton droit, épaules relevées, on ne lui a pas appris à faire autrement « of course, i managed to come here and i’m still alive » ce qui pourrait être plus rassurant.
mais il faudra faire avec.
et il faudra faire avec la voiture qui les suit, saem se retient de lui dire que s’il hésitait à demander à quelqu’un de conduire et que si maintenant il a si peur, ça n’a pas de sens. mais il ne lui dit pas, se contente d’acquiescer le quotidien inhabituel du prince. se dire qu’il a de la chance de lui faire découvrir le quotidien vacillant des scooters qui ont du mal à démarrer.
même quand il conduit en étant seul, il ne fait pas attention aux virages ou aux freinages à la dernière minute, préfère rire des expériences de mort imminente. alors il commence quand même doucement, pour son passager, une prudence qu’il n’a jamais, au grand jamais. la route qui s’étend, qui les engouffre, et à un moment il oublie et accélère un peu plus et retient sa surprise quand il sent des bras autour de lui. peut-être le prince pourrait remarquer le véhicule tressaillir légèrement avant de reprendre une ligne droite. il lui proposait en sachant que ça n’allait pas arriver, et lorsque ça arrive et que parfois il le sent encore un peu plus proche, il doit se rappeler de respirer normalement. ce n’est pas à cause de lui qu’il perdra les pédales.
les panneaux en direction de la plage, il n’a pas besoin de lire parce qu’il connaît par coeur le sable qui se glisse entre les roues, l’air qui change, le véhicule s’arrête. toujours vivant. il enlève son casque et secoue ses cheveux, le désordre revenant si naturellement. « it wouldn’t be fun any other way » parce qu’il faut penser mourir pour pouvoir revivre.
saem finit de ranger son casque, de verrouiller le scooter alors qu’il pourrait partir en ne faisant  pas attention à derrière lui, personne ne le volerait. ça reste qu’il ne lui appartient pas et il se retrouverait bien bête de devoir annoncer que malencontreusement, la confiance aveugle dans l’inconnu a fait qu’il doit lui rembourser, un attachement émotionnel irréparable perdu à tout jamais. plus précautionneux avec les affaires des autres que les siennes. il s’étire, « yes, we shall » pointé d’amusement face à la politesse qui ne change décidément pas. « the first one downstair won ! » qu’il s’éclipse aussi rapidement, sans attendre de réponse, le genre d’enfant auquel on demandait de ne pas courir dans les couloirs. le sable sur les marches qui manque de le faire tomber, mais il se rattrape à la barre en continuant, presque essoufflé. il se fiche d’être impatient, il ne veut pas manquer de temps pour vivre. habitude de sauter les dernières marches.


est-ce que saem gagne ?

pris de court. il ne comprend pas tout de suite ce qu’il se passe, fronce les sourcils dans l’incompréhension lorsque saem  lui file entre les doigts. court si vite que yesun a peur pendant quelques secondes avant de réaliser, trop tard (toujours). alors il se met à courir derrière lui, se plaint de tricherie lorsqu’il dévale les escaliers (manque de tomber, se rattrape à la rambarde) mais ses mots sont étouffés par ses rires. il arrive quelques secondes après lui…le sable dans les chaussures et le coeur encore un peu secoué à force d’avoir trop vite couru (et seulement pour ça).
il tente de reprendre son souffle.
secoue la tête en enfilant ses mains dans les poches de sa veste. « that was cheating. it’s unfair. » ton d’humour mais pointe d’amertume, il n’aime pas perdre mais ne le dira jamais vivement, préfère contempler le bonheur sur le visage des autres après une victoire. l’enfant est sot et fera toujours passer les autres avant lui, même les inconnus, même les âmes tachées, difficiles à cerner. paradoxal lorsqu’on sait qu’il a toujours été gamin privilégié. « also, i don’t think you should call me that. » peut-être son altesse est-elle vexée. il en avait presque oublié l’impertinence du chanteur. les honorifiques et titres officiels jetés dans la mer. « because i’m pretty sure i’m older and taller than you anyway. » remarque enfantine mais pertinente. peut-être est-ce seulement une différence de posture ; yesun est droit et fier, saem semble recroquevillé à force de porter le poids du monde.
le prince tourne la tête vers la mer, prend une inspiration. bruit des vagues et des rires au loin. la lune embrasse l’eau ce soir. il n’attend pas son chauffeur pour se diriger vers l’horizon, s’assurant de rester éloigné des groupes de personnes qui ne lui prêtent et ne lui prêteront jamais aucune attention. il sait que kibeom, lui, doit le surveiller, posté là-haut, derrière les vitres teintés. il s’assoit sur le sable en soupirant…laisse ses doigts s’enfouir, doux et froid, comme lui. « it’s been a while since i’ve gone to the beach. » et il ne parle pas des plages privées paradisiaques sur lesquelles il bronze chaque été. « i mean, not this kind of beach, at least. » et il aurait presque aimé se baigner à la lumière sélénite. « this is nice. » il se sent bien, apaisé. n’a pas une once d’anxiété. difficile d’imaginer que la première fois qu'il a rencontré saem il a suffoqué dans la foule.
et encore une fois, il réalise qu’ils sont beaucoup trop différents. yesun a tenté de s’immiscer dans le monde de saem, à travers de fausses identités et un courage falsifié. mais il restera à jamais le gamin qui n’a besoin que du silence pour se sentir en paix. « thank you again. you didn't have to. » et toujours remercier, toujours s’excuser, toujours se répéter, en faire trop, parce qu’il a l’impression de ne jamais être assez. politesse presque maladive parce que c’est comme ça qu’on l’a élevé.

