— outfit of the day
il se demande s’il n’aurait pas mieux fait de le garder pour lui. après tout, elle a bien réussi à garder pour elle pendant plusieurs années une identité entière et connue par le monde entier. identité qu’il lui arrivait de défendre en se moquant en plus, comme quoi c’était tout simplement impossible et stupide comme idée. pourtant il ne regrette pas de l’avoir défendu, même à tort, il le referait encore. et il sait que ça ne servirait à rien de ne pas lui en parler.
saem lui fait signe de baisser le ton de sa voix, déjà préparé, « oui, j’avais cru comprendre qu’il se laisse difficilement approcher » alors qu’elle est beaucoup trop enthousiaste pour pas grand chose. car il le sait au fond, il ne pourra rien se passer, malgré toute la bonne volonté d’entremetteuse de sa meilleur amie. perdu d’avance pour quelqu’un pourtant si souvent optimiste. ça ne mènerait à rien, et il le réalise en même temps qu’il met des mots à voix haute sur leur pseudo-relation. ce qui n’aide pas, elle est beaucoup trop heureuse pour pouvoir être arrêtée, il se laisserait presque avoir à ce jeu. « et comment est-ce que tu comptes m’aider, en l’embêtant jusqu’à ce qu’il accepte de me voir pour que tu arrêtes enfin de parler ? » le pire est que ce n’est pas éloigné de ce que pourrait être constitué l’avenir, considérant que c’est déjà la réalité de yesun acceptant de le voir juste pour qu’il arrête d’insister. que ce soit lui ou yeji au final, le résultat serait le même. duo insupportable, charybde en scylla, il pourrait presque plaindre yesun.
il regarde autour d’eux avant de répondre, « juste une fois, ou deux techniquement ? » faisant mine de réfléchir, « je t’appellerait ce soir pour te raconter. » trop long, pas envie d’en parler ici, à devoir se méfier de ce que les gens peuvent entendre ou non plus que la vraie princesse en ces lieux. « et je n’oublie pas qu’on doit parler d’autres choses aussi, » oui, il ne tourne pas les pages facilement, « ça te dit qu’on aille prendre cette foutue barbapapa sinon ? »

 

la réaction de junha ne fait que le rassurer de son bon choix de récompense et il souffle du nez, pressé de le voir faire. « ouais ouais, on verra si t'es bien placé pour me traiter de pas doué, » lance-t-il avec une once d'amertume, même s'il est bien plus heureux d'être celui pour qui on rivalise que de participer lui aussi, attention whore oblige. ils s'installent au stand, son regard scrutant tous les prix exhibés au cas où un autre lui plairait avant d'être happé par l'inconnue qui s'impose entre eux. il observe avec attention et amusement leurs interactions, prend en compte la moindre réaction de @ryu junha pour mieux les utiliser contre lui plus tard. « bah alors ? » il n'en dit pas plus, ses sourcils haussés, le sourire taquin et le regard curieux comme une sentence qu'il vient de faire tomber sur junha, jurant de l'embêter jusqu'à la fin de ses jours. « c'est pour ça que tu dors pas toujours à la maison ? » petit coup de coude dans sa côte et il continue d'observer la demoiselle (@qing jia lin) même après son départ, l'air impressionné lorsqu'elle rejoint deux autres garçons. « putain, tu te tapes les meufs des autres en plus ? je suis tellement fier de toi mec. » et instantanément il se tourne vers @hwa yunwoo, s'approchant de lui pour murmurer au creux de son oreille : « i'm a man of god, i swear. » qu'il ne ruine pas déjà toute ses chances avec lui. ils se remettent au jeu et sieon croise les bras sur sa poitrine, sa déception audible à chaque fois que le plus jeune se rate avant d'éclater en applaudissements enthousiastes à sa réussite, sautillant sur place et se jetant sur lui pour emprisonner son visage et le couvrir de bisous bruyants, sous le regard plein de jugement du gérant. « j'ai été généreux parce que tu m'as fait pitié avec tes deux premiers essais. » il tire la langue et s'empare enfin de la peluche qu'il serre joyeusement dans ses bras. « regardez, on dirait moi ! » il la positionne à côté de son visage, bouche en cœur pour faire d'eux de parfaits jumeaux avant d'éclater en un rire enfantin, de ceux qu'il n'a pas connus depuis longtemps.

