nuit trouble

ft @xu lina

Element étranger accoudé au comptoir, loin des habitués du lieu. Loin de ceux d'en bas qui saignent sur le sol plein de verres et de rêves brisés. Seul au bar, pas un regard posé sur la rébellion qui t'entoure. Certains te regardent, peut être qu'il y en a qui savent qui tu es. Peu importe, ce soir, toi tu bois loin de la hauteur de la ville, au bas des étoiles. Tu n'es venu que pour t'éloigner un peu de la jeunesse dorée, aucune envie de jouer aux sauveurs plutôt aux moqueurs si quelqu'un viendrait à t'importuner. Un nouveau verre, boire sans compter. Ne pas avoir besoin de compter contrairement aux âmes alcoolisées qui t'entourent et s'endettent à tour de bras. A milles lieues des affaires familiales, tu les ignorent: ce dealer et cet acheteur qui se prennent la tête dans ton dos. Ce soir c'est repos. Ce que tu crois, car c'était sans compter cette autre présence qui prends place à côté de toi. Tu juges, et tu juges que ce visage n'as rien à faire là. Autant que toi. Pourtant vous êtes là, à errer chacun dans vos pensées. Et soudainement tu te sens d'humeur à discuter avec une autre personne que toi même. Alors tu t'avances « Dis donc, il y a de l'ambiance ici. » que tu dis. L'ironie au coin des lèvres. Tu dis ça parce qu'à l'instant ceux qui se disputaient plus tôt commencent à se battre. Et ça te fais sourire, et ça te fait rire. « Deux autres. » Que tu commandes pour toi et l'inconnu(e) sans lui demander son avis.  

nuit trouble

ft @teji izo

petit oiseau chante dans la nuit obscure que seul les néons viennent éclairer. il y a toujours ce sentiment de crainte qui parcours son cœur lorsqu’elle est face à ce micro. seule face à toutes ces silhouettes qui se confondent l’une à l’autre.
et s’ils partaient tous,
qu’est-ce que je deviendrais ?
des pensées qui ne cessent de venir hanter la gamine.
alors elle ferme les yeux, s’imagine être en compagnie des autres et enfin elle peut respirer. et lorsque les quelques applaudissements de ce qui l’avaient vraiment écoutés résonnent, elle ressent une certaine gêne, elle n’était plus vraiment habituée à cela. et elle quitte ce bout de scène pour se fondre dans la masse. les bières coulent et son corps déambule dans la foule. les déhanchés rythmés par la musique et par les mouvements de ses partenaires. l’alcool lui monte à la tête, et les rires euphoriques s’enchainent les uns aux autres. ce bonheur éphémère que seul l’alcool pouvait lui offrir. et lorsque la chaleur monte chez les uns et que cela attire le froid de la gamine, elle vient se réfugier au bar. la téquila qui se déverse dans sa bouche suivi du sel et du citron. elle revit. la poupée se retourne et voit cette figure masculine bien seule. « ils ont voulu se battre pour moi, mais du coup j’suis partie parce que ça m’intéressait pas » qu’elle dit avec un certain sourire au coin des lèvres. son regard détaille la silhouette de l’inconnu d’un air intéressé.
et s’il était riche ;;
ces pensées traversent un instant son esprit.  
« merci bien, mais je ne paierai pas ma tournée » parce qu’elle n’avait pas le portefeuille rempli et que cette fin du mois allait être plus difficile que la dernière. lina attrape le verre et le vide d’un traite. elle grimace un peu, ce n’était pas ce qu’elle buvait habituellement. « qu’est-ce que vous faites dans un tel bar ? hmm j’pense pas que ce soit pour vous battre avec les autres. je me trompe ? »