saem qui se débrouillait pour ne jamais courir en cours de sport, enfant hyperactif qui n’en fait qu’à sa tête, il se demanderait s’il aura des courbatures le lendemain juste en sautant quelques marches et en riant et le goût de la victoire même minime, il ne s’en passera pas. malgré les accusations de tricherie, il ne dira pas non « you should have been quicker, that’s all » n’a aucune honte à être un mauvais gagnant. mais le sourire tient quelques instants, « and why shouldn’t i ? » et il est sûr que son père avait été déçu de ne pas le voir plus grandir. ça rajoute au charme gamin impertinent qui ne sera jamais grand et fort. « i’m not that small » boudeur, pour dire qu’il n’est pas tellement plus grand que lui non plus, et qu’il pensait aussi au petit prince de saint-exuspéry. car toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants (mais peu d’entre elles s’en souviennent) et que quand on est tellement triste, on aime les couchers de soleil, on les observe quarante-quatre fois à la suite. mais croire que saem puisse lire des livres, au lieu d’être un raté à ne rien faire. « how old are you anyways ? » il est sûr d’avoir lu quelque chose sur google mais s’en rappeler ? et il l’observe se diriger un peu plus vers la mer. certaines personnes n’ont jamais vu la mer, jamais respiré l’air marin, pas yesun bien sûr mais d'autres personnes, et saem aimerait perdre la mémoire pour redécouvrir à nouveau l’horizon bleu. la nuit n’enlevant pas la beauté du lieu.
et yesun a l’air d’aller bien, toujours tension dans les épaules et le dos droit, mais bien, il y a un étrange sentiment de fierté de se dire que c’est sa faute. ou grâce à lui. « no, thank you for coming. you didn’t have to. » et merci de ne pas faire attention aux idées reçues, à se laisser tenter par l’inconnu. il n’avait pas mais il voulait. et cela fait longtemps qu’il n’a pas juste marcher sans but. toujours se rendre d’un point a à un point b avec une idée derrière la tête, pas assez de temps pour être occupé à ne rien faire.
« it seems like you’re never fully relaxed » pour une bonne raison, mauvaise raison. les mots qui s’échappent alors que personne n’a déjà dû dire au prince qu’il n’avait pas l’air détendu. au contraire, devoir faire attention à paraître sérieux tout le temps. « i know after everything’s that happened you have reasons not to trust me. fuck, even from just your upbringings, everyone must have told you not to trust easily. that only small minded people, or idiots trusts others easily. to always be wary of anyone that’s not family, and maybe even more of your own family sometimes right ? » dans sa voix des échos de ce qu’il a déjà entendu, de la manière dont il a grandit lui même « still, i promise you, i don’t want no harm. that’s dumb because i know i can’t force you to believe me, and saying this out loud isn’t going to change anything, but i wanted to tell you anyways. you should let go sometimes » on ne commande pas la confiance tout comme on ne commande pas le respect, mais il parle toujours sans tourner sa langue plus de sept fois « or maybe you shouldn’t trust me. who knows »