il ne s’attendait pas à croiser @qing jia lin en ce lieu et encore moins devant yunwoo et sieon. ce dernier pas encore au courant de ses p’tits moves de mauvais garçon. la belle est rayonnante, le baiser auquel il répond d’un sourire. « ce soir sans faute. » elle s’éclipse en le laissant rêveur quelques secondes, jusqu’à ce que sieon intervienne. « euh ouais… j’allais t’en parler ! » se défend-il, même s’il a pris son temps. un mois à peine que ça a dérapé entre elle et lui. il aperçoit deux hommes désormais aux côtés de jia lin, et le commentaire de sieon le fait s’étouffer avec sa salive. est-ce que ça l'étonne ? non. mais ça le fait rougir, comme s'il était fier de le rendre fier pour ça. « j'en ai marre de toi ! t'es pas censé m'encourager uhhh. » il est sûr à présent que son visage est écarlate, mais c'est à cause de toute cette attention involontairement gagnée. il en rate les boites à deux reprises, persuadé d'avoir été perturbé par ces événements plutôt que d'admettre sa nullité. et à entendre la déception de sieon derrière lui, ça lui donne la détermination nécessaire pour réussir son dernier coup. lui aussi saute de joie. « yes!! » plus pour l'exploit que la peluche ciblée en récompense, même si l'assaut du grand blond est bien moins redouté que ce qu'il laissait entendre. il ne fait que râler sous les baisers papillons, taquins et essuyer ses joues une fois relâché. « c'est votre faute !! j'aurais réussi sans vos conneries. » il s'éloigne du stand l'air vexé, sourcils froncés et en vérité toujours embarrassé. mais il lui en faut peu pour retrouver le sourire et lorsque sieon se compare à la peluche, il résiste cinq secondes avant de rire. « attends bouge pas ! » il sort son téléphone pour prendre une photo des sosies et rire encore du résultat. « t'as trouvé ton âme-sœur. » qu'il dit pour plaisanter, le coeur léger. puis il regarde autour d'eux en vue de leur prochaine destination, patient envers les deux autres pour ne rien gâcher, prêt à les suivre. en attendant, il se sent inspiré pour d'autres clichés volés de leurs rires pour des instants de bonheur figés.

@baek sieon & @hwa yunwoo

elle a le sourire innocent de ceux qui ne réalisent pas leur maladresse, mia. et comment le pourrait-elle ? complètement étrangère à la double vie dans laquelle s’est empêtrée celle qu’elle croit porter le nom de ran ((sans réaliser qu’elle ne l’a en réalité jamais connue)). elle est venue profiter des festivités, l’esprit léger et le coeur insouciant. trop heureuse de tomber sur des visages familiers après le lâche abandon du frère aîné ((auquel elle aurait sans doute dû s’attendre)). « mais de rien. contente que toutes ces années passées à courir dans tous les couloirs puissent enfin servir à quelque chose. » déclare-t-elle à la demoiselle, tandis que ses paroles font remonter en elle des souvenirs chaleureux. elle s’est toujours sentie invulnérable cachée derrière les éclats de la princesse yeji. elle reporte ensuite son attention sur eden, plus timide, moins expressif. elle le laisse expliquer les circonstances dans lesquelles ils se sont connus, ne peut s’empêcher de penser qu’ils forment un trio un peu bancal. quelque chose semble clocher, comme une pièce centrale du puzzle qui persiste à lui échapper. des mots qui s’étouffent entre les lippes du garde du corps et qu’elle ne parvient pas à saisir. mais la sensation d’inconfort disparaît lorsqu’il mentionne le stand de nourriture et ses tables. le malencontreux accident qu’elle a provoqué se rappelle à elle et ses joues prennent une coloration rosée. « oui parfait! allons-y. » décide-t-elle. et leur groupe se met en marche, se frayant un passage entre tous les fêtards venus célébrer leur roi. arrivés au stand, elle laisse un instant ses deux compagnons entre eux pour passer commande avant de revenir à la table qu’ils ont choisi des plateaux débordants entre les mains. « bon appétit! » s’écrie-t-elle avec enthousiaste, alors qu’elle-même se contente de picorer. torturée par les délicieuses volutes qui lui rappellent l’enfance ((goût interdit)). « alors vous vous connaissez sûrement grâce au palais tous les deux ? » demande-t-elle finalement. si son lien à ran ((rin)) ainsi qu’à eden ont été établi, elle n’a toujours aucune idée de la nature de la relation qui les lie tous les deux. une pensée traverse son esprit et elle se sent soudain gênée. « j’espère que je ne vous dérange pas. je peux vous laisser après le repas si vous voulez profiter à deux. »  

