[하] • hara ; délicat sobriquet hérité de sa grand-mère décédée — outrance éthérée, qu’elle pense apprécier.  

[칸] • khan ; lignée coréenne à la prestance inégalée où règne la bienséance ; où le paraître détrône l’être.

solstice d'hiver ; ô doux paradoxe. si ses géniteurs désiraient qu'elle devienne une étoile, elle n'est qu'un astre fané. de la voûte céleste, elle est tombée. âme damnée, déviante. elle n'est que l'ombre, pénombre — étoile morte, astre défunt.

hanseong, capitale coréenne sur laquelle règne son ascendance. son arbre généalogique a ancré ses racines ; désireux d'hanter chaque parcelle de cette contrée — toute la royale Corée à leurs pieds.

ô divine hémoglobine, qui la rattache à cette parenté [un brin sanguine]. bien qu’elle s'en fiche, de la royauté. les traditions, elle s'en moque. ce qu'elle veut, c'est vivre comme elle le désire ; s'enivrer à sa guise. malgré cette peur incessante de s'épuiser — se blesser, de s’écorcher ; à tout jamais.  

loin d’être une créature féérique, ce cosmos se révèle méphitique. en ses veines et artères s’écoule une sève antique, qu’elle sait critique. monotonie dans laquelle elle s’effondre ; mutilée par ses parts d’ombre. loin du songe classique, son existence est davantage semblable aux flots glacials du cocythe ; où elle sombre dans une pénombre.  

un devoir, dérisoire — qu’elle aurait préféré être illusoire. maudite, hara est liée à la perfidie même. violence, outrance — il n’est que malveillance, médisance. il ne veut pas d’elle, elle ne veut pas de lui. seulement, le destin en a décidé ainsi. leur lignée les ont damné ; abandonnant cette poupée dans une vallée sardonique où elle souffre [à bout de souffle].  

divine, séraphine. astre du désastre — qui s’encastre. elle est gracieuse, somptueuse. destinée loin d’être hasardeuse, désir qu’on lui a fait subir. parce qu’elle devait briller, s’illuminer : avant de se faner.

la peinture, tel est son domaine. art qu’elle étudie — de fond en comble ; avec envie. passionnée, électrisée —  elle est dotée d’un doigté raffiné.

l'empire des khan, où l'argent ne manque jamais. il coule, s’écoule. générosité, fécondité — les coffres de la lignée sont hantées de joaillerie dorées.

le paraître qui prône sur l’être. royaux, impériaux. des êtres majestueux, somptueux — dont l’amour est pieux.

glacial, hivernal — ainsi est l’affection que s’offre les âmes errantes de cette noblesse favorisée. ascendance qui se fait violence, davantage depuis qu’une essence s’est envolée ; paternel décédé.

(+) rubberneck, stylish, devoted, eminent, fascinating, delightful, talented, compelling, creative.

(-) cold, distant, savage, moody, secret, impatient, sometimes provocative, broken, whimsical, tempestuous.  

la pension. oubliée, ainsi était son enfance dorée. ingérable, ingouvernable. une peste — celle qui insupporte, qui se mal comporte. caractérielle, elle causa maintes étincelles. ne sachant gérer un tel tempérament, elle s’envola avec le vent — dans une prestigieuse pension.

le ballet. elle devait se dépenser, s’exercer. dans cet institut où prône la bienséance, son âme devait s’expier de ses péchés. suer, travailler. elle tenta une kyrielle de disciplines ; sans y prendre racine. jusqu’à trouver chaussure à son pied ; patins de satin.

l'école. elle fût remarquée, au gré d’un pas chassé. soie, tulle, velours, patins — tel fût son destin. talent inné, elle était jalousée. parce qu’elle était une étoile montante — ô combien élégante, passionnante. hara était une divinité ; que l’on voulait avoir tomber. de par sa royauté, de par son habilité.