les reactions de saem témoignent d’une immaturité que yesun trouve plus touchante qu’il ne le voudrait. gamin boudeur lorsque l’on mentionne sa taille bien qu’il n’ait jamais voulu le blesser (il ne voudrait jamais blesser qui que ce soit). simple observation. sourcils haussés et traits amusés lorsqu’il affirme ne pas être si petit. pourtant il l’est, yesun le sait, il en est sûr. si petit qu’il a besoin de se faire plus grand pour que le monde le regarde enfin. « i’m twenty… » comme si ça semblait évident. ne renvoie pas la question parce qu’on ne lui a jamais appris à le faire - il ne devrait pas s’intéresser au petit peuple, de toute façon.
et si saem n’était pas là, il se serait allongé sur le sable et aurait plongée la musique dans ses oreilles. des heures, des heures sans bouger, sans se lever, à parfois ouvrir les yeux pour observer les étoiles et la lune. jusqu’à qu’ils ne disparaissent pour laisser le jour germer et que yesun ne redevienne prince de corée.
alors non, il n’est et ne sera jamais totalement détendu. sans arrêt sur ses gardes, avec ses gardes. il aimerait rire, tout de suite. il se sent détendu et pourtant n’en a pas l’air. sait-il réellement comment l’être ?
il le regarde dans les yeux en écoutant le discour. parce qu’il a l’habitude d’analyser ;;  chaque clignements d’yeux, chaque serrement de mâchoire, reniflements…il a besoin de lire, toujours. et saem est un livre ouvert mais pourtant les mots sont flous. il a essayé, en vain. « aren’t you out of breath ? » moquerie, taquinerie, mais pourtant son expression sérieuse laisse planer le doute. alors il s’autorise à souffler un rire, chasse le sérieux seulement une seconde pour laisser un silence s’installer. pensif. « you see, that’s the problem with you. you’re having a whole monologue about how i should trust you, but then completely throw it away by saying i shouldn’t. what am i supposed to do, then ? » et sûrement saem se moquait, lui aussi, mais il n’arrive jamais à cerner son humour, jamais totalement. « it doesn’t really matter wether i should or should not trust you, because i won’t trust you anyway. however, i do think you’re harmless. » une pause. peut-être est-il trop franc, trop direct, sans tact. « if you wanted to harm me, you would’ve done it already. you had plenty of opportunities. » à la première soirée, quand yesun était seul et sans protection. « and that would be silly anyway, because i’ve been doing martial arts my entire life. » paradoxal en sachant qu’il ne peut pas sortir sans être entouré d’hommes et de femmes pour le protéger. « i’m just still curious about your intentions with me. you can say you don’t have any, i simply find it odd that you would try to get close to me. and after what i’ve heard at the concert last time, i’m not sure i want to get close to you. » et pourtant, pourtant il se sent attiré par l’enfant sauvage plus que par n’importe qui d’autre. l’envie de découvrir ce qu’il cache derrière l’épais manteau d’impertinence. « i’m sorry if i seem very straightfoward in my words…i don’t mean to be rude. » toujours s’excuser, même après avoir dit la vérité.  

« oh, i’ll be twenty on August, the second » il n’a pas besoin qu’il lui demande pour lui répondre et se dire du coup qu’il devrait l’appeler hyung mais il ne l’appelle déjà pas votre altesse. il ne fait pas attention à ce qu’il devrait ou ne devrait pas faire, et parle, parle parce qu’on a trop souvent essayé de le faire taire. ce n’est pas la première fois ni la dernière qu’on lui pose ce genre de question, sourire en coin irrévérencieux « never » jamais à bout de mot, jamais essoufflé. même s’il sait que ça ne peut pas avoir de sens, que yesun ne doit pas douter qu’il ait pu déjà côtoyer des nobles auparavant. tous pareils. s’il le voulait, il pourrait faire des révérences, porter des costumes, faire semblant de sourire et parler comme eux, avec politesse et hypocrisie. ou en tout cas, il se dit qu’il pourrait le faire, qu’il pourrait tenter de cacher son inconfort, qu’il ne serait pas immédiatement reconnu comme n’étant pas à sa place. mais il ne veut pas essayer. « you should do what you want. trust your instincts for once. » c’est si facile de lui dire de faire ce qu’il veut, alors que le sixième sens, le bon sens, le troisième oeil du prince pourrait lui demander de courir dans le sens opposé. mauvaises ondes.
ça l’amuse, d’entendre qu’il ne pourrait pas faire de mal. d’autres personnes ne voulaient pas faire de mal, et pourtant on s’approche trop, et avec des lunettes roses tout les drapeaux rouges sont de la même couleur. le pire, tout comme ses premières pensées quand on lui demande de ne pas faire quelque chose est de faire le contraire, quand il entend qu’il fait des arts martiaux il aurait envie d’essayer de le faire tomber, juste pour voir. mais il n’est pas encore si stupide. « i dont-» qu’il interjette avant que le prince ne continue, prévisible.
il y a les petites choses qui le vexe facilement et les autres qui n’arrive pas réellement à l’atteindre, pas quand il sait qu’il a raison et que ses actions ont des conséquences. il essaye d’être tout le temps fier, mais parfois il ne peut qu’hausser les épaules. « you’re always sorry for something » alors qu’il déteste se répéter de ne pas l’être, il va survivre, il a survécu à pire « you don’t mean to be rude but that’s what you think though, and i certainly won’t blame you. » pause, il y repense. « if someone should be sorry here, then i am. last time was… really a buildup of a lot of things. and you had no business being stuck in the middle of it. » âpreté, regrets ? pas de regrets. « to be honest, i don’t know what my intentions are. maybe just to have fun, you should try it sometimes babe » et oui, le prince lui a demandé d’arrêter les surnoms, mais il a tenu quand même assez longtemps à résister à sa vraie nature. il ne dit pas ça pour être méchant non plus, alors son regard se pose à nouveau sur l’horizon, « i bet the water’s cold as fuck » étincelle dans les yeux. personne ne se baigne à cette heure. les gens sont loins.