— outfit of the day
il ne pensait pas rester trop longtemps, après tout, il aime se complaire dans l’amertume et l’idée de garder des rancoeurs, se dit juste après ça il la quitte, et finalement ils passent tout l’après-midi ensemble, et finalement ils se retrouvent dans une de ses maisons où il y a plus d’enfants que d’adultes. avec des miroirs partout et la prétention de pouvoir se débrouiller parce que ce n’est pas si difficile, c’est conçu pour les jeunes, et eux sont grands et forts. saem parle de record à battre et de premier sorti qui gagne jusqu’à ce qu’il avance trop vite et se prenne une glace en pleine figure et manque de tomber par terre, sous les rires de sa meilleure amie qui n’est absolument pas compatissante alors qu’il est presque sûr qu’il s’est cassé le nez. si, faudra faire des radios, y’a quelque chose de louche, je te promets. « arrête de rire » qu’il boude, avant qu’un bruit sourd se fait entendre. on se demande si ça ne fait pas partie du spectacle, on se regarde le regard interloqué avant qu’une deuxième explosion et les murs qui tremblent un peu, qui font savoir que ce n’est pas normal. « qu’est-ce qui se passe ? » lumières qui vacille dans le manège, certains miroirs explosent alors qu’il prend sa main à nouveau et cette fois il est sûr qu’il ne veut pas la quitter. « on doit sortir de là »

 

— outfit of the day
Saem peut bien réagir comme il le souhaite, qu’il accepte ou non « l’aide » de Yeji lui importe peu. Maintenant qu’elle sait que son frère jumeau plaît à son meilleur ami, elle est déjà en train de penser à des dizaines de plans différents pour les faire se rencontrer. Elle trouve d’ailleurs plutôt fascinant qu’ils se soient vus sans qu’elle ne soit au courant, une ou deux fois, réponse vague, léger malaise, mais elle compte bien lui tirer les vers du nez. À tout ça, elle se contente de lui répondre : « Ne sois pas trop négatif, à mon avis, mon frère ne se ferme pas entièrement face à toi, sinon il n’aurait jamais accepté de t’offrir cette peluche, même par vengeance à mon égard. C’est déjà une première victoire » Et sa voix surexcitée trahit à quel point elle compte faire d’autres victoires. Ou plutôt, faire gagner Saem.
Avec la même insouciance et l’ambiance qui s’allégit toute seule à mesure que le temps passe, l’après-midi se termine et la fête foraine rayonne de ses milles éclats. Yeji réalise qu’elle a trop oublié son rôle de princesse au moment où elle se voit en train de rire aux éclats sans mettre la main devant sa bouche - comme doit le faire une charmante demoiselle - face au coup que Saem s’est pris. Elle est redevenue elle-même bien trop naturellement en la présence de son meilleure amie, elle s’amuse trop pour un événement officiel où les regards sont braqués sur elle, elle en a même oublié la horde de gardes du corps qui l’ont suivie toute la journée.
Puis tout se passe trop vite. Elle entend une première explosion qu’elle pense faire parti de la fête, elle voit le regard surpris de Saem plonger dans le sien qui doit avoir la même expression, puis un deuxième coup retentit et au moment où elle sent la panique prendre possession d’elle, elle entend la voix anxieuse de son meilleur ami. À peine le temps de réaliser ce qu’il se passe qu’elle sent sa main être saisie avec force. « Oui » répond-elle comme un robot, entraînée à une telle situation mais jamais vraiment prête, les miroirs qui explosent, Saem qui est plus réactif que les gardes du corps, et une seule pensée qui trotte dans sa tête : est-ce que Yesun va bien ?.
Juste avant la sortie, un énième coup se fait entendre. Elle n’entend plus les cris autour, ne voit plus rien - elle a fermé les yeux quand elle a compris qu’un miroir explosait sur eux. Quand elle les rouvre de nouveau, c’est la vision de Saem qui s’est plaqué devant elle pour la protéger qui la panique plus encore que ses propres blessures. « Saem, Saem ça va ?! » La vision du sang la rend folle, tout va trop vite et son précieux meilleur ami est blessé. Pas seulement elle, mais surtout lui.