la maladie. l’étoilée devait s’éclipser ; se faner. les âmes calomnieuses qui l’entouraient se décidèrent à lui faire vivre un enfer — vils cerbères. à rétrécir ses justaucorps, à casser des chaussons. pour lui faire croire qu’elle prenait du poids, qu’elle ne pourrait acter le rôle qu’elle désirait. que tout s’envolait, qu’elle serait oubliée ; à jamais. dysmorphophobie — maladie qui rongea son être. parce qu’elle s’exècre, hara. qu’elle ne peut se regarder dans un miroir sans se détester [se répugner]. son être est marqué ; sa psyché à jamais mutilée — à jamais traumatisée.

la liberté. le conservatoire de danse, un rêve éveillé. elle foulait les planches désirées, malgré sa souffrance ; ô outrance. elle était soulagée d’avoir quitté l’école de ballet, de retrouver le palais. désormais, elle était une vraie ballerine. délicieuse, gracieuse — désireuse d’être la prochaine sylphide [sulfureuse].

l'art. si le ballet coule en ses veines et artères, son doigté semble lui aussi semble envoûter. ébauches, amorces — chaque trait qu’elle orchestre est céleste. une symbiose, dans laquelle elle ose. des études artistiques ; s’épanouissant dans la peinture. là où elle s’exprime. elle s’incline, se décline — dans une part d’obscurité détestée, palette nuancée d’un camaïeu torturé.

le décès. percée désespérée, où s’en va l’être aimé. loin d’être âgé, il méritait de subsister. de sourire, d’agir. auprès de sa parenté, qu’il chérissait. cependant, la fatalité s’en moquait — ayant décidé d’arracher ce père à sa lignée éplorée.

le traumatisme. ne pas sombrer dans le désespoir ; ne rien laisser entrevoir. pourtant, le soir, ses larmes coulent dans le noir. cette perte la hante ; ayant délaissé son étoile filante. ses nuitées étaient dévorées par des chimères horrifiques [tragiques]. Ainsi s'installent les terreurs nocturnes, à faire cauchemarder cette essence éraflée ; déchirée. s’enchaînent les crises d'angoisse acharnées, les cauchemars aliénés ; qui la plonge dans l’iode glacé d’un styx mortifié.

le drame. loin d’être un secret, hara malmenait sa psyché. liberté qu’elle avait retrouvé, dont elle profite. à sortir à la suit tombée, où ses démons la consumaient. ils n’étaient pas inaccoutumé dans la trouver au gré d’une boîte branchée — âme éméchée. ses frasques nocturnes étaient effacées par sa parenté, étouffées à jamais. jusqu’à cette nuit ; où un désastre s’était orchestré — où des cadavres avaient été retrouvés. accident de la route. hara se trouvait dans cette voiture ; bien qu’elle ne conduisait guère. elle avait alcoolisée, droguée — et la presse s’empara du drame. pour le déformer, l’amplifier. l'embarcation de ses amis avait quitté la route, rencontrant une autre automobile où les âmes s’étaient envolées vers la voie lactée. hara était éraflée, blessée — mais surtout humiliée.

le fiancé. mouton noir, dont on subit les déboires. qu’elle honte, sensation immonde. hara avait été trop loin, une nouvelle fois. impossible de l’envoyer en pension, son ancienne prison. elle était trop âgée ; foutu trahison. il fallait donc lui trouver une cage dorée, avec vélocité — et ainsi fut-elle fiancée. à un être démoniaque, acariâtre ; à abattre. violent, menaçant — qui l’étouffe insidieusement.

hara. elle est cet orage, au solstice d’été, qui sévit dans les cieux. merveilleux, harmonieux — dont l’odeur de pluie enivre. elle est ces éclairs qui dansent dans la voûte céleste, ce tonnerre qui gronde par mécontentement. elle n’est que richesses, que désirs assouvis — et son existence entière scintille. pourtant, elle se révèle rebelle — au même titre que la poésie de baudelaire. elle est cette virgule au milieu d’une phrase, de ces ponctuations qui interpellent. dont on cherche une explication. de celles qui n’ont aucune annotation plausible, de celles qui sévissent. de ces êtres astraux qui envoûtent, de ces constellations qui s'épuisent — autant qu'elles épuisent.