il aurait pensé qu’il se se retrouverait déconcerté, juste un minimum. saem semble ne jamais cacher ses sentiments et pourtant ils sont si difficiles à lire, à atteindre. peut-être le prince est-il déçu de ne pas avoir déclenché une quelconque réaction, mais en même temps soulagé de ne pas l’avoir vexé. et il est à deux doigts de s'excuser de trop s'excuser, mais mord sa langue pour ne pas laisser exploser les mots. se contente de baisser les yeux, soupirer discrètement en écoutant ce que saem a à lui répondre.
« i’m not a fan of conflits, especially if it’s not mine in the first place. i hope everything worked out with him in the end, though. » lâche qui préfère fuir ou se cacher derrière les carrures des hommes en costumes. « but it’s in the past, i guess. let’s not talk about it anymore. » mais en fait, parlons-en. parce que yesun m e u r t d’ e n v i e de savoir ce qu’il se passe entre lui et son ami ; ; curiosité mal placée, paradoxe vivant du gamin prétendant ne pas vouloir être impliqué mais qui pourtant porte trop d’intérêt à cette histoire. les théories fusent dans sa tête depuis ce soir…sont-ils plus qu’amis ? ren semblait l’aimer un peu trop fort pour que ce soit sain - et saem, lui, pas assez.
et le voilà qui vit à travers les gens parce que sa vie n’est pas assez mouvementée ( est-ce la raison pour laquelle il a accepté de s’échapper de son palais ? )
le surnom ressort et yesun sert la mâchoire. que déteste t-il le plus ? le surnom, ou l’effet qu’il lui fait ? « first, i told you to stop calling me that. » mais continue quand-même, juste un peu. « but you saw i’m not the funniest person to be around. » et il pourrait passer des heures à se rabaisser, critiquer son manque d’humour, d’intérêt. « i think i’m not really into partying…or being around people. that's why right now is perfect. » il se l’avoue enfin, il ne sera jamais la personne qu’il rêve d’être. comme sa soeur ; insouciant, imprudent. « and i don’t think it’s the kind of fun you’re looking for. »
silence. ses yeux restent fixés sur le visage basané et il se demande s’il a une idée derrière la tête - sait déjà qu’il ne le suivra pas. « yes, it probably is. the temperatures have been pretty low lately. » les yeux du chanteur brillent trop fort pour qu’on ne le remarque pas. reflet des étoiles dans ses pupilles dilatées. « but please don’t tell me you’re planning to check it yourself. »
 

il ne doit pas le connaître assez pour être vexé. il n’est pas sûr lui-même que c’est une bonne idée de vouloir le connaître, que s’il avait été à sa place il aurait évidemment pensé la même chose. ce type de pensées qu’on admet pas non plus : que l’image de quelqu’un sûr de lui, apprécié et appréciable (presque). « i’m not sure everything worked out, but we’ll see » pourtant il y a bien un certain soulagement quand il lui propose de ne plus en parler. pour une fois, la politesse du prince est bénéfique, il pourrait le remercier. s’il commence à parler, il risquerait de trop lui dire. de le faire fuir pour de bon.
de quel genre d’amusement recherche-t-il ? oui, saem s’était dit au début, s’amuser un peu et ensuite passer à autre chose. sauf qu’il n’est pas du genre à rire quand yesun s’est mis à étouffer, plus à culpabiliser et vouloir faire mieux. faire mieux et ensuite passer à autre chose. et les secondes passent, et il n’a pas envie de passer à autre chose. c’est la faute de ses réactions, à perdre le sourire chaque fois qu’un surnom innocent s’échappe, à s’excuser et être poli et être un vrai prince semblant si parfait. « i feel like i’ve said this before, but maybe i’m more than some kind of party animal who only like loud people » stéréotype vivant, le coupant avant qu’il essaie « don’t apologize. i know what i look like » ça le fait rire, et il n’est pas le seul ici à vivre en jugeant si facilement les apparences. « you’re not the funniest but that’s why it is funny. like you don’t realize actually how interesting you are, you’re unintentionally fun. no offense hand-» s’arrêtant juste avant de continuer, « i didn’t say it. look ! progress. »
justement, cela renforce son idée qu’il est vraiment intéressant sans le vouloir lorsqu’il lui dit que les températures sont basses. cela ne devrait pas être aussi adorable. interdit. et son regard revient lentement contre lui, réalisant qu’il colle quand même un peu aux stéréotypes « then i won’t tell you » sourire espiègle alors qu’il se dirige plus vers la mer, sans attendre son reste, juste pour se retourner et revenir sur ses pas quand il remarque que l’autre ne vient pas, pour prendre son bras et le tirer, « come on, i promise i won’t push you inside » il ne promet pas qu'il ne va pas l'éclabousser.