— outfit of the day
qu’est-ce qu’il peut y faire ? si des gardes déjà partis à l’intérieur le trouve ainsi sur la princesse, est-ce qu’ils comprendraient que son instinct était plus grand pour une fois, de ne pas faire attention à sa propre personne mais la seule personne qui compte, qui mérite d’être protégée ? c’était un centième de seconde qu’il lui a fallu pour l’attirer contre lui, l’adrénaline qui empêche de sentir les dégâts mais il peut les voir dans les yeux paniqués en face de lui. il tremble, mais il ne peut pas lui dire qu’il ne va pas bien. il ne peut pas l’inquiéter un peu plus, alors qu’à chaque mouvement, l’impression de sentir des brisures s’enfoncer, n’aurait pas dû mettre un tee-shirt en sortant. il aurait vraiment dû choisir une habituelle veste en cuir, ça aurait été mieux pour tout le monde. « Je crois.. je crois.. » il voudrait lui dire que ça va, et tout va s’arranger, à moins que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve, mais toute la bonne volonté du monde ne parvient pas à lui donner assez de force, alors cela reste en suspens, en attendant mieux. « plus important, toi ? » et sa vie, qui n’aurait pas d’importance sans elle. ils titubent, bras dessus bras dessous, et une partie de son esprit se dit que c’est bête, une si jolie robe gâchée, alors il lui dit, tout sérieux « J’suis désolé, je met du sang plein ta robe »
 