nuit trouble

ft @xu lina

Néons rouges qui se reflètent dans tes yeux à l'entrée du bar, première fois que tes pieds se posent sur ce sol taché de mauvais sang et mauvais alcool. Au fond, sur ta gauche, une jeune femme qui pose sa voix sur un micro, voix amplifiée qui devient écho plus tes pas te mènent à l'opposé. Sur ta droite, tu te rapproches du comptoir, jusqu'à y prendre place. Au loin des applaudissements, certainement que la prestation de la belle touche à sa fin. Et derrière, depuis un moment, des voix qui s'élèvent. A celui qui parlera le plus fort. Comme tout le monde ici: tu les ignore. Il y a ce visage que tu n'ignore pas; celui de la chanteuse (que tu ne reconnais pas). Il y a aussi les deux autres qui se bagarrent dans votre dos. Un rire et une occasion pour la conversation. Tu commandes deux verres. « Oooh, rien que ça. » Que tu dis, un sourire en coin aussi. Puis les verres glissent sur le comptoir. Elle grimace, toi aussi, pas parce que l'alcool est fort mais parce que tu en as bu du bien meilleur. En Ecosse, le mois dernier par exemple. « Pas de problèmes, je peux en payer quelques uns même si je n'ai pas pour habitude d'offrir ... ça. » Réponse insolente devant le barman; mais tu n'en as que faire. Elle te demande ce que tu fais là. « En effet, il n'y a rien ici qui vaille la peine de se battre. » Dis-tu en regardant autour de toi. L'apparence et les mots ne trompent pas, tu n'es pas l'un d'eux. « Je suis ici pour prendre l'air. » Phrase et évasive, tu souris. « Et vous ? » Réellement curieux car avec la foule, oui tu n'as toujours pas reconnu son visage, vu en coup sur la scène.   

nuit trouble

ft @teji izo

rien que ça ;;
des mots qui ont su écraser la fierté de la demoiselle. elle n’était pas une princesse, elle n’était pas une étoile. pas des plus beaux trésors et pourtant, sa petite personne pris un certain coup.
elle n’en valait pas la peine. chose que même ce sourire envouteur ne saurait pardonner. ni même cette arrogance dans laquelle se noyait ses mots.
non, non, non.
tous ses artifices montraient bien une chose ; il était bien plus riche qu’elle. certes, ce n’était pas difficile mais c’était toujours ça à prendre. « alors vous êtes plutôt habitués à offrir quoi ? du plaisir ? de la drogue ? » elle hausse le sourcil en montrant son intérêt. non pas pour l’objet offert mais plus par le mystère qui se dégageait de ses expressions. et ses non-dits l’intéressent encore plus. sombre inconnu, qui es-tu ? une question qui ricoche dans son esprit. « prendre l’air ? ici ? » gamine lâche un rire moqueur. ce n’était pas l’endroit parfait pour prendre l’air. à moins qu’on apprécie tant l’odeur de l’alcool qui s’émanait des bouts de verres éclatés contre le sol ou encore les jetés de couteaux qui remplaçaient les fléchettes. « si je voulais vraiment prendre l’air, je me prendrais des bouteilles et j’irais quelque part loin d’ici… sur l’herbe par exemple. enfin j’irai surtout pas dans un bar aussi malfamé. » qu’elle poursuit de son air moqueur. elle s’appuie contre le comptoir et réfléchit deux secondes à la raison de sa venue ici. « on va dire que je suis là pour l’argent ? » elle se veut vague mais montre une certaine franchise dans ses mots. « oppa tu veux pas m’offrir un autre verre ? attends, c’est oppa ou plutôt ahjussi ? » et elle finit ses paroles moqueuses par un certain rire. celui qui est à demi ivre, celui qui se moque et celui qui séduit. elle le cherche. ô oui qu’elle le cherche.