jugement trop hâtif, idées préconçues basées sur des stéréotypes fallacieux. il s'en veut, ouvre la bouche pour s’excuser (encore, toujours) mais saem le coupe alors il tente d’exprimer le regret à travers le regard. au fond, ils ne sont pas bien différents ; tout le monde attend quelque chose d’eux et parfois ils aimeraient avoir la paix, ne plus devoir se comporter comme ce qu'ils recherchent.
alors oui, saem est plus qu’un simple fêtard et yesun est trop fermé d’esprit pour essayer de tâtonner, creuser, se contente de la surface. il s’en veut pour ça. les excuses lui brûlent la gorge.
et il mettra ses joues empourprées sur le compte de la brise marine qui caresse ses traits - et non pas sur les semi-compliments qu’on lui laisse sans qu’il ne demande rien.
pas marrant mais intéressant. il ne comprend toujours pas en quoi. s’il n'avait pas peur d’exprimer sa pensée, pas peur de se rabaisser en public, il lui dirait qu’il se trompe, qu’il n’a rien à donner. rien qui en vaut la peine. qu’il n’est qu’une coquille vide, qu’il ne connait pas les nouvelles musiques, nouveaux films, jeux à la mode. qu’à part sa vie de prince monotone, il n’a rien à raconter. mais il préfère baisser la tête, les genoux légèrement repliés et les mains liées qui jouent ensemble sous le coup de l’anxiété. puis un rire, léger, trop court, timide. il aurait levé les yeux au ciel s’il n’était pas si poli. « yes, i think we’re finally getting somewhere. »
bien sûr saem se lève et se retrouve attiré par la mer presque noire. p r é v i s i b i l i t é. yesun ne bouge pas. l’observe en fronçant les sourcils mais la lèvre tirée en coin sous l’amusement, jusqu’à qu’il ne revienne vers lui, le tire en l’obligeant à se lever. ses chaussures sont laissées à l’abandon au loin alors qu’il le suit de force. « of course you won’t, unless you have a death wish. » menaces en l’air. le jean retroussé et les pieds à moitié dans l’eau, il sert les dents et les poings. « oh my god, it IS freezing… » phrase à peine terminée, le jet froid qu’il reçoit au visage le laisse déconcerté. puis il réalise que saem en est la cause, et ses lèvres s’entrouvrent sous la surprise. « what are you doing ? » questions réthorique car il entreprend le même geste, se baisse pour laisser ses doigts plonger dans l’eau et l’envoyer sur saem - le rate probablement, parce qu’il n’ose pas totalement. un rire s’échappe sans qu’il ne le remarque.
il n’aime pas rire, yesun. déteste le son, la façon dont sa bouche s’étire et ses yeux se plissent quand il le fait. pourtant il n’arrête pas. se protège lorsque les gouttes se font trop nombreuses et contre-attaque jusqu’à qu’il ait trop froid - et qu’il se souvient de qui il est, de ses responsabilités. qu'il a le droit de s'amuser, mais pas trop. « okay, okay, stop. you win. i can’t afford to get sick. »
 

yesun qui a fait des arts martiaux, qui sait dire non, pourrait ne pas se laisser tirer. mais il se laisse entraîner par les flammes et les plaintes, et les sourires charmeurs et l’envie d’autre chose que l’ennui quotidien : saem étant directement his own death wish.
les chaussures enlevées sans défaire les lacets, la veste au manches retroussées avec arrières pensées. il ne l’insulte pas de chochotte parce que l’eau est réellement froide, et il y est rentré avec des frissons dans le dos, mais ça n’empêche pas ses mains de plonger dans l’eau, geste fatidique. « isn’t it obvious ? » et son sourire de s’agrandir quand il tente de lui en envoyer sans succès, « what was that ? do you need someone to teach you how to- » provocation ne servant à rien, s’arrêtant, le froid atteignant son visage finalement quand yesun ne loupe pas. il est obligé de contre-attaquer même si avoir des gants serait bénéfique. un bonnet pour ses cheveux propres, qui finiront par sentir le sel marin le lendemain. et il se demande, est-ce que c’est la première fois qu’il l’entend rire ? il a dû l’entendre déjà, il suppose. c’est légèrement atténué par son masque, mais il est là. comme un témoignage que saem n’est pas si détestable. c’est peut-être pour ça qu’il l’écoute quand il lui demande d’arrêter.
jouant sur ses mots, même s’il a compris ce qu’il voulait dire « you can afford it, you’re rich yesun » et lui part travailler même lorsqu’il est trop enrhumé et que le propriétaire lui demande d’arrêter avant de contaminer les clients. il quitte l’eau, pense déjà aux chaussettes qui finiront trempées parce qu’évidemment, aucune serviette. « i’m sure you got tons of doctors but i’ll bring you some soup if you really get sick » et il s’en voudra et lui enverra trop de messages pour s’assurer que tout va bien, envahissant au possible, s’assurer que ce n’est pas sa faute ou réparer ses erreurs, ou vouloir le voir aller bien tout simplement. la terre ferme, il essaye de chauffer ses mains contre ses bras « it was sooo cold » besoin de se plaindre sans remord. ça valait le coup. il finit par s’allonger dans le sable de désespoir et sa mère aurait hurlé pour tout les grains de sables se glissant dans ses vêtements, finit par observer la lune au dessus. « it’s weird, i always have my ukulele when i’m on the beach. that’s weird. » la fois où ils avaient fait un feu de camp, à chanter à en perdre la voix. yesun aurait apprécié. il se rassoit, « are you hungry ? » questionne avant de se dire que cendrillon a un carrosse à prendre avant de disparaitre