— outfit of the day
Elle n’arrive plus à penser, à réfléchir, son coeur bat si fort dans sa poitrine qu’elle a l’impression qu’elle peut à tout instant exploser, elle voit trouble, ne voit que Saem et le rouge du sang. Elle ne s’aperçoit même pas qu’elle est essoufflée, qu’elle panique tellement qu’elle n’arrive plus à respirer correctement, ni même que des larmes coulent sur ses joues, tout ce qui l’habite c’est l’inquiétude pour Saem et pour Yesun. « Moi ça va, je vais bien, grâce à toi »
Elle a bien quelques morceaux de verre dans sa jambe, elle sent le sang couler mais elle s’en fiche, Saem est bien plus atteint et d’ailleurs, elle ne pense pas que son état à elle soit réellement plus important. « Saem, il faut que tu te fasses soigner » Et elle dit ça sans remarquer qu’il n’y a pas que lui qui doit être soigné ; autour d’eux, c’est la panique, les gens crient, courent, hurlent de douleur, certains sont au sol inconscients et au milieu de ça, il y a eux deux, qui se tiennent mutuellement pour marcher, presque pour s u r v i v r e . « Ne dis pas de bêtise, ça fera une excuse pour plus jamais la mettre, je préférerais mille fois porter tes habits que ça » Des dialogues anodins, presque trop banaux dans un cadre aussi chaotique.
« Ne le touchez pas et appelez quelqu’un pour le soigner. Si quelqu’un le touche, je vous promets que vous allez le regretter toute votre vie. » s’exclame t-elle avec autorité aux gardes du corps qui s’apprêtaient à écarter Saem d’elle. Elle sait même pas ce qu’elle pourrait faire pour leur faire regretter, n’est pas certaine d’avoir le pouvoir de les virer, mais les menaces semblent fonctionner. Peut-être que ce serait plus pratique pour tout le monde, même pour lui, qu’il s’assoit au sol mais elle a besoin de le sentir contre elle, de l’entendre respirer près d’elle. « Il faut trouver Yesun » murmure t-elle à voix basse pour elle-même, trahissant ses pensées. « C’est dans ces moments-là que j’aimerais avoir la télépathie entre jumeaux dont tu parlais tout à l’heure » Et l’évocation de cet instant lui fait mal au coeur, ça lui semble trop lointain, comme si déjà dix ans étaient passés depuis l’explosion.

— outfit of the day
si on lui avait demandé juste un peu plus tôt, s’il pouvait se mettre en danger pour une princesse, il aurait probablement rit en proclamant que les princesses ne sont pas des demoiselles en danger de nos jours, qu’il n’a pas vocation à être un prince charmant sur son cheval blanc.
il recommencerait si besoin. il n’aime pas entendre grâce à toi, pas besoin de remerciement, parce qu’il ne veut pas apparaître comme un héros. l’instinct qui prime avant de réfléchir par habitude, une bonne chose pour une fois, même si ça fait mal et que ça lui fait un peu plus mal de voir l’inquiétude dans ses yeux, « toi aussi » qu’il parvient à lui dire, ce serait plus important que la princesse se soigne qu’un simple chanteur de bar. il se sentirait presque mal, de l’utiliser comme béquille, si seulement elle ne faisait pas pareil. et au moins, sa manière de rejeter implacablement ses excuses lui étouffe un rire. c’est toujours elle, et c’est toujours sa personne, quoi qu’il arrive. lionne qui sort les griffes, ça lui rappelle les nombreuses soirées où minseo ne se gênait pas pour repousser les mecs un peu trop lourds, les menaces dans l’air, des temps plus doux. des moments où ils chantaient à tue-tête les dernières chansons en karaoké, improvisaient des danses sur des rythmes mélodieux. il y a toujours un rythme ici-bas, s’il tend l’oreille, les pas des personnes paniquées semblent dicter des accords indolents. l’esprit qui s’échappe à penser à écrire des paroles de chanson à des instants où il ne faut pas y penser, mais c’est plus simple qu’affronter la réalité, qu’ils tremblent l’un contre l’autre. « essaye de l’appeler ? j’suis sûr qu’il va bien, yesun est intelligent, j'sais qu’il fera pas de bêtise » voir le verre à moitié plein en permanence, une de ses mains qu’il essaye d’essuyer sur son tee-shirt avant d’effacer une des larmes du visage de sa belle, « pleure pas, je suis là d’accord, ça va s’arranger » et peut-être qu’il essaie de se rassurer lui aussi, repensant à ren, aux autres, à tout ces gens. ça semble irréel, et un médecin apparaît devant eux mais il ne fait pas attention à lui, ça ne l’importe pas.
 