nuit trouble

ft @xu lina

Ô quelle tournure prennent les choses ... Un détour dans un bar dont la mauvaise réputation n'est plus à faire comme un demi tour  pour s'éloigner des pensées habituelles. Et voilà que tu en viens en payer des verres qui s'accompagnent de mystères. Des verres offerts à une belle inconnue dans un lieu où le beau n'existe pas. Par terre de l'hémoglobine coagulée à en dégoûter les esprits les plus maniaques, peut être même à t'en dégoûter toi même. Toi qui n'as rien de maniaque et qui en a fait couler du sang. Le regard: du sol au comptoir; où se trouvent deux verres vides.  « Je peux tout offrir. » Sourire malicieux en guise de réponse. L'air prétentieux de celui qui pense que tout s'achète avec de l'argent et un nom. Ancien noble, noble toujours. « Qu'est ce qui vous ferait plaisir ? » De la plaisanterie mêlée à de la curiosité qui s’additionnent dont la somme est un rire. Soudainement la question; que fais-tu ici ? Prendre l’air que tu dis et la jeune femme elle se moque. A sa place tu aurais fais pareil. C’est vrai, quel air dans ces quatre murs miteux à l’atmosphère humide ? Tu l’écoutes avec attention. « Prendre des bouteilles et partir c’est mon quotidien ... » Aucune vantardise, de la lassitude et surtout une sincérité rare. Alors oui tu prends l’air dans un coin malfamé, loin des quais et des cargos pleins de poudre blanche. Loin des grattes-ciels et du code pénal. Tu lui retourne la question et sa réponse est aussi évasive que la tienne. « Se faire de l’argent ? Ici ? Comment ? » A ton tour tu te moques. Et puis tu esquisses un rictus. « Ahjussi ? T’as cru que j’avais l’âge d’être ton père? » Faussement vexé, le tutoiement sans réfléchir. « Ce qu’elle voudra. » Tu t’adresses au barman pour qu’il serve ce que l’inconnue veut boire « Ainsi qu’un whisky pour moi. » Une gorgée qui brûle l’œsophage. « Et moi comment puis-je t'appeler ? » Une gorgée qui enflamme les veines.

nuit trouble

ft @teji izo

« je suis du genre à prendre tout ce qu’on peut m’offrir » réponse qu’elle souffle dans les entrailles de la nuit. risette insolente qui s’accentue sur son visage. elle n’avait tellement rien qu’elle serait même preneuse pour un brin de lumière dans sa vie. voir comment les choses brillent chez les autres. toucher du bout des doigts cette richesse inconnue. est-ce si difficile de demander plus ? la gamine hausse des épaules de manière assez perplexe. quotidien qu’elle ne connaissait guère ;; chaque jours étaient différents pour elle. chaque lune apparaît différemment, chaque ressenti n’est plus le même. et pourtant la seule chose qui la hantait quotidiennement restait ce fantôme. cette sécurité qu’elle retrouvait dans toutes ses insécurités. ô qu’elle rêverait d’un quotidien calme et paisible. « à ton avis ? je vends mon corps » qu’elle dit dans la légèreté. mensonge qui ne sonnait peut-être pas si faux que ça. le passé qui revenait aussi vite qu’il était oublié. même si à l’heure d’aujourd’hui, la seule chose qu’elle vendait restait sa voix et ses supposés talents de guitariste. la face s’assombrit quelque secondes, juste le temps pour que la gamine reprenne ses airs plus enfantins pour venir piquer son aîné. même avant tant d’insolence, elle arrive à ses fins. de ses airs aguicheuses, la gamine vient lever doucement son menton. « eh bien tu me parais un peu plus jeune que lui » gamine qui n’avait pourtant pas vu son père depuis tant d’années. elle n’avait plus qu’une seule image floue qui lui servait de souvenir. « un vodka citron » qu’elle ajoute à la commande. un verre qu’elle vida aussitôt arrivé ;; elle sentait l’alcool pulsé doucement dans sa tête. « moi ? c’est lina, ahjussi. » éclats de rire, elle se rapproche dangereusement de lui posant son bras près de son cou. « je trouve que ahjussi, j’aime bien ça » les rires se perdent encore plus que l’alcool ne lui monte à la tête. « ahjussi, tu déteste ça ? » une moue de déception qui se crispe sur son visage alors que ses doigts se perdent déjà dans sa chevelure.