ah les mauvais jeux de mots, il aurait dû le voir venir mais pourtant il plisse les yeux d'un air joueur. les ourlets de son jean sont mouillés, son sweat, ses cheveux ; il sent l’odeur salée incrustée dans son masque lui aussi dans un mauvais état. « what a gentleman, sneaking out soup in the palace. » et il se doute bien que saem ne pourra jamais poser un pied au palais - il briserait sûrement les poteries millénaires qui décorent les salles dans sa maladresse.
il se débarrasse rapidement de son masque, baisse enfin sa capuche une fois de nouveau installé sur le sable glacé. note mentale de prendre une serviette la prochaine fois.
nouvelle note mentale de ne pas penser (espérer) une prochaine fois.
il n’y en aura pas.
un sourire se farde sur sa bouche fine à la réaction du chanteur. “yes, i told you it was. what did you expect ?”
saem remarque t-il le changement dans son ton, dans sa voix ?
plus détendu, moins formel.
yesun devrait faire attention.
alors il ne se couche pas à côté de saem malgré l’envie, parce que ce ne sont pas des manières à avoir en public, il doit montrer l’exemple et bien se tenir. il tourne malgré tout la tête vers lui, l’observe quelques secondes avant de baisser les yeux – weirdo, stop staring.
“indeed, that is pretty weird that you always have your ukulele when you’re on the beach…” yesun se tente à l’humour mais il n’est pas souvent compris, parce que son intonation reste neutre et son visage ne montre rien. saem pensera sûrement qu’il a compris de travers, le trouvera plus bizarre qu'il ne le fait déjà. mais il change de sujet et yesun retient un soupir de soulagement.
il a mangé un petit repas, la veille au soir. peut-être qu’il a faim, mais pourrait très bien tenir jusqu’au lendemain – ou les quelques heures qui les séparent du petit matin. "umm…i don’t know." sûrement une mauvaise réponse. “i mean, yes, i guess. but it’s more greed than it is hunger, i think.” de courtes seconds passent, il tourne finalement la tête vers lui, fronce les sourcils. “…why?”
 

son acte de bonté si gentiment balayé alors qu’il est sérieux. tant pis pour lui s’il ne veut pas de soupe magique contre les maux de têtes, il n’aura qu’à se satisfaire du personnel et des dames de compagnies du palace. elles ont les mains plus douces, ce n’est pas si grave. « i was expecting.. less cold. summer’s coming so quickly this year » et quel dommage que son père ne puisse pas ordonner de chauffer la mer d’une directive royale. mauvais pour l’environnement. il est obligé d’enfoncer ses pieds dans le sable mais ça ne marche pas, ça ne réchauffe pas. jouer de la musique ça pourrait le réchauffer ou au moins le faire oublier. pris à son propre jeu, de ne pas faire attention aux mots. il n’est pas piqué, ça le fait doucement rire « maybe i’m weird » pitié ne me cite pas i’m a weirdo i don’t fit in je te remercie, mais se justifie alors que ce n’est pas nécessaire « but i like to play it, it’s so relaxing. it’s like, it’s best played when you’re on a beach. no one should be allowed to play it anywhere else »
un air d’Hawaii et de palmiers qu’il n’y a pas à Hanseong. que du béton et des fleurs artificielles entre les ruelles. « you’re allowed to be hungry, i swear to god » il enlève le sable de ses propres vêtements en se relevant, pour lui c’est plus simple d’être sûr de ces petites décisions. ne pas contrôler sa vie mais au moins les tout petits choix qui la compose. le chanteur n’a mangé qu’un paquet de ramen qui traînait dans le placard, alors oui, il a faim. en reposant son regard, il remarque qu’il n’a plus son masque et il aurait pu oublié qu’il disait qu’il était beau pour une raison, il cligne des yeux « i’m hungry, and there’s a street vendor still open juuust upside. i’m not sure but i think they make some corndogs or something like that. » et plus il en parle, plus il a envie d’y aller. « do you want to come ? i can buy it and bring it here if you want to stay » considérant les circonstances, alors que saem est plus du genre à demander aux autres de faire à sa place. sûrement étrange de ne pas le forcer à venir braver ses peurs encore et encore.