— outfit of the day
C’est seulement quand il lui dit qu’elle doit être soignée aussi qu’elle réalise qu’elle est peut-être blessée. Avec l’adrénaline et l’angoisse, elle ne ressent même pas de douleur à sa jambe. Elle écoute son meilleur ami essayer de la rassurer sur l’état de son frère jumeau et elle lui est profondément reconnaissante de l’essai mais elle n’arrive pas à chasser l’inquiétude. La vision du sang de Saem se mélange à la vision de son frère ensanglanté de la même façon et l’angoisse gagne encore un peu plus de terrain en elle. Le toucher de la main de Saem la fait redescendre un peu sur Terre, elle réalise qu’elle pleure dans le reflet des yeux de Saem et elle se sent faible de réagir comme ça alors qu’il doit souffrir bien plus qu’elle. «  Oh je suis désolée Saem je suis désolée » répète t-elle sans trop savoir pourquoi elle s’excuse, le sentiment que tout est de sa faute, qu’elle est un boulet dans la situation, et peut-être que si elle avait proposé à Saem de partir de la fête foraine avant, tout aurait été mieux. Tentative maladroite de le prendre dans ses bras alors qu’ils se maintiennent à peine debout, elle abandonne l’idée quand elle les sent se déséquilibrer. «  Je… je l’appellerai quand tu seras soigné » De toute façon elle doute qu’il entende le téléphone dans tout ce bruit, elle-même avait oublié l’existence de l’appareil s’il ne lui avait pas rappelé. Puis son regard s’attarde sur un monsieur qui n’était pas là tout à l’heure et qui les regarde silencieusement tout à l’heure – comme s’il n’osait pas rompre l’équilibre psychologique maladroit que Saem et Yeji ont trouvé en discutant. Elle comprend qu’il est médecin en voyant le matériel qu’il a sur lui et quand il se dirige vers elle, elle chasse sa main d’un geste brutal. « Soignez-le lui, lui d’abord, arrêtez son saignement, faîtes quelque chose pour lui ! » s’écrit-elle sans trop savoir ce qu’elle dit, elle est énervée de voir qu’on la priorise elle alors qu’il est évident que c’est lui le plus blessé. Et le médecin pose enfin son regard sur Saem, leur indique qu’il faudrait qu’ils se mettent tous les deux par terre plutôt que trembler debout, et elle lance un regard vers son meilleur ami pour lui demander sans utiliser de mot s’il se sent capable de s’asseoir par terre ou non.

— outfit of the day

« Arrête, c’est moi qui suis désolé », alors qu’aucun des deux ne pourrait dire exactement pourquoi il s’excuse, mais refuser avec véhémence tout pardon malgré tout. s’excuser par rapport à la situation, s’excuser de ne pas avoir de pouvoir magique pour arranger tout d’un coup, ramener de l’ordre dans le chaos ambiant. mais ce n’est pas possible, ils le savent, quelque chose change ce soir, malgré les tremblements, on ne peut pas avoir le temps de se faire des faux espoirs et penser au ‘et si’. « Tu peux l’appeler maintenant si tu veux » il n’est pas si important, il peut patienter sur le côté pendant un appel téléphonique, et il se demande lui aussi si Yesun va bien, le maudire à nouveau de les avoir abandonné, se dire aussi que c’est sa faute s’il a dû partir ainsi et s’il finit du coup blessé plus qu’il ne devrait. mais ils n’ont pas le temps de se disputer sur les appels téléphoniques qui ne se déroulent pas, si Saem avait pu remarquer le médecin arrivé, il aurait pu parler avant elle et réclamer qu’on s’occupe d’elle avant. et au fond, au fond de son inconscient, il sourit en se disant qu’elle n’a pas changé même si c’est une princesse et lui loin d’être un prince, vagues de reconnaissance de l’avoir dans sa vie malgré le sang qui coule sur ses vêtements. il n’a plus tellement la force de parlementer bien que l’envie ne manque pas, alors il hoche la tête distraitement, ils s’installent mais les mains restent attachées entre elle. des bouts de ficelles invisibles, rouge. le médecin s’affaire, indique qu’il faudra des points de suture ça et là mais qu’heureusement ils ont des seringues d’anesthésie et Saem ne peut pas s’empêcher de penser aux autres personnes en panique aux alentours, qui ne peuvent pas bénéficier de soin comme lui maintenant, les autres qui vont attendre sagement en souffrant dans des ambulances remplies, dans des couloirs d’hôpitaux. il sort l’aiguille, le fil, le chanteur qui grimace alors qu’il ne ressent rien alors que les minutes s’allongent sous les doigts experts, des pansements pour le reste qu’il lui demande de mettre lui-même pour pouvoir s’occuper de la princesse désormais. il regarde sa complice, levant le pouce, cinq étoiles sur tripadvisor et on repassera, « j’ai été sage, je mérite une sucette je pense »
 