oui, l’été arrive et l’année passe beaucoup trop vite, les responsabilités défilent et bientôt l’automne arrivera, puis l’hiver, puis une nouvelle bougie se plantera dans le gâteau. pourtant le temps semble être arrêté ce soir. rien d’autre que les vagues et la voix de saem ne perturbent le silence et il rêverait de figer ce moment dans son esprit. ne pas avoir à rentrer au palais, être traîné de droite à gauche le matin levé.
faible fredonnement pour acquiescer les dires du chanteur qu’il écoute attentivement, hoche faiblement la tête. « i understand what you mean. playing it at a campfire, late at night...it sounds relaxing, though i’m more of a guitare fan. » yesun a assisté à un seul feu de camp lorsqu’il était aux états-unis. une des rares fois où il avait été laissé sans surveillance - peu de gens le connaissent, dans d’autres horizons;; il sait qu’il ne pourra jamais être aussi libre qu’il l’était ce soir - là.
pourtant il donnerait tout pour entendre saem jouer juste une fois.
il observe le garçon se lever et machinalement relève la tête vers lui, regarde les grains de sable s’envoler rejoindre leurs semblables.
il a le droit d’avoir faim mais pas le droit de manger.
pas à proprement interdit, mais on lui a longtemps répété qu’il ne faut pas être trop gourmand, ne pas grignoter après les repas, surtout celui du soir. il murmure dans sa barbe, comme s’il répétait les mots de la chef de cour qu’il entend depuis son enfance. « it’s not really healthy to snack, though… » et encore et toujours barbant, applique des règles qu’il n’est même pas sûr de comprendre.
pourtant personne ne sera là pour être témoin de ses empiétements. « oh, i’m not letting you buy anything. let me pay you back for last time. » il ne laisse pas vraiment le temps à saem de répondre, plonge ses mains dans ses poches avant d'en sortir des billets (sûrement trop pour deux malheureux corndogs) et les tend vers le concerné. « there, get anything you want. i think i'll stay here for a while if that’s really okay with you, i don’t get to do this often… » il ne pense pas l'avoir déjà fait un jour dans sa vie. et en même temps, envoyer saem seul le gêne. inconfortable impression de profiter de sa position. saem, pauvre roturier s’en va chercher la nourriture de son altesse.
mais il a simplement besoin d’être seul, seulement quelques minutes.
remettre de l'ordre dans son esprit trop embrouillé.
 

un jour, il prendra sa guitare, et ils iront à la plage à nouveau. il ne lui dit pas, il le note juste dans un coin de sa tête, à côté des milliers de notes de ce qu’il doit faire, de ce qu’il aimerait faire, du temps qui se perd. s’ils prennent le temps de revenir, alors cela sera pour le mieux, et sinon, ils pourront trouver des excuses pour ne pas se lamenter trop longtemps. des responsabilités qui nous assaillent, en haut comme en bas.
il se lève, même si ce n’est pas sain de manger à ces heures, saem n’a plus d’heure fixe pour manger depuis qu’il vit comme il veut. ça ne serait pas si mal, d’avoir des règles à suivre, au lieu d’essayer tout le temps de les effacer dans le sable. « what last time ? » demande-t-il doucement, réellement perdu, prenant dans sa main par automatisme et par le ton implacable de yesun, repassant dans sa tête les possibilités, réalisant mais finissant par sourire pour autre chose, même pas le temps de le sermonner, « that’s okay, i wouldn’t have asked if it wasn’t. » exemple, il ne lui a pas posé de question avant de le traîner à l'eau, ne lui a pas laissé l'ombre d'un choix. il range l’argent dans sa poche, enfant auquel on donne des pièces pour s’acheter des bonbons en boulangerie, « don’t miss me too much » et il pourrait disparaître, retourner à son garde du corps qui attend bien sagement en voiture, ou il pourrait rester là et profiter du calme. saem remonte la plage, levant les yeux au ciel en pensant vraiment au fait que son altesse n’a pas oublié pour le bus. comment lui dire qu’il ne tient pas de compte sur qui fait quoi… il paye le vendeur à moitié endormi, discute pendant que celui-ci cuit la nourriture, souhaite bon courage en le quittant, laisse un pourboire sourire aux lèvres. yesun lui a donné beaucoup trop, cela pourrait payer l’essence, si ça ne le mettait pas totalement mal à l’aise. sac plastiques en main, il hésite un instant à le laisser seul un peu plus longtemps. profiter de ne pas avoir à penser à paraître, profiter du bruit des vagues au loin. le laisser trop longtemps, et il finira noyé dans ses pensées, alors le chanteur s’avance, « hi, is this seat taken ? » et s’assoit quand même. la plage est publique après tout. si yesun lui a forcé l’argent en main, saem lui force un bâtonnet en main. ne peut pas s’empêcher de remplir le silence « i’m not sure what you’d like so i asked for the basics. one time i went to one of these stands and i thought that one of the little bottles on the side was ketchup but it actually was hot sauce. » expression traduisant le désespoir ne s’oubliant pas en y repensant « worst mistake ever but i still finished it » et il pose le bâtonnet contre ses lèvres immaculées, mange innocemment comme il mange sans arrière-pensée bananes ou sucettes. charmant comme un armement.

« the bus… » lancé comme une évidence - ça l’est pour lui. ses promesses ne s’envolent pas dans les airs, même les plus insignifiantes. il rembourse le bus et plus encore, sûrement trop, plus que ce que saem ne mérite, mais yesun ne connait jamais les limites. il donne toujours trop et fini par regretter - mais n’arrête jamais.
saem s’en va et yesun ferme les yeux. don’t miss me too much. typique. « of course he would say that. » murmuré pour lui-même tandis qu’il s’allonge enfin sur le sable. les genoux repliés ses yeux se perdent dans les astres morts au dessus de sa tête.
les pensées se suivent et s’enchaînent. il n’arrive toujours pas à comprendre saem, ne le croit pas lorsqu’il lui dit qu’il ne recherche rien d’autre que de l’amusement.
yesun chien de cirque.
il sait qu'il veut forcément quelque chose de lui. ne sait pas quoi exactement (ça le rend fou).
puis les yeux clos, il tente d’apaiser les mots qui grondent, vrombissent contre ses tempes. préfère le son des vagues.
mais la notification de son téléphone le ramène à la réalité.
kibeom.
évidemment.


soupir. il se redresse enfin, laisse ses pouces froids pianoter sur l ‘écran pour lui répondre trop rapidement.


il n’a pas le temps de ranger le téléphone dans sa poche, ni même le verrouiller qu'il vibre à nouveau.


et il n’a rien à répondre à ça, seulement des yeux levés au ciel et un soupir agacé.
surprit lorsqu’il entend la voix de saem briser le silence des vagues - il se retient de sursauter, lève la tête vers lui en l’observant s’installer. un sourire. saem a un talent certain pour raconter des anecdotes que personne n'a jamais demandé. ça le complexe, yesun, qui lui n’a jamais rien à dire. « come on, hot sauce is not that bad... » besoin viscérale de noyer ses aliments dans la sauce rouge, sentir les épices brûler les lèvres et la gorge. « thank you. »
et alors qu’il tourne la tête pour lui offrir un sourire, la vue subjective la lui fait baisser immédiatement.
il se déteste d’avoir de telles pensées, dans un tel endroit, et dans de telles circonstances. d’autant plus en sachant qu'il n’y a aucune connotation, que ce n'est que pure interprétation.
il a toujours eu honte d’en avoir. voudrait garder son esprit pur et immaculé mais il y a des choses qu’on ne peut pas contrôler.
et sûrement que saem l'attire déjà trop, sûrement n'y aurait-il pas réfléchit deux fois s'il s'agissait de quelqu'un d'autre. un ami. une fille.
alors il se décide de ne pas le regarder pour la durée du festin.
coupe le sien pour ne pas avoir à refléter ses gestes, peu importe à quel point la nourriture est huileuse et chaude sur ses doigts. porte le bout à la bouche, mâche délicatement avant d’avaler. « that’s good. i haven’t had one of these since i went to the states. » là où on en trouve à chaque coin de rue, chaque coin de plage, dans toutes les tailles et les saveurs. « i guess you always know all the good stuff. » et il ne le regarde toujours pas, les yeux fixé sur le met qu'il coupe à nouveau.

 

il sait qu’il ne va pas lui manquer en lui disant, c’est l’habitude typique de vouloir implanter l’idée qu’il puisse manquer, être apprécié. et si ce qu’il veut vraiment ce n’était pas s’amuser, mais plus le besoin viscéral d’être voulu, partout, par tout le monde. ou alors il apprécie simplement juste sa compagnie. ou il se demande à quoi il ressemblerait avec une perruque verte, et si le prince si sage se mettrait à se rebeller, ce qui ne va pas arriver. il ne sait pas, il ne réfléchit pas ni ne pense que tout le monde possède des motifs ultérieurs derrière chaque sourire. naif optimiste.
« it’s not that bad if you don’t soak the entire thing in it » la modération ne faisant pas partie de son vocabulaire, étonnamment. bêtement content parce que ses derniers repas étaient loin des repas de luxe qui peuvent être servis au palais, des ramens en boîte s’entassant dans ses placards. cela change.
il relève les yeux pour remarquer, pensant juste que c’est un autre mécanisme de prince, de vouloir manger proprement et de rester le dos droit, qu’il compte lui demander si ce n’est pas trop chaud mais facilement distrait, « of course ! my only personality trait is knowing the places to go and what to do » saem guide touristique « which makes me think, there’s this coffee shop i discovered recently with a huge library inside, it feels almost like stepping in another world, there’s books everywhere » et pour un court instant, il se sent d’en avoir dit trop, mais en y repensant, il se dit que c’est le genre d’endroit que yesun pourrait apprécier. très loin de la rébellion, coincé entre deux piles de livres aux reliures dorées et un chocolat chaud même en été. là où ça le déstabilise, d’envahir ainsi impunément son esprit, de le faire penser à d'autres endroits à voir avec lui, il revient sur ce qu’il lui disait quelques instants « but you went to the states ? that must have been so cool, where did you go ? » ne parlant certainement pas des quelques regrets inavouable d’avoir quitté ses parents, les voyages au bout des doigts, plutôt se dire qu’un jour lui et son groupe prendront l’avion pour aller partout dans le monde. ne pas penser aux autres regrets. écouter la voix douce de yesun parler de ce qu'il ne doit pas trouver intéressant alors que sa curiosité est piquée. impunément.