— outfit of the day
Saem acquiesce avec un mouvement de tête et ils s’installent par terre au milieu de ceux qui courent, crient ou restent au sol, parfois gravement blessés, d’autre fois carrément inconscients. La main qui serre fermement celle de Saem, elle réalise que si leur situation s’arrange – au moins, son meilleur ami est en train d’être soigné – ce n’est pas le cas de ceux qui les entourent. Elle a toujours maudit sa condition, son titre de princesse, mais elle profite des avantages dans de telles situations. La culpabilité la torture et vient se mélanger au sentiment d’inquiétude pour son frère déjà présent depuis un moment. Incapable de regarder l’aiguille transpercer la peau de Saem – et ce, même si elle sait qu’il est anesthésié et ne ressent rien – elle profite de ce moment-là pour sortir son téléphone.
Aucun appel manqué de son frère. Elle compose son numéro d’un air absent, presque automatique, et entend défiler les bip sans réponse avec une expression presque distante. Comme si le surplus d’angoisse la rendait incapable d’exprimer quoi que ce soit. Contrairement à tout à l’heure, ses yeux sont secs, tellement secs qu’ils piquent. Tout comme ses blessures aux jambes, qu’elle sent désormais. Deux appels sans réponse et elle range son téléphone sans rien dire. Seule sa main trahit sa détresse intérieure, car elle sert si fort la main de Saem qu’elle lui écrabouille presque les doigts.
Le pouce de son meilleur ami placé devant ses yeux semble la réveiller de cette transe étrange dans laquelle elle s’est plongée et elle a un très faible sourire qui naît sur son visage. «  Tu mérites bien plus qu’une simple sucette » Il mérite tout l’or du monde, toutes les récompenses du monde, rien que pour être à ses côtés dans cette situation. Elle est peut-être dans un état second mais elle a parfaitement conscience que sans lui, elle se serait sentie bien plus mal.
Le médecin regarde ses blessures sans oser vraiment la toucher au début et lui dit avec un sourire qu’elle juge déplacé qu’elle a eu de la chance, que ses blessures sont superficielles et que des pansements pendant quelques jours suffiront. Si elle ne se sentait pas aussi vidée d’énergie, elle lui demanderait si il n’a pas honte de parler de chance à côté d’un Saem bien plus blessé qu’elle parce qu’il l’a protégée, et au milieu des corps inconscients qui les entourent. À la place, elle le fusille du regard en se mordant la lèvre et attend sagement qu’il panse ses blessures. Si vous pansez mes blessures, pourquoi vous avez demandé à Saem de se le faire tout seul ?
Mais elle ne dit rien, connaît la réponse, et n’a pas envie de l’entendre. «  Mon frère ne répond pas au téléphone. » déclare t-elle au bout de plusieurs minutes de silence à Saem. Sa voix tremble plus qu’elle ne l’avait prévu. Elle ne sait pas trop pourquoi elle lui annonce de cette façon. L’envie d’entendre Saem la rassurer, sans doute, lui dire que c’est normal de ne pas entendre la sonnerie dans ce brouhaha – et elle culpabilise de demander du réconfort à celui qui est sans doute autant, voire plus, traumatisé qu’elle. Le désir de s’excuser une nouvelle fois, mais les mots qui ne sortent pas. Depuis qu’elle s’est assise par terre, toute l’énergie que l’adrénaline lui avait procuré s’est envolée pour ne laisser qu’un immense vide à